Bourse : rebond des valeurs bancaires

Après un démarrage dans le rouge, les valeurs bancaires repartent à la hausse, notamment UBS qui a annoncé dimanche son projet de rachat de Credit Suisse pour trois milliards de francs suisses. Tout l’intérêt de l’opération réside dans son objectif de calmer les inquiétudes et de restaurer la confiance. Elle a tout le soutien des autorités publiques et les banques européennes de la zone euro profitent également de cette volonté publique d’agir vite et fort.
Le cours de l'action de la première banque suisse repart à la hausse après une forte baisse en matinée.
Le cours de l'action de la première banque suisse repart à la hausse après une forte baisse en matinée. (Crédits : Arnd Wiegmann)

L'annonce, dimanche, du rachat, pour trois milliards de francs suisses, de Credit Suisse par UBS, sous la pression des autorités suisses, a suscité de nombreux remous sur les marchés. A l'ouverture, les réactions étaient largement négatives avec le plongeon de 11% du titre UBS plongé dans la matinée et le décrochage du cours de l'action Credit Suisse en dessous du prix de l'offre publique proposé par UBS à 76 centimes de franc suisse (représentant une décote de 70% par rapport au prix de la dernière augmentation de capital de novembre dernier)

Tout le secteur bancaire était reparti à la baisse en matinée avec un indice européen sectoriel des banques en chute de 6% à l'ouverture. Même topo sur la dette obligataire, à l'exception de la dette senior qui résistait finalement assez bien. Ces mouvements brutaux en matinée faisaient suite à des ventes massives sur les marchés asiatiques, explique l'agence Reuters. Et l'annonce par les régulateurs suisses d'un « effacement » de la dette subordonnée AT1 émise par Credit Suisse a créé un petit vent de panique sur la dette bancaire hybride.

Retournement à mi-séance

Changement de décor à partir de la mi-journée. La pression s'est relâchée et l'indice sectoriel est revenu dans le vert alors que la plupart des valeurs bancaires réduisaient leurs pertes, voire même affichaient des hausses significatives, comme BNP Paribas. Le tout dans un marché nettement haussier, après une semaine calamiteuse. Ainsi, le CAC 40 à Paris est repassé au-dessus des 7.000 points.

Même tendance pour UBS qui, après avoir atteint un plus bas en séance, à 14,38 francs suisses, s'est redressé de manière spectaculaire en séance en gagnant dans l'après midi plus de 2 %, à 17,48 francs suisses. Les premiers commentaires sur l'opération étaient, il est vrai, plutôt négatifs. « L'annonce de l'acquisition du Credit Suisse par UBS risque d'amplifier les problèmes du Credit Suisse en les transférant à UBS », jugeait ainsi ce matin Mike O'Rourke, stratège marchés chez Jones Trading, cité par Reuters.

Opération longue et complexe

Le rachat sera forcément une opération complexe, à tiroirs. Dans les grandes lignes, rappelons qu'il s'agit d'une offre publique d'échange où tous les actionnaires de Crédit Suisse recevront une action UBS pour 22,48 actions Credit Suisse, ce qui valorise l'opération à trois milliards de francs suisses. Il y a tout juste un mois, la banque valait quatre fois plus en Bourse. Ce mariage est soutenu par une garantie gouvernementale massive et doit se traduire par le démantèlement progressif de la banque de financement et d'investissement (BFI) de Credit Suisse, le point de fragilité de la banque ces dernières années.

« Nous pensons que l'opération sera financièrement intéressante pour les actionnaires d'UBS », a déclaré ce week-end Colm Kelleher, le président d'UBS. C'est tout le pari du groupe suisse, qui a retrouvé les premières places mondiales en banque de financement et de gestion de fortune, après avoir failli coulé dans le sillage des subprimes et d'une succession de scandales liés à la fraude fiscale.

L'opération suscite toujours de nombreuses questions, sans réponse, comme en convient volontiers Ralph Hamers, directeur général d'UBS. Les informations financières sur l'impact du rachat sont encore rares, même si UBS évoque à une réduction des coûts de quelque 7 milliards de dollars d'ici à 2027 (soit près de la moitié de la base de coût de Credit Suisse), même si cette opération se traduira forcément par des synergies négatives, notamment dans la gestion de fortune.

D'ailleurs, Credit Suisse a indiqué à ses clients fortunés qu'ils pourraient envisager de transférer une partie de leurs avoirs vers une autre banque si la concentration de leur patrimoine sur une seule banque devenait un sujet de préoccupation. Dans la finance, un plus un fait rarement plus de deux. « UBS sera forcément gagnant, il met la main pour un prix symbolique et sans risque sur de belles franchises », estime un gérant.

Faible prix

« Le faible prix payé et l'important filet de sécurité fourni à UBS (avec la garantie du gouvernement) sont positifs, tandis que la stratégie d'UBS reste inchangée. Toutefois, UBS s'expose à un risque d'exécution important, à un risque de litige, les besoins en capitaux d'UBS seront probablement revus à la hausse, et l'attention de la direction sera captée par cette opération pendant de nombreux trimestres, voire des années », relativise une note du courtier Jefferies, publiée dimanche.

Que UBS soit gagnant ou non à terme - certains analystes se rappellent le sauvetage de Fortis par BNP Paribas lors de la crise financière qui s'avéra une belle affaire pour la banque française - l'important pour les investisseurs est de ramener le calme, c'est à la dire la confiance, l'alpha et l'oméga de la banque. Sans confiance, une banque ne vaut plus rien.

Pour l'heure, l'opération a le mérite d'exister, alors qu'il n'y avait pas beaucoup d'alternatives, sinon la nationalisation pure et dure. La rapidité de la réponse des banques centrales et des autorités est aussi un élément rassurant. « Les autorités publiques ont clairement l'intention d'agir vite et fort », souligne Gilles Moëc, chef économiste d'AXA IM. Pour l'instant, les marchés semblent enfin entendre cette petite musique après avoir cédé à la panique la semaine dernière.

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Commentaire 1
à écrit le 20/03/2023 à 20:11
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Les deux banques sont déjà identifiées comme 'trop grandes pour faire faillite'. La nouvelle, issue de l'absorption de l'une par l'autre, beaucoup plus grosse, le sera aussi, naturellement. Et il demeure des risques, dont certains déjà identifiés, ...

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