
La publication des résultats trimestriels des banques débute sous les meilleurs auspices. Avec un leimotiv : « les résultats sont meilleurs qu'attendu », ce qui laisse espérer une révision à la hausse des anticipations de résultats par les analystes financiers. Ce qui pourrait soutenir le rally sur les valeurs bancaires. BNP Paribas avait déjà positivement surpris la semaine dernière mais Société Générale impressionne par la vigueur du redressement de ses comptes après, il est vrai, une année 2020 calamiteuse.
Frédéric Oudéa, directeur général de la banque, en convient : « les résultats sont excellents » et « nous conforte dans la perspective d'un fort rebond de l'activité en 2021 ». Le moteur de la performance reste le même que dans les autres banques : rebond des activités de marché et baisse du coût du risque. Mais l'ampleur du rebond a visiblement surpris.
Le titre a gagné 5,46%, à 24,93%. De quoi réduire un peu son retard par rapport à la valorisation moyenne du secteur en Europe. Il lui reste encore du chemin à parcourir alors que le cours de son action affiche toujours une décote de près de 60% par rapport à l'actif net.
Forte hausse des activités Actions
Dans le détail ; le résultat net trimestriel atteint 814 millions d'euros, contre une perte de 326 millions un an plus tôt. La banque profite d'un effet de ciseaux entre des revenus en hausse de 21% et des charges en baisse de 2%. Sans surprise, ce sont les activités de la banque de financement et d'investissement qui ont tiré le chiffre d'affaires mais le rebond est vraiment spectaculaire, avec une hausse de 60% des revenus.
Portées par la Bourse, les revenus sur les métiers Actions, un point historiquement fort de la banque, ont notamment quasiment doublé pour atteindre un niveau record (850 millions d'euros), et ce malgré les coupes sévères opérées l'an dernier dans le portefeuille de dérivés pour réduire le profil de risque. L'an dernier, la banque a été prise à revers par le retournement des marchés et la suspension du versement des dividendes, entraînant de lourdes pertes sur les dérivés actions.
Coût du risque divisé par deux en 2021
Autre principal contributeur au résultat, la baisse du coût du risque, à l'instar d'ailleurs des autres grandes banques européennes. Ainsi, les dotations aux provisions ont été divisées par trois rapport au premier trimestre 2020, soit à un niveau d'avant crise sanitaire. Du coup, la banque révise à la baisse sa prévision du coût du risque pour 2021, entre 30 et 35 points de base, soit deux fois moins que l'an dernier. Par mesure de prudence, aucune reprise de provision n'a été effectuée afin de maintenir le « coussin de sécurité » constitué en 2020 pour faire face une éventuelle remontée des faillites ou impayés.
Seul point de faiblesse, la banque de détail, engagée dans une lourde restructuration avec la fusion des réseaux Société Générale et Crédit du Nord, et plombée par la faiblesse des taux d'intérêt. La forte hausse des dépôts devient une charge dès lors que les dépôts non utilisés pour faire du crédit sont centralisés auprès de la banque centrale et rémunérés à taux négatif. « Notre priorité commerciale est d'encourager nos clients particuliers à convertir leurs dépôts dans des supports plus attractifs plutôt que de laisser dormir l'argent sur les comptes courants », précise Sébastien Proto, directeur général adjoint, en charge de la banque de détail.Toute idée de faire payer les dépôts importants au client, à l'instar de plusieurs banques européennes, est donc écartée.
Après plusieurs exercices difficiles et des efforts portés sur la réduction des coûts, notamment dans la banque d'investissement, Société Générale souhaite surtout profiter d'un environnement plus porteur pour retrouver une dynamique de revenus, à tous les étages. En décembre dernier, elle a précisé ses ambitions en matière de banque de détail. Elle va se livrer au même exercice, la semaine prochaine, pour la banque d'investissement.
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