« BYD est le bienvenu en France et l'industrie automobile chinoise est la bienvenue en France », a martelé Bruno Le Maire hier matin, lors de la conférence de presse qui a suivi la signature du contrat entre la filière automobile et le gouvernement. Une phrase qui contraste avec les tensions sur les subventions massives accordées à la production de véhicules électriques chinois, alors que le Président chinois Xi Jinping est actuellement en visite en France.
Le ministre de l'Économie a invité les constructeurs chinois à venir produire en France, rappelant les choix de baisses d'impôts aux entreprises, maintenues pour le nouveau contrat de filière. ainsi que des prix de l'électricité compétitifs pour les acteurs de l'automobile. « Nous payons notre énergie deux fois plus chère qu'en Chine ou qu'aux Etats-Unis », s'est d'ailleurs plaint Luc Chatel, le Président de la Plateforme automobile, principal syndicat du secteur.
Le géant chinois BYD, qui a dépassé Tesla en nombre de ventes électriques fin 2023, a déjà annoncé une première usine en Hongrie pour 2025. Mais une deuxième est déjà en prévision, voire une troisième. C'est en tout cas ce qu'a annoncé la directrice générale du groupe en Europe, Stella Li, fin avril. « Nous allons rencontrer différents gouvernements », a-t-elle précisé. Et parmi les pays cités pour accueillir ces nouveaux sites : l'Allemagne, l'Italie... et la France.
Être un pays de production et non de consommation
Il n'en fallait pas plus pour raviver les espoirs d'accueillir des usines chinoises et, par la même occasion, leurs investissements. Car Bruno Le Maire a bien rappelé qu'il souhaitait une France « de production et pas de consommation », précisant que « c'est ce qui nous permettra de garder nos filières et nos compétences et d'ouvrir de nouvelles usines ». Le ministre de l'Économie a ainsi confirmé les ambitions d'Emmanuel Macron de produire 2 millions de véhicules électrifiés pour 2030 en France.
Actuellement, 1,5 million de véhicules sont produits sur l'ensemble du territoire. Il faudra ainsi rapatrier certains modèles dans les usines françaises pour atteindre l'objectif de l'Etat, mais aussi accueillir inévitablement d'autres acteurs. Pour l'heure, la marque Renault a annoncé la fabrication de tous ses modèles électriques en France et Stellantis en fabriquera 12 en 2025, en majorité des véhicules utilitaires. En tout, 20 véhicules électriques sont assemblés en France.
Un problème demeure cependant : la production de petits véhicules sur le territoire national, pourtant synonyme de volume. Bruno Le Maire avait tenté l'année dernière de faire plier Carlos Tavares, le patron de Stellantis, pour rapatrier la 208 électrique produite actuellement en Espagne. Sans grand succès. La future C3 électrique du groupe sera produite en Slovaquie, de même que la Dacia Spring de Renault restera en Chine pour le moment. Seule la R5 sort du lot, mais son prix sera plus élevé que les deux précédentes.
Bruno Le Maire a également souligné que les modèles chinois produits en Europe seraient éligibles au bonus écologique en France de 4.000 euros sur les voitures neuves.
Aucun retour sur la trajectoire électrique
La signature de ce contrat a été aussi l'occasion d'écarter tout soupçon de retour en arrière sur la date de 2035 et l'arrêt de ventes des véhicules thermiques à cet horizon.
« La date limite est dans 10 ans, et pas dans quelques instants. Nous avons 10 ans pour réaliser cette transition et ce n'est pas au moment où l'on réussit qu'il faut changer de pied, au contraire », a tempêté Bruno Le Maire.
Ces propos font suite à ceux de François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains pour les Européennes, appelant à « abroger cette obligation au Parlement européen afin de sauver l'industrie automobile française ». Le ministre de l'Économie a quant à lui répliqué, estimant que « continuer dans les véhicules thermiques était la meilleure façon d'être pieds et poings liés aux grands pétroliers et aux constructeurs non nationaux qui sont totalement engagés dans le véhicule électrique ».
Hier, plusieurs accords commerciaux ont été signés, en marge des discussions entre dirigeants chinois et français. Parmi les 16 contrats signés, trois concernent les batteries de véhicules électriques ou les points de recharge mais, aucun n'est lié à la création d'une usine en France.
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