Comment Bercy veut torpiller la création d'un livret souveraineté dans le cadre de la LPM

Le ministère de l'Economie ne veut pas d'un nouveau produit d'épargne qui aurait un coût pour les finances publiques. Via la commission mixte paritaire (Assemblée nationale, Sénat), il souhaite éradiquer du projet de loi de programmation militaire un article, qui permet la création d'un livret d'épargne souveraineté.
Michel Cabirol
Selon Bercy, le secteur de la BITD est trop restreint pour constituer un univers d'investissement autonome lié à un produit d'épargne.
Selon Bercy, le secteur de la BITD est trop restreint pour constituer un univers d'investissement autonome lié à un produit d'épargne. (Crédits : Reuters)

Ambiance, ambiance sur le livret d'épargne souveraineté prévu par le projet de loi de programmation militaire (LPM). Bercy n'en veut pas. Mais alors pas du tout. « La création d'un livret souveraineté n'est pas de nature à améliorer le financement de la BITD », estime d'ailleurs le ministère de l'Economie et des Finances dans un courrier envoyé à des députés, membres de la commission mixte paritaire (CMP), qui doivent adopter en principe lundi le projet de LPM. La commission est réunie en cas de désaccord persistant entre les assemblées sur un projet ou une proposition de loi. Elle est composée de sept députés et sept sénateurs.

Un coût pour les finances publiques

Pourquoi Bercy n'en veut pas ? « La création d'un nouveau produit d'épargne au régime fiscal avantageux aurait un coût pour les finances publiques », assure-t-il. En outre, affirme-t-il, « le secteur de la BITD est trop restreint pour constituer un univers d'investissement autonome lié à un produit d'épargne. Il est concentré sur un petit nombre de contreparties (six grands groupes et 4.000 PME) ». Enfin, selon le ministère de l'Economie, Bercy et la direction générale de l'armement (DGA) s'accordent sur le fait que « le financement de la BITD reste globalement préservé à ce stade ».

L'objectif de Bercy, qui est curieusement à la manœuvre en lieu et place du ministère des Armées, est donc très clair : torpiller un amendement adopté en commission des rapporteurs sénatoriaux (Christian Cambon, Pascal Allizard et Yannick Vaugrenard), qui crée dans le cadre de l'article 25 bis un livret d'épargne souveraineté exonéré d'impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux à compter du 1er janvier 2024. Ce livret est destiné au financement des entreprises de la base industrielle et technologique de défense (BITD). Cet amendement faisait partie de la contribution du Sénat à l'amélioration de ce projet de loi perfectible.

Deux contre-propositions de Bercy

Considérant que cette nouvelle disposition législative n'est pas nécessaire, Bercy propose à la CMP de modifier l'article. Comment ? Le ministère de l'Economie promet un « engagement fort de l'Etat à mettre en place des solutions visant à renforcer le financement en fonds propres des entreprises de la BITD ». Et ce d'autant que le gouvernement s'est engagé ces derniers mois à faciliter le financement de la BITD, qui est aujourd'hui préservé, estime Bercy dans son courrier. Une promesse qui finalement n'engagera que ceux qui voudront bien les recevoir.

Bercy a donc suggéré aux députés deux contre-propositions en vue de réécrire cet article. Première option : renforcer l'amendement du député Christophe Plassard dans le rapport annexé en montrant un engagement fort de l'Etat, via le ministère de l'Economie et des finances, qui mettrait en place des solutions visant à renforcer le financement en fonds propres des entreprises de la BITD. Deuxième option : remplacer le texte proposé par le Sénat à l'article 25 bis de la LPM par le texte de l'option 1 afin de renforcer son importance dans la LPM. Y ajouter l'engagement du gouvernement de remettre un rapport expliquant les problèmes d'accès aux fonds propres des PME de la BITD et détaillant un plan d'action de l'Etat en la matière. Aux sénateurs de réagir.

Michel Cabirol

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Commentaires 6
à écrit le 10/07/2023 à 10:53
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Bercy est la gangrène de la France . Ces fonctionnaires ont torpillé nombre de projet et de budget français au nom de l'Europe, de l'austérité, du libre échange, de la mondialisation et autre idéologie . notre ministère de l'économie et la banque ...

à écrit le 08/07/2023 à 20:10
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Bercy ? Ceux qui ont endetté la France jusqu'à 3 000 milliards d'euros de dettes ?

le 09/07/2023 à 12:24
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Non, Bercy n'est que le technicien de la mise en oeuvre. Les vrais responsables , ce sont les Français qui refusent de vivre qu'avec ce qu'ils produisent et qui continuent à vivre depuis 50 ans au dessus de leurs moyens. Il faudrait 100 milliards d'é...

le 09/07/2023 à 16:49
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@Tototiti : les Inspecteurs des Finances ne sont pas "que" des techniciens qui exécutent les ordres, loin de là. D'ailleurs nous sommes dirigés par un Inspecteur des Finances, et de combien a-t-il accru l'endettement de la France ? Y compris en tant ...

à écrit le 08/07/2023 à 12:31
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C'est notre Grand Argentier qui me verse les intérêts de mon livret A? Eh bien! C'est un radin!

le 09/07/2023 à 12:28
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Les actions délivrent 4 à 5% au mieux par an et en brut. En net ils ne délivrent que 3,5 % au mieux et avec des risques. Alors trouver que 3% sur des livrets défiscalisés et sans risques est de la radinerie relève pour le moins de la méconnaissance d...

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