
Cataclysmique. 2022 a bien été une année de très forte décroissance pour ArianeGroup, qui a perdu près de 25% de son chiffre d'affaires entre 2021 et 2022. Le chiffre d'affaires du constructeur des lanceurs Ariane et du missile de la dissuasion océanique française M51 s'est élevé à 2,35 milliards d'euros (contre 3,1 milliards en 2021), selon nos informations. Une donnée économique qui n'est pas encore consolidée. En cause, la crise russo-ukrainienne, qui a fortement impacté (à plus de 80%) ArianeGroup, filiale à 50/50 entre Airbus et Safran, et les retards d'Ariane 6.
Ainsi, tous les vols Soyuz opérés par Arianespace (groupe ArianeGroup) et Starsem ont été annulés depuis le début du conflit le 24 février 2022. L'Agence spatiale européenne (ESA) a par ailleurs annoncé le report à fin 2023 du vol inaugural du lanceur Ariane 6. Ce qui a considérablement réduit le chiffre d'affaires d'ArianeGroup. Bonne nouvelle en revanche, ArianeGroup est revenu à l'équilibre en 2022. Après avoir perdu 39 millions d'euros en 2021, le maître d'œuvre d'Ariane 6 a réussi à dégager 19 millions d'euros de bénéfices.
Impact chez les deux actionnaires
Les mauvaises performances économique d'ArianeGroup, qui n'avait pas versé de dividendes en 2022, n'ont pas particulièrement ravi les deux actionnaires. Car elles ont également impacté les comptes de ses deux actionnaires, Airbus et de Safran. Ainsi, les actifs du programme Ariane 6 dans les comptes de Safran ont été dépréciés au 30 juin 2022 pour un montant net de 58 millions d'euros.
Du côté d'Airbus, les performances d'ArianeGroup se sont matérialisées dans les comptes d'Airbus Defence and Space (DS) sous la forme d'une provision pour dépréciation liée aux nouveaux retards du lanceur européen Ariane 6 mais aussi à la perte des deux satellites Pléiades Neo en décembre (crash de Vega C). Résultat, le résultat d'exploitation (EBIT) ajusté d'Airbus DS a reculé de près de 45%, passant de 696 millions d'euros en 2021 à 384 millions en 2022.
2022, annus horribilis
2022 a été une année « annus horribilis » pour les lanceurs européens. Rien ne s'est déroulé comme prévu. Et le cauchemar a duré jusqu'à la fin de l'année. Tout a commencé avec le départ des Russes de Kourou fin février après l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la fin de l'aventure Soyuz au Centre spatial guyanais (CSG). Puis, l'ESA (Agence spatiale européenne) a annoncé le retard du vol inaugural d'Ariane 6 qui volera en principe pour la première fois fin 2023. Et enfin, le crash du nouveau lanceur italien, Vega C lors de son premier vol commercial fin décembre, a définitivement plombé le moral de la filière spatiale européenne (lanceurs et satellites), dont notamment le maître d'œuvre ArianeGroup.
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