La mainmise de l'Etat russe sur le secteur bancaire local étouffe les concurrents privés. Qu'ils soient locaux ou étrangers. "L'Etat russe dit qu'il veut privatiser le secteur mais pousse en même temps les banques publiques à s'étendre", déclare Scott Bugie, analyste chez Standard and Poor's (S&P).
" La part croissante que prennent les banques publiques et la concentration progressive du marché sont les tendances les plus remarquables du secteur bancaire russe", souligne S&P dans un rapport publié jeudi.
Trois banques publiques représentent 42% des actifs du secteur
Les chiffres parlent d'eux même : La part de marché des banques détenues par l'Etat a augmenté à plus de 53% des actifs du marché local en 2011, contre 43% en 2007, indique S&P.
Les trois plus grandes banques publiques russes représentent même à elles seules 42 % des actifs du secteur bancaire local. Sberbank, la plus grande, a 40% du marché de la banque de détail. La position dominante de ces banques leur permet également de bénéficier d'avantages notables sur leurs concurrents privés : Elles peuvent par exemple emprunter à un taux inférieur sur les marchés, en particulier Sberbank selon S&P. " Elles ont aussi les capitaux et la taille pour être capables de prêter à l'État et aux grandes entreprises privées russes qui dominent l'économie ", ajoute l'agence de notation.
"Sberbank et VTB (deuxième plus grande banque publique) se sont étendues de façon agressive notamment en Russie", poursuit S&P. VTB a ainsi racheté la Banque de Moscou, cinquième du pays. Ce qui lui a permis d'accroître de 3% sa part de marché en matière de dépôts selon S&P. En 2011, Sberbank a de son côté acquis la banque d'investissement russe Troïka Dialog, mais aussi VBI, la filiale internationale de la banque autrichienne Volksbank ÖVAG. Sberbank a également annoncé la création d'une coentreprise avec Cetelem, filiale du français BNP Paribas, spécialisée dans le crédit à la consommation en Russie.
La dernière acquisition étrangère majoritaire date de 2008
Difficile dans ce contexte pour les banques privées de se faire un place. Pour S&P, la mainmise des banques de l'Etat est même " défavorable pour la solvabilité des banques du secteur privé ". Pour les nouveaux entrants venant de l'extérieur, la tâche semble également être très ardue. Ils sont limités à des acquisitions de participations minoritaires, qui ne leur permettent de contrôler qu'un petit pourcentage de l'industrie bancaire russe. La dernière acquisition majoritaire d'une banque étrangère en Russie date de 2008. La Société Générale avait alors acquis la majorité du capital de Rosbank. Depuis les temps sont plus durs, HSBC et Barclays ont d'ailleurs préféré quitter le pays en 2011, citant des pressions concurrentielles.
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