L'Etat et les industriels jouent de plus en plus au capital-risqueur

Le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives) lance un fonds d'amorçage de 38 millions d'euros, abondé par l'organisme public de recherche mais également par le FNA (fonds national d'amorçage), EDF, Safran et bioMérieux.
CEA Investissement, la filiale du CEA spécialisée dans le financement d'amorçage, dégage des taux de rendement interne de l'ordre de 8% à 10%. Copyright Reuters

L'amorçage est devenu le parent pauvre du capital-risque. Au second semestre 2012, 5% seulement des investissements réalisés par les fonds de « venture » français ont consisté en du capital d'amorçage, destiné à financer les dépenses préalables à la création d'une entreprise. A court de ressources financières, et donc plus que jamais contraints de dégager des retours sur investissements satisfaisants pour leurs actionnaires, les fonds de capital-risque allouent désormais l'essentiel de leurs investissements à des start-up déjà matures et, partant, moins risquées.

Mais, bonne nouvelle pour les jeunes pousses en devenir, l'Etat et les industriels prennent le relais du capital-risque. En témoigne le lancement, ce mercredi, d'un fonds d'amorçage par le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives), via sa filiale CEA Investissement, en partenariat avec le FNA (fonds national d'amorçage, géré par CDC Entreprises) et les groupes industriels EDF, bioMérieux et Safran.

Une dotation de 38 millions d'euros

Baptisé ATI (Amorçage Technologique Investissement), ce fonds investira des tickets de 500.000 à 800.000 euros dans de toutes jeunes start-up technologiques françaises, présentes dans les secteurs de l'énergie, de l'environnement, de la santé, de la sécurité, ainsi que dans les micro et les nanotechnologies. Pour ce faire, ATI est doté de 38 millions d'euros. Une somme qui provient à hauteur de 18 millions d'euros du FNA, le CEA injectant 13 millions, l'énergéticien EDF 4 millions, le motoriste Safran 2 millions et le spécialiste du diagnostic in vitro bioMérieux 1 million.

95% des tickets investis en capital-risque contiennent une participation de la BPI

« Le capital-risque est un axe de développement très important pour nous », explique Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque Publique d'Investissement, dite BPI France, qui regroupe désormais CDC Entreprises, le FSI (Fonds stratégique d'investissement) et Oséo. Et d'insister : « 95% des tickets investis en capital-risque ou en amorçage, en France, contiennent une participation de BPI France. » Une participation qui s'effectue notamment par le biais du FNA, créé en 2009 par le gouvernement Fillon pour remédier aux insuffisances des acteurs privés du capital-risque en matière de financement d'amorçage. Opérationnel depuis avril 2011 et doté de 600 millions d'euros, le FNA - qui ne prend pas de participations directes dans des start-up - a investi quelque 300 millions dans une dizaine de fonds d'amorçage, le dernier en date étant ATI.

Les industriels de plus en plus présents dans le capital-risque

Comme les pouvoirs publics, les industriels montent en puissance dans le financement des start-up. EDF a créé l'an dernier Electranova Capital, un fonds dédié aux investissements dans les cleantechs, ces technologies basées sur l'utilisation de ressources naturelles. Quelques mois plus tôt, Orange et Publicis avaient donné naissance à un fonds destiné à investir dans des PME du numérique. De la même façon, bioMérieux est présent dans le capital-risque depuis 2009, avec le fonds Merieux Developpement. Il faut dire qu'en s'improvisant capital-risqueurs, les industriels font d'une pierre deux coups : non seulement ils favorisent le développement d'innovations susceptibles de leur être très utiles mais, de plus, ils peuvent récolter de confortables plus-values lors de la revente de leurs participations.

Un taux de rendement de 8% à 10% pour CEA Investissement

CEA Investissement, présent dans l'amorçage depuis près de 15 ans, fait ainsi état de « plusieurs sorties à fort multiple. » « Nos TRI (taux de rendement interne) sont de l'ordre de 8% à 10%, ce qui est assez remarquable dans l'amorçage », précise Régis Saleur, directeur général de CEA Investissement. Son secret ? « Les start-up financées par le CEA ont accès à ses laboratoires, salles blanches et autres infrastructures importantes. Ce qui limite leurs besoins financiers. Or, moins les fonds levés sont importants, plus le TRI est élevé. »

 

 

 

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Commentaires 8
à écrit le 04/04/2013 à 11:34
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L'etat n'a rien à faire la dedans. Les fonctionnaires sont tous risk-adverse, intellectuels peureux qui se rassurent par la raison et la précaution. BPI exit. Toutes les grandes entreprises françaises ont une tradition d'essaimage, qui est découragée...

à écrit le 04/04/2013 à 10:55
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Nationaliser l'investissement quelle riche idée! L'histoire est jalonnée des succès de l'état investisseur c'est bien connu, le discernement dont la machine d'état fait preuve pour déterminer les filières et les entreprenneurs prometteurs est aussi p...

le 04/04/2013 à 11:14
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Oui et si vous suivez le fil rouge... on demandera bientôt aux épargnants de se révéler plus productifs, quitte à rendre obligatoire leur "participation"...

à écrit le 04/04/2013 à 9:19
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c'est amusant comme la réalité est différente de cet article.

à écrit le 04/04/2013 à 2:55
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D'accord avec Churchill (qui a souvent des réflexions justes), mais au delà, c'est bien la preuve s'il en était que toutes ces mesures destinées à affaiblir le capitalisme de base permet également de renforcer me capitalisme de connivence. La boucle ...

à écrit le 03/04/2013 à 22:41
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@Churchill : +1 +1 +1 +1 +1 !!! Entièrement d'accord avec Churchill ! Quand un gouvernement a la finance comme ennemi déclaré, on se rend vite compte combien elle manque lorsqu'on l'a complètement fait fuir.

à écrit le 03/04/2013 à 18:10
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a pleurer... 38 millions sur un pib de combien? fallait pas demolir les business angels, il y aurait bcp plus!! on recolte ce qu'on seme

le 03/04/2013 à 22:53
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Sans compter les investment managers des fonds de VC et de PE qui ont quitté la France à cause des 75% et la requalification de leurs revenus de plus values mobilières (taxées à 39.5%) en revenu salarial (taxé à 75%). Ils géraient 10 milliards d'inve...

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