Spatial : Et le jour de gloire est arrivé pour The Exploration Company

The Exploration Company et Axiom Space signent un accord qui permet à une capsule spatiale européenne de livrer du cargo à la première station spatiale privée développée par le groupe américain.
Michel Cabirol
Pour confirmer le contrat avec Axiom Space, The Exploration Company devra encore passer un certain nombre de jalons techniques pour 2025.
Pour confirmer le contrat avec Axiom Space, The Exploration Company devra encore passer un certain nombre de jalons techniques pour 2025. (Crédits : The Exploration Company)

Un essai qu'il faut transformer... Mais le jour de gloire est arrivé pour The Exploration Company d'Hélène Huby, qui frappe un grand coup dans le ciel du spatial européen. Deux ans seulement après sa création, la startup franco-allemande a signé un accord de pré-réservation de services de transport de fret avec l'américain Axiom Space, qui développe la première station spatiale privée au monde. « Ce n'est pas tous les jours qu'une petite boîte européenne qui a deux ans signe ce genre de contrat » avec un groupe américain, se réjouit Hélène Huby, qui précise dans un entretien accordé à La Tribune que ce pré-contrat a une valeur comprise « entre 150 à 200 millions de dollars ». Soit le prix du marché, rappelle-t-elle.

Pour confirmer le contrat avec Axiom Space, The Exploration Company devra encore passer « un certain nombre de jalons techniques pour 2025, souligne-t-elle. Et sous réserve du succès de ces jalons, Axiom nous achètera une mission complète à partir du dernier trimestre 2027 ». L'accord entrera en vigueur lorsque les deux parties auront validé certaines étapes techniques pour exécuter cette mission spatiale. The Exploration Company « développe une capsule qui rentre dans l'atmosphère et développe des technologies de rentrée dans l'atmosphère, qui seront utiles pour les missiles balistiques et les avions hypersoniques », indique la directrice générale de The Exploration Company. Capable de s'amarrer aux stations spatiales (technologie du docking), le cargo spatial réutilisable Nyx apportera fin 2027 quatre tonnes de matériels à la première station privée au monde (Axiom Space), puis d'en ramener 2,6 tonnes sur la terre, explique Hélène Huby. Soit dans seulement quatre ans.

Une vision ambitieuse

Le calendrier vertigineux du programme ne fait pas peur à la fondatrice de The Exploration Company, prête à relever le challenge, elle qui a déjà réussi à lever 65 millions d'euros et compte atteindre la somme de 70 millions fin septembre. Pourquoi même pas peur ? Elle a séquencé le développement de « Nix » en trois phases en développant une mini-capsule (60 cm, 40 kilos), puis une capsule moyenne (1,6 tonne et 2,5 mètres de diamètre) et enfin la capsule finale (4 tonnes). La première capsule a été développée et conçue l'an dernier. Elle devait voler sur Ariane 6 en décembre 2022. En raison des retards répétés du lanceur européen, elle volera finalement en janvier 2024 sur Polar Satellite Launch Vehicle (PLSV) développé par l'agence indienne ISRO (Indian Space Research Organisation).

La deuxième capsule est quant à elle avancée à 70 %. « On a fini la structure dans la salle d'intégration » du hall d'assemblage basé à Munich, indique Hélène Huby. Cette capsule permettra à des clients de réaliser des expériences dans l'espace. Airbus et trois agences spatiales (ESA, DLR et CNES) sont intéressés. En outre, avec la technologie d'amarrage (docking) et d'un système propulsif permettant de manœuvrer Nyx de façon extrêmement précise, Hélène Huby vise à terme « des besoins potentiellement militaires pour des capacités d'opération de proximité en déposant des satellites d'inspection ou en enlevant des satellites qui sont des menaces ou pour simplement ramasser des débris », explique-t-elle. Elle est en discussion avec les forces armées allemandes et françaises (Direction générale de l'armement et commandement de l'espace). Elle vise également le marché militaire américain.

« C'est un marché qui en est qu'à ses prémices, il va exploser dans les années qui viennent », fait-elle valoir. « Le marché vers les stations et la Lune est aujourd'hui de 3 à 5 milliards de dollars par an. Vers 2035-2040, les prévisions vont de 30 à 100 milliards par an », observe la directrice générale.

Où est l'Europe ?

« Cet accord vient renforcer la position d'une industrie NewSpace européenne en pleine croissance », estime The Exploration Company dans un communiqué publié mardi. Pour autant, il est dommage que cette startup européenne si prometteuse décroche son premier contrat majeur avec une entreprise... américaine. Mais que font les Européens et les nations cadres du spatial à part « s'offrir » des strapontins sur des programmes non européens ? Hélène Huby met donc beaucoup d'espoirs sur le sommet de Séville qui se prépare pour le mois de novembre, l'Agence spatiale européenne va proposer aux États membres d'investir dans l'exploration spatiale.

Ce sera donc le moment pour l'Europe de montrer qu'elle souhaite être une puissance spatiale mondiale et non une simple « puissance d'appoint », voire d'équilibre... « Il y a aussi des enjeux de souveraineté au niveau technologique », rappelle Hélène Huby. « Cet accord illustre le mouvement d'accélération et de diversification qui s'opère actuellement dans un secteur spatial de plus en plus compétitif dans l'orbite terrestre basse, renforçant ainsi la coopération transatlantique », explique le directeur de l'exploration humaine et robotique à l'ESA, Daniel Neuenschwander. Il faut bien aller au-delà de ce plafond de verre de la coopération transatlantique dans l'exploration spatiale. Cela pourrait être un rêve d'espace pour les Européens, qui n'ont jamais eu l'occasion et l'opportunité de vibrer comme les Américains en juillet 1969 devant leur TV. The Exploration Company, qui emploie une centaine de salariés, a bien reçu 10.000 candidatures d'emploi. L'Europe est parfois si décevante...

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 12/09/2023 à 17:31
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Tout cela est bel et bon, mais ça existera vraiment quand on aura la fusée. Parce que, pour le moment on n'en a plus du tout : Ariane 6 n'est pas prête, et on s'est engueulé avec les Russes, ce qui fait qu'on n'a plus les Soyouz non plus à Kourou. Qu...

à écrit le 12/09/2023 à 13:41
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Wouais, de mémoire, ne serait-ce pas la France qui avait planté le programme ATV, initialisé il y a plus de 20 ans par Astrium? ATV, cargo ravitailleur pour l'ISS, dont au moins un proto lancé par Ariane 5. Houlala, je suppose qu'il ne fallait pas ...

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