Les dépenses en armement mondiales se sont envolées en 2019 (SIPRI)

Les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 1.917 milliards de dollars en 2019. C'est la plus forte hausse depuis 2010, selon le SIPRI.
Michel Cabirol
Alors que les dépenses de défense se sont envolées en 2019, celles de l'Arabie Saoudite et de l'Iran se sont effondrées (respectivement -16% et -15%) alors que les opérations au Yémen se poursuivent.
Alors que les dépenses de défense se sont envolées en 2019, celles de l'Arabie Saoudite et de l'Iran se sont effondrées (respectivement -16% et -15%) alors que les opérations au Yémen se poursuivent. (Crédits : POOL New)

Ce chiffre devrait être suffisamment clair pour que la France et l'Europe ne relâchent pas leur vigilance en matière d'efforts de défense au moment où se discutent les plans de relance. Car les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 1.917 milliards de dollars en 2019, selon les nouvelles données du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) publiées dimanche soir. Ce total représente une augmentation de 3,6 % par rapport à 2018. Soit la plus forte augmentation annuelle des dépenses depuis 2010. En 2019, les dépenses militaires mondiales ont représenté 2,2% du produit intérieur brut (PIB) mondial. Soit une dépense d'environ 249 dollars par personne.

"Les dépenses militaires mondiales étaient 7,2% plus élevées en 2019 qu'en 2010, ce qui reflète une tendance à l'accélération des dépenses militaires ces dernières années, explique le Dr Nan Tian, chercheur au SIPRI. Il s'agit du niveau de dépenses le plus élevé depuis la crise financière mondiale de 2008 et représente sans doute un pic pour les dépenses militaires".

Les cinq États, qui dépensent le plus en 2019 (62% des dépenses mondiales), sont sans surprise les États-Unis (732 milliards de dollars), la Chine (261 milliards), l'Inde (71,1 milliards), la Russie (65,1 milliards) et l'Arabie Saoudite (61,9 milliards). C'est la première fois que deux États asiatiques figurent dans le Top 3.

Des dépenses qui augmentent partout ou presque

A quelques rares exceptions, dont celles notables de l'Arabie Saoudite (- 16%) et de l'Iran (-15%), la très grande majorité des pays ont fortement augmenté leurs dépenses de défense. C'est le cas de l'Allemagne, qui a cru son effort de défense de 10% en 2019 (49,3 milliards de dollars) et grimpe à la 7e place mondial (9e en 2018), devant le Royaume Uni (8e) mais encore derrière la France (6e place pour un total de dépenses de 50,1 milliards de dollars). Elle est d'ailleurs en tête de l'augmentation des dépenses militaires en Europe. "Il s'agit de la plus forte augmentation des dépenses du Top 15 des États qui dépensent le plus pour leurs forces armées et activités militaires en 2019", explique le SIPRI.

Selon Diego Lopes da Silva, chercheur au SIPRI, "l'augmentation des dépenses militaires allemandes s'explique en partie par la perception d'une menace croissante de la Russie, partagée par de nombreux États membres de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN)". Dans le même temps, les dépenses militaires de la France (+ 1,6%) et du Royaume-Uni (0%) sont restées relativement stables. Dans le même temps, il y a eu une forte augmentation des dépenses militaires parmi les États membres de l'OTAN en Europe centrale : Bulgarie (127%), principalement en raison du paiement pour de nouveaux avions de combat, Roumanie (17%). Le total des dépenses militaires des 29 États membres de l'OTAN s'est élevé à 1.035 milliards de dollars en 2019. De l'autre côté, la Russie a quant à elle augmenté ses dépenses militaires "seulement" de 4,5%.

Les États-Unis et la Chine, les deux locomotives

Ce n'est pas une surprise, les États-Unis tirent encore plus la croissance des dépenses militaires au niveau mondial. Les dépenses militaires des États-Unis ont augmenté de 5,3% pour atteindre un total de 732 milliards de dollars en 2019. Soit 38% des dépenses militaires mondiales, note le SIPRI. La croissance des dépenses américaines en 2019 équivaut à elle seule à la totalité des dépenses militaires de l'Allemagne pour cette même année. "L'augmentation récente des dépenses militaires américaines est largement basée sur la perception d'un retour à la rivalité entre les grandes puissances", souligne Pieter D. Wezeman, chercheur principal au SIPRI.

En 2019, la Chine a dépensé 261 milliards de dollars en 2019, soit une augmentation de 5,1% par rapport à 2018. De son côté, celles de l'Inde ont augmenté de 6,8% pour atteindre 71,1 milliards de dollars. "Les tensions et la rivalité de l'Inde avec le Pakistan et la Chine sont parmi les principaux moteurs de l'augmentation de ses dépenses militaires", précise Siemon T. Wezeman, chercheur principal au SIPRI. Outre la Chine et l'Inde, le Japon (47,6 milliards de dollars) et la Corée du Sud (43,9 milliards de dollars) se classent dans le top 10 (respectivement 9e et 10e). Les dépenses militaires en Asie du Sud-Est ont augmenté de 4,2% en 2019 pour atteindre 40,5 milliards de dollars.

Chute des dépenses militaires au Moyen Orient

Faut-il corréler la chute du baril de pétrole avec le très net ralentissement des dépenses de défense au Moyen Orient ? Très certainement. Car les dépenses militaires des onze pays du Moyen Orient, pour lesquels les données sont disponibles, ont diminué de 7,5% pour s'élever à 147 milliards de dollars en 2019. Et ce en dépit des opérations militaires au Yémen et des tensions avec l'Iran. Le cas le plus notable reste l'Arabie saoudite, dont les dépenses ont diminué de 16%.

Enfin, en Afrique, les conflits armés sont l'une des principales raisons de la nature volatile des dépenses militaires en Afrique subsaharienne. Par exemple, dans la région du Sahel et du Lac Tchad, où plusieurs conflits armés sont en cours, les dépenses militaires en 2019 ont augmenté au Burkina Faso (22%), au Cameroun (1,4%) et au Mali (3,6%) mais elles ont diminué au Tchad (- 5,1%), au Niger (- 20%) et au Nigéria (- 8,2%). Parmi les pays d'Afrique centrale impliqués dans des conflits armés, les dépenses militaires en 2019 ont globalement augmenté : République centrafricaine (8,7 %), République démocratique du Congo (16%) et Ouganda (52 %).

La Bulgarie, plus forte hausse

C'est la Bulgarie, qui décroche la palme de la plus forte croissance mondiale (127%). Elle est suivie par le Togo (70%), l'Ouganda (52%), la Slovaquie (48%), la Serbie (43%), la Macédoine du Nord (30%), le Guatemala (24%), la Tunisie (23%), le Burkina Faso (22%) et l'Irak (21%). A l'inverse, la plus forte baisse revient au Zimbabwe (- 50%) suivi par le Mozambique (- 22%), Bénin (- 20%), Niger (- 20%), Arabie Saoudite (- 16%), Iran (- 15%), Zambie (- 13%), Liban (- 12%), Oman (- 12%) et, enfin, Bahreïn (- 9,3%).

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 27/04/2020 à 22:23
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Il va bien falloir les utiliser ces armes. Et la situation mondiale n'a jamais été aussi favorable !

à écrit le 27/04/2020 à 15:55
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Les force d'une armee s'est avant tous ses soldâts , la qualitées dè l'instruction , du nombre disponible et pour finir du matériel et équipements .... Donc cela ne se gagne pas én un jours , n'y avec dè l'argent .... L'instruction et l'entraîneme...

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