« Il y a aussi des possibilités de développement au Moyen-Orient » (Christian Vernet, La Compagnie)

ENTRETIEN- Acteur un peu à part dans le monde aérien avec son offre 100% classe affaires, La Compagnie retrouve une activité plus soutenue, relançant notamment la liaison vers New York depuis Nice Côte d’Azur. L'entreprise réfléchit à agrandir son offre tout en répondant aux enjeux environnementaux. Son PDG Christian Vernet, rappelle la nécessité d'une offre de services premium et ultra-personnalisée, fort levier d’attractivité et de différenciation.
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Trois ans après votre prise de position à l'Aéroport Nice Côte d'Azur, vous proposez à nouveau la liaison Nice-New York. Les objectifs initiaux ont-ils été atteints ? Quels sont ceux de 2022 ?

CHRISTIAN VERNET - Lors du lancement de la liaison Nice-New York en mai 2019, nous avons constaté une bonne réaction du marché américain, avec une forte demande des CSP+. Le taux de remplissage était de l'ordre de 75%, ce qui était dans nos objectifs. Et pour l'année 2021, celle du redémarrage de la ligne, il s'est établi à 65%.

Nous revenons en 2022 avec de nouveaux avions, en l'occurrence le A321 NEO. Ce produit s'est amélioré sur le plan technologique par rapport aux précédents appareils puisqu'il consomme 30% de carburant en moins. Il traduit nos engagements environnementaux. Et, avec trois vols programmés par semaine, nous bénéficions d'un potentiel de 10.000 places passagers. L'activité redémarre et nous voulons faire la démonstration qu'après les contraintes fortes dues à la pandémie, le capital confiance et l'envie de voyager ont repris.

Quel regard portez-vous sur la conjoncture du secteur aérien ? Tablez-vous, comme beaucoup le prédisent, sur une reprise à horizon 2023-2024 ?

Le marché mettra un certain temps à se remettre. La classe affaires voyage à nouveau peu. Le covid-19 a malmené les plans de développement des compagnies aériennes. 2022 est l'année du retournement. La diversification est rendue nécessaire le temps du rallumage du segment du voyage d'affaires. Et, à ce titre, la notion de "services" est importante.

L'expérience voyageur doit être « stressless », la plus confortable possible. C'est pour cela que nous mettons à disposition, à New York, un nouveau salon lounge, où le passager peut commander un plat chaud avant de monter dans l'avion, s'il souhaite profiter du temps de vol pour dormir par exemple. C'est un complément appréciable.

Le wifi à large bande est également disponible gratuitement à bord, ce qui permet de traiter ses mails ou de regarder une vidéo en streaming. La notion de "services" intègre aussi le parcours au sol, qui doit être d'une grande simplicité.

Par exemple, le service voiturier, que nous avions interrompu, reprend. Nous sommes ainsi en train de signer des contrats avec des sociétés du secteur. Les clients doivent se dire que le service est plus simple avec nous qu'avec une compagnie aérienne de plus grande capacité. Nous réfléchissons à d'autres sujets de développement portant notamment sur l'agrément à bord.

La notion de "services" demande des ajustements permanents...

Certainement. Nous devons travailler notre plan fidélité. Il est moins avancé que d'autres. Nous avons également commencé à réfléchir avec des acteurs en bout de ligne pour permettre la connexion des passagers avec une autre destination, quand New York n'est pas la destination finale.

L'enjeu environnemental a été accéléré par la crise. Et depuis le début de l'année, l'utilisation du SAF (carburant durable d'aviation) est entrée en application, même s'il se limite aujourd'hui à 1% du plein d'un appareil...

L'engagement environnemental dans l'aérien est inhérent à l'évolution de la technologie. La proportion d'utilisation du SAF va progresser. Concernant l'avion électrique ou à hydrogène, la technologie ne sera pas disponible avant un moment...

L'industrie a banalisé l'exploit technologique du transport aérien de personnes. Le transport aérien est une solution contre l'isolationnisme des peuples. En ce qui concerne La Compagnie, nous sommes également attentifs à des sujets comme le non-recours au plastique, qui n'est désormais plus présent à bord. Le vin proposé est bio. En termes de fooding, nous travaillons avec des chefs pour une gamme de menus qui fait la part belle aux produits de proximité. C'est le cas notamment avec notre menu sur la ligne Milan-New York qui sera un menu italien. C'est dans l'air du temps, nous devons être attentifs à cela.

Outre la ligne Nice-New York, vous lancez également un Milan-New York. Une liaison de Paris vers Tel-Aviv avait également été annoncée puis annulée. Pourquoi ?

Nous étions alors dans une recherche de développement sur un réseau complémentaire et en 2021 Israël s'était fortement positionné sur la vaccination, au point de libérer du trafic et c'est sur cette base-là que nous nous étions engagés. Le fait de ne pas avoir mis en place cette liaison ne veut pas dire que nous ne le ferons pas.

Quelles autres destinations regardez-vous ?

Nous regardons depuis la France, dont Nice, des destinations plus lointaines, certaines aux Etats-Unis. Il y a aussi des possibilités de développement qui ne sont pas les Etats-Unis mais plutôt au Moyen-Orient, où un trafic business existe.

La Compagnie a bénéficié de deux PGE, d'un montant de 10 millions d'euros chacun. Où en est La Compagnie sur le plan financier ?

La Compagnie a en effet bénéficié de deux PGE. C'est une dette à laquelle nous faisons face. Les actionnaires ont également joué le jeu, ainsi que certains loueurs d'avions. Nous bénéficions également d'un accord de performance collective jusqu'à fin 2022.

2022 sera donc l'année de la relance ?

Pour l'heure les grands groupes ont été assez conservateurs, prônant le recours aux moyens d'échanges en distanciel. Ce trafic d'affaires redémarre lentement, plus vite aux Etats-Unis. En France, le marché reste un peu l'arme au pied, avec une volonté de ne pas bouger. Il est important de rassurer les acteurs BtoB. La reprise, encore une fois, sera davantage pour 2023, 2024. Les ventes enregistrées durant les mois de février et mars sont cependant le signe que les utilisateurs de La Compagnie se projettent vers les prochains mois. Cela signifie que l'on va vers une normalisation. Nous sommes confiants et nous devrons nous adapter à l'évolution positive du marché.

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Commentaire 1
à écrit le 14/04/2022 à 12:41
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Attention à cette compagnie avant de réserver. Ses actionnaires n’ont pas hésité à liquider sauvagement une autre compagnie ( XL AIRWAYS )de leur groupe laissant les passagers démunis. Les vols n’ont plus été effectués et les billets non remboursés. ...

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