Les munitions télé-opérées Larinae et Colibri déjà dans un environnement contractuel contesté

Contrairement à l'idée initiale de l'Agence de l'innovation de défense (AID), les industriels sélectionnés pour l'appel à projets de l'AID portant sur les munitions télé-opérées devront également très probablement passer par un appel d'offres de la Direction générale de l'armement. En cause, le choix du véhicule contractuel choisi.
Michel Cabirol
La solution de munitions télé-opérées par Nexter, EOS et Traak vise à développer un drone de surveillance d'une dizaine de kg, à décollage et atterrissage vertical, pouvant évoluer dans un environnement sans GPS
La solution de munitions télé-opérées par Nexter, EOS et Traak vise à développer un drone de surveillance d'une dizaine de kg, à décollage et atterrissage vertical, pouvant évoluer dans un environnement sans GPS (Crédits : Reuters)

Trois mois après avoir annoncé la sélection de la munition télé-opérée (MTO) capable de neutraliser des cibles légères dans un périmètre de 5 km, de type pick-up (projet Colibri), l'Agence de l'innovation de défense (AID) a annoncé la sélection de deux consortiums d'entreprises au titre du projet Colibri, à savoir les tandems MBDA/Novadem et Nexter/Delair. S'agissant de Larinae, c'est le consortium Nexter ArrowTech, EOS Technologie (droniste) et la PME Traak qui a choisi dans le cadre de l'appel à projets Larinae. Ce projet de MTO moyenne portée doit être capable quant à lui de neutraliser des cibles blindées dans un périmètre de 50 km avec une autonomie supérieure à 60 minutes. Ces deux appels à projets visaient à faire émerger très rapidement des solutions souveraines de munitions télé-opérées à courte et moyenne portée, jusqu'ici absentes de l'arsenal militaire français.

Une erreur de choix du véhicule contractuel

Tout comme pour les consortiums sélectionnés pour Colibri, ces entreprises ont gagné le droit de faire évaluer leur MTO dans le cadre d'une campagne de démonstration. Les premières démonstrations sont attendues d'ici fin 2024 et permettront à l'AID et à la DGA d'évaluer la pertinence des propositions industrielles vis-à-vis du besoin opérationnel exprimé par les armées françaises. Ce qui ne signifie pas pour autant que ces deux consortium seront de facto sélectionnés dans le cadre du futur appel d'offres de la Direction générale de l'armement (DGA), qui devra être lancé contrairement à l'idée initiale de l'AID. Car cette dernière n'a pas choisi le bon véhicule contractuel pour s'éviter un appel d'offres après l'appel à projets. « Il y a eu une erreur de choix dans le véhicule contractuel », explique-t-on à La Tribune

Les industriels des deux consortiums devront donc remettre une proposition dans le cadre du futur appel d'offres de la DGA, selon plusieurs sources concordantes. Ce qui pourrait rebattre complètement les cartes avec des groupes comme Thales (Toutatis), qui n'ont pas été sélectionnés par l'AID et n'ont pas l'intention de jeter l'éponge. L'AID a reçu 16 propositions industrielles pour cet appel à projets... Au sein du ministère, on réfléchit à comment on peut passer outre mais ce n'est pas gagné pour trouver la bonne solution sans subir de recours des industriels qui se sentiraient lésés. Car l'un des enjeux de cet appel à projets de l'AID était de « faire autrement ». Notamment de réduire les délais. Ce qui n'est plus le cas avec Colibri et Larinae.

Deux consortiums, deux visions

Le projet proposé par MBDA vise à développer un drone d'une dizaine de kilogrammes à ailes déployables. Cette solution permettra d'explorer des cas d'usages nécessitant une compacité et une facilité de transport et de déploiement. Celui proposé par Nexter, EOS et Traak vise quant à lui, à développer un drone de surveillance d'une dizaine de kg, à décollage et atterrissage vertical, pouvant évoluer dans un environnement sans GPS. Cette solution favorable à l'endurance permettra d'explorer des cas d'usage de surveillance dans la durée (3 heures), en environnement possiblement plus vaste, et sans nécessairement utiliser le signal GPS.

Les deux projets intègrent une charge pyrotechnique. Les premières démonstrations de ces munitions télé-opérées alimenteront la connaissance des capacités de ces types de solutions d'un point de vue technique et opérationnel, ainsi que les aspects relatifs à la sécurité de mise en œuvre. Ces projets concourront à préparer le ministère des Armées à l'acquisition de ces nouveaux armements.

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 24/06/2023 à 8:01
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Ce sont quand même des grosses munitions ! ^^ Ceux qui inventeront les premiers les balles auto guidées, à savoir les américains donc, changeront de suite la nature des conflits, je suis étonné d'ailleurs que celles-ci n'existent pas encore.

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