Sur OneWeb, le général Michel Friedling, commandant du commandement de l'espace, a été très clair. Il a même taillé "un joli costard" à la constellation. Lors d'une audition à l'Assemblée nationale début juillet, il a estimé que "si l'on compare à d'autres projets, OneWeb proposait une génération ancienne et une architecture non exempte de défauts". "D'un point de vue militaire même si ses constellations d'orbite basse peuvent fournir des services à la défense et aux armées, OneWeb n'était pas la meilleure option", a-t-il également expliqué. Au passage, il a révélé que la France avait "envisagé la reprise de OneWeb, sachant que Airbus et Arianespace sont impliqués dans ce projet de constellation".
"Certes, la crise du covid a accéléré la chute de la société OneWeb, mais je crois qu'il ne s'agit pas là du principal facteur", a fait enfin valoir le général Michel Friedling.
Même constat à la commission européenne. L'Europe ne s'est pas positionnée comme repreneur potentiel de son projet de constellation de satellites de télécoms, dont 74 sont déjà en orbite. "Nous avons regardé le dossier, y compris dans son volet technique. Dans toute faillite, il n'y a sans doute pas qu'une seule raison. Il nous est apparu très vite que OneWeb ne pouvait répondre à nos ambitions de connectivité et d'autonomie stratégiques", avait expliqué au "Figaro" le commissaire européen, Thierry Breton.
Londres se lance
La Grande-Bretagne n'a pas été du même avis que la France et de Thierry Breton. La constellation OneWeb va être rachetée par le gouvernement britannique et le groupe indien Bharti, présent notamment dans les télécoms. Londres, qui investit seulement depuis quelques années dans le domaine spatial, part de plus loin en matière d'expertise par rapport à Paris. La Grande-Bretagne et Bharti vont investir chacun 500 millions de dollars dans OneWeb. La société n'avait pas réussi à lever deux milliards de dollars supplémentaires pour financer sa constellation et avait dû se placer le 27 mars sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. L'opération de rachat de OneWeb, qui devrait être bouclée d'ici à la fin de l'année, doit encore obtenir l'aval de la justice américaine et des autorités de régulation.
Pour Airbus et Arianespace, la reprise programmée de la constellation est une très bonne nouvelle. Airbus fabrique en Floride dans le cadre d'un partenariat avec OneWeb (OneWeb Satellites) les 650 satellites tandis qu'Arianespace a dans son carnet de commandes 18 lancements OneWeb encore à réaliser. Pour Airbus, la facture financière se monte à plus de 250 millions d'euros après l'entrée de OneWeb Communications sous le chapitre 11 du code américain des faillites. En conséquence, les actifs financiers ont été entièrement dépréciés, entraînant une diminution de la valeur de la participation d'Airbus (-137 millions d'euros). En outre, Airbus a été contraint à une dépréciation d'un emprunt (-136 millions d'euros).
Interrogé par La Tribune, le président exécutif d'Airbus, Guillaume Faury a estimé dans une interview qu'il était important que ce projet de constellation trouve un repreneur : "Que OneWeb renaisse et continue à se développer, c'est important pour nous en tant que fournisseurs des satellites pour la constellation au sein d'une joint-venture commune à 50/50. Nous sommes contents des acheteurs, qui vont développer OneWeb. Le fait que cela continue est donc très important pour nous. Nous croyons aux constellations, nous avons beaucoup appris dans le développement et la base de coûts de petits satellites. On est émotionnellement attaché à OneWeb et économiquement attaché à ce que le projet trouve une suite".
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