L'inflexible ministre des finances néerlandais, Wopke Hoekstra, a tordu le bras des pilotes de KLM. Ces derniers, qui avaient signé avec la direction un accord de baisse de rémunération jusqu'en 2022, ont accepté de le prolonger jusqu'en 2025, comme l'exigeait Wopke Hoekstra pour débloquer l'aide d'Etat du gouvernement néerlandais. Décidé en juin, cette aide passe par un prêt bancaire de 2,4 milliards d'euros, et un prêt direct de l'Etat d'un milliard d'euros. Sur cette enveloppe de 3,4 milliards, 900 millions d'euros ont néanmoins déjà été tirés, selon Air France-KLM.
Cet accord porte sur la baisse d'éléments de la rémunération et sur le renoncement à des augmentations futures négociées avant la crise. Au total, l'effort va jusqu'à 20% de la rémunération.
Le gouvernement néerlandais a dans la foulée validé son aide.
Des consultations intensives" entre KLM et les syndicats ont abouti à un "résultat positif", ont déclaré Wopke Hoekstra et la ministre des Infrastructures, Cora van Nieuwenhuizen, dans une lettre au parlement. "Le cabinet peut donc accepter le plan de restructuration et l'a depuis confirmé au directoire de KLM", ont écrit les deux ministres.
Ultimatum du gouvernement
C'est donc la fin au psychodrame observé ces derniers jours aux Pays-Bas. Vendredi, peu après l'annonce des résulats trimestriels d'Air France-KLM, Wopke Hoekstra avait lancé un ultimatum aux syndicats de KLM en leur disant qu'ils avaient jusqu'au lendemain 11 heures pour accepter une baisse de salaire pendant cinq ans en contre-partie de l'aide de l'Etat néerlandais. Objectif : caler l'effort des salariés sur la durée des prêts et non pas sur celle des accords collectifs.
Si des syndicats de personnels au sol et d'hôtesses et stewards avaient donné leur accord samedi (pour information, les salariés gagnant moins de 38.000 euros par an ne sont pas concernés par l'accord), le syndicat des pilotes VNV avait refusé d'en faire autant, jugeant inacceptable la demande de dernière minute du gouvernement. Face à ce refus, La Haye avait décidé de geler son aide.
Pour le directeur général de KLM, Pieter Elbers, la signature des pilotes consituait "une étape importante a été franchie avec la signature des huit syndicats dans le cadre de cette clause d'engagement".
"Les derniers jours ont été incroyablement intenses pour tout le monde, avec une grande pression sur la compagnie, un impact négatif sur sa réputation et des divisions internes. Mais en fin de compte, nous, KLM et les syndicats, sommes parvenus à un accord", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Baisse des coûts de 750 millions d'euros en 2021
Ces accords s'ajoutent aux 5.000 suppressions de postes, lesquels réduiront les coûts de personnel de 15%, apportant une économie de 500 millions d'euros d'ici à fin 2020. Au final, avec son plan de restructuration, KLM entend réduire ses coûts de 750 millions d'euros en 2020.
Air France a de son côté prévu 8.500 suppressions de postes (intérimaires compris) d'ici fin 2022. Air France entend réduire ses coûts de personnel de 11% d'ici à la fin du premier semestre 2021, apportant une économie de 500 millions d'euros. Son plan de restructuration devrait faire baisser les coûts de la compagnie française de 1,2 milliard d'euros d'ici à fin 2022 et de 800 millions en 2021. Depuis le début de la crise, le chômage partiel a entraîné une perte de rémunération pour les salariés, laquelle, contrairement à KLM, n'a pas été compensée par la compagnie.
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