Bourse : pourquoi le CAC40 a vécu une semaine compliquée

Après avoir effacé la crise du Covid-19 grâce à des résultats semestriels historiques et des semaines consécutives de hausse, l'indice phare de la place de Paris a reculé de presque 4%. Le secteur du luxe et de la construction automobile font plonger le CAC40.
La pénurie de semi-conducteurs frappe le secteur automobile. Sur cinq jours de séance, le quatrième constructeur automobile mondial perdait 6.49 % quand Renault lâchait 5.41%.
La pénurie de semi-conducteurs frappe le secteur automobile. Sur cinq jours de séance, le quatrième constructeur automobile mondial perdait 6.49 % quand Renault lâchait 5.41%. (Crédits : Reuters)

La frénésie qui a envahi la bourse française depuis le début de l'été, voire depuis des mois, est-elle terminée ? Après quatre semaines de gains, une saison de résultats financiers historiques et tout proche de tutoyer les 6.900 points et son record le 13 août dernier, le CAC40 a connu, du 16 au 20 août, une semaine dans le rouge. Sur les cinq jours d'ouverture des cotations, le place a perdu 3,91%, sa pire performance hebdomadaire depuis octobre 2020. La séance de vendredi a terminé difficilement dans le vert, pour clôturer sur un gain de 0,31% (20,22 points) à 6.626,11.

Un cocktail d'inquiétude

Cette semaine, les marchés ont eu de multiples raisons de s'inquiéter : ralentissement de la reprise économique, propagation du variant Delta, durcissement des mesures sanitaires en Asie, ralentissement de l'économie chinoise, victoire des talibans en Afghanistan, et enfin, la perspective d'une réduction plus tôt que prévu du soutien monétaire de la Banque centrale américaine (Fed).

"Les craintes liées au COVID, à la croissance et aux politiques monétaires refont surface juste au moment où le catalyseur positif des bons résultats est derrière nous et où les facteurs techniques sont défavorables", résument les responsables de la stratégie actions de Barclays dans une note.

C'est surtout le soutien de la banque centrale américaine qui a semé un brin de panique auprès des investisseurs. Le compte-rendu de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed, publié mercredi, a été perçu comme le signal que l'institution monétaire vise désormais la fin 2021 plutôt que début 2022 pour diminuer le rythme de ses achats mensuels d'actifs. Ces liquidités ont abreuvé les marchés depuis le printemps 2020 et leur ont permis de rebondir sans discontinuer après avoir été laminés par la pandémie en mars 2020.

Toutefois, du côté de la Banque centrale européenne, la politique monétaire se veut encore accommodante. Les taux directeurs au plus bas devraient être maintenus tandis que le rachat d'actifs par Bruxelles devrait également se poursuivre.

Alors que l'inflation était également un facteur d'inquiétude ces dernières semaines, celle-ci est contenue en Europe, même si elle a dépassé le niveau autorisé par l'Union européenne (2,2%), mais reste en-dessous en France.

La pénurie de semi-conducteurs frappe le secteur automobile

Ce plongeon dans le rouge de l'indice phare de la Bourse de Paris est tiré principalement par les valeurs de deux secteurs, jusqu'ici moteur de l'embellie des cours : le luxe et l'automobile. Le ralentissement de l'économie chinoise inquiète l'industrie du luxe. Le géant économique, deuxième marché le plus important pour l'industrie du luxe, fait face à une recrudescence des contaminations au variant Delta dans certaines régions. Résultat, le luxe pâtit de l'infléchissement de l'activité chinoise prouvée par plusieurs indicateurs : consommation, production industrielle et exportations. En une semaine l'action LVMH a perdu 12%, entraînant avec elle une chute de l'indice. La capitalisation boursière du géant du luxe, estimé à 313,31 milliards d'euros, représente environ 15% de l'ensemble du CAC40.

Lire aussi 3 mnL'industrie du luxe perd de son éclat en Bourse, pénalisée par la Chine

Le second secteur qui a particulièrement souffert cette semaine est celui de l'automobile. La pénurie de semi-conducteurs - essentiels à la production de véhicule - s'intensifie partout dans le monde. Les problèmes d'approvisionnement pointés mercredi par Toyota, gagnaient aussi les constructeurs et équipementiers français. Conséquence très concrète chez Stellantis : l'automobiliste a annoncé le report de la création d'une nouvelle équipe de production à l'usine automobile de Mulhouse (Haut-Rhin). L'équipe supplémentaire, qui doit assurer le lancement de la nouvelle Peugeot 308, devrait compter quelque 500 intérimaires venus de Mulhouse, sur un total de 700 nouveaux arrivants, les autres provenant de diverses usines de Stellantis, selon les syndicats du site. Sur cinq jours de séance, le quatrième constructeur automobile mondial perdait 6.49 % quand Renault lâchait 5.41%.

Tous les constructeurs automobiles vont être touchés par cette pénurie de semi-conducteurs, selon l'analyste M. Rozier, mais "les valeurs automobiles ne réagiront pas de la même manière car les groupes n'ont pas tous la même stratégie, ni capacité, d'adaptation de la production".

Toutefois, même si la semaine a été compliqué, il ne faut pas oublier que le CAC40 est toujours a un niveau très haut et que l'indice fédérant les 40 plus importantes entreprises françaises a vu sa valeur cumulée progresser d'environ 20% depuis janvier 2020.

Lire aussi 7 mnBourse de Paris : le CAC40 touche son plus haut niveau depuis septembre 2000

(avec AFP et Reuters)

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Commentaires 2
à écrit le 22/08/2021 à 16:28
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Disons que cette semaine les banques centrales n'ont pas pu suffisamment arroser de liquidités ceux qui détruisent le monde en ronflant plutôt non ? Pas simple le truc et dire que le monde est dirigé par ça.

à écrit le 21/08/2021 à 18:21
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"Nous sommes en guerre !" Qui ne se souvient pas de cette déclaration solennelle du Président de la République du 16 Mars 2020. Une déclaration de guerre, faite par un Président français, cela ne s’entend pas tous les jours… La dernière remonte... à ...

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