"Le CAC 40 sera à 4.900 points à la fin 2006"

Pour Thierry Cantet, stratégiste actions européennes à la Société Générale, la croissance du CAC 40 sera moindre en 2006 que l'an passé. Les entreprises devraient afficher des hausses de profits moins importantes, notamment car leurs niveaux de marges sont déjà très élevés. La progression attendue des taux d'intérêt de la BCE devrait également peser sur les marchés actions.

latribune.fr- Après une forte progression en 2005, le CAC va-t-il continuer de monter en 2006?

Thierry Cantet- Compte tenu de la forte hausse du mois de décembre (+4,5%), le potentiel pour l'année 2006 est réduit. Nous sommes très prudents puisque nous tablons sur un CAC 40 à 4.900 points à la fin de l'année 2006. Les profits des entreprises, qui ont été le moteur de la progression du CAC en 2005, devraient croître plus lentement. Par ailleurs, nous devrions assister à un resserrement monétaire de la part de la Banque centrale européenne (BCE), ce qui n'est jamais bon pour les marchés actions.

Quels éléments vont déterminer cette tendance?

D'une part, les profits des entreprises européennes devraient croître modérément de 9% en 2006 contre 12% en 2005 et 23% en 2004. La croissance des bénéfices étant le facteur principal de la progression des marchés actions, ceux-ci devraient ralentir à leur tour. Nous prévoyons de notre côté une progression de 7% des bénéfices en moyenne en Europe.

D'autre part, les prix du pétrole devraient baisser en 2006. La hausse des prix en 2005 a contribué à tirer les profits des entreprises pétrolières et énergétiques vers le haut, accroissant leur valorisation en Bourse. A l'inverse, le Brent devrait passer de 55 dollars en 2005 à 50 en 2006 puis à 45,5 dollars en 2007, une baisse qui va donc participer à la décélération de ces secteurs et qui pèsera sur les marchés.

Enfin, nous prévoyons une faible baisse du dollar par rapport à l'euro aux alentours de 1,25 dollar en 2006. Cette situation ne profitera pas aux entreprises européennes. Celles-ci ont cependant bénéficié en 2005 de la hausse du dollar. En effet, l'euro est passé de 1,31 à 1,18 dollar sur l'ensemble de l'année.

Quels secteurs vont connaître une baisse de régime en 2006?

Nous fixons une recommandation négative pour le secteur pétrolier en raison notamment de la baisse des prix. Ces valeurs ne sont plus très attractives. En conséquence, notre recommandation s'étend également au secteur des "utilities" (eau, gaz et électricité). Celui-ci est fortement corrélé à celui du pétrole et a connu des révisions en hausse de ses prix en 2005. Nous abaissons aussi notre recommandation sur le secteur des autoroutes qui a connu de fortes valorisations en 2005. Lesquels seront épargnés?

Le secteur de la pharmacie devrait être performant en 2006, notamment du fait du vieillissement de la population et de la pression sur les prix. Quant au secteur bancaire, nous relevons notre recommandation de "négative" en 2005 à "neutre" pour 2006. Les relèvements de taux de la BCE ne devraient avoir qu'un impact limité sur les résultats du secteur. La progression des profits en banque d'investissement devrait être moins soutenue cette année en raison des fortes croissances déjà enregistrées en 2005. En revanche, la banque de réseau devrait réaliser de bons résultats. Le secteur de l'assurance restera porteur en 2006, notamment grâce à l'amélioration des résultats. De plus, la hausse des taux longs favorisera les rendements des contrats d'assurance-vie, très présents dans les portefeuilles des assureurs.

Le CAC 40 a augmenté de 23% depuis le 1er janvier, une telle progression était-elle attendue?

Clairement non. En 2004, les marchés avaient progressé un peu moins vite que les profits des entreprises. Ils se sont rattrapés en 2005 en augmentant un peu plus vite que les bénéfices, pour compenser l'année 2004. D'un côté, la hausse des prix du pétrole n'a pas pesé sur les marges et a accru la valorisation des pétrolières. De l'autre, les banques ont engrangé d'importants bénéfices cette année. Le poids important de ces valeurs dans les indices a fortement soutenu les marchés. Au niveau européen, les marchés ont profité de la hausse du dollar.

En dehors de ces deux secteurs, quels sont ceux qui ont contribué à cette hausse?

Le secteur des "utilities" a bien profité de la hausse des prix des matières premières, et notamment du pétrole, pour le répercuter sur les prix et par conséquent gonfler les profits. Les autoroutes se sont affichées comme de bonnes valeurs de rendement sur l'année 2005. La faiblesse des taux leur a été bénéfique car elles ont beaucoup recours à l'endettement.

A l'inverse, quels secteurs ont été plutôt orientés à la baisse?

Les secteurs des télécoms et des médias n'ont pas réalisé de bons résultats en termes de profits. Ceux-ci ont été révisés à la baisse, notamment en raison d'une forte pression sur les tarifs. Dans l'Hexagone, France Télécom a enregistré la plus forte baisse du CAC 40 depuis janvier avec plus de 13% de chute. Du côté des médias, TF1 a déçu, même si tout le secteur subit la baisse des recettes publicitaires.

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