« Des Enfants et des Arbres » invite la jeune génération à participer à la transition agricole

Associer les enfants et les agriculteurs pour planter des arbres. Une démarche éducative d’un genre nouveau créée en 2021 et qui porte déjà ses fruits. Récit. (Cet article est extrait de T La Revue n°12 - « Climat : Et si on changeait nous aussi ? », actuellement en kiosque).
(Crédits : Des Enfants et des Arbres)

Réinventer le rapport au vivant, donner dès le plus jeune âge le goût du vivant, développer et enrichir la connaissance du vivant... autant d'objectifs que se sont fixés les équipes de l'association « Des enfants et des arbres », fondée en 2021.

Lancée par la réalisatrice de documentaires et journaliste Marie-France Barrier, « Des enfants et des arbres » s'est donné pour ambition de reconnecter le monde agricole à celui de l'enfance. Avec pour cela une idée très simple : les faire participer, tous ensemble, à la plantation de nouveaux arbres. « Je suis une géographe buissonnière, s'amuse Marie-France Barrier, j'ai appris sur le tard les implications théoriques de tout ce que je ressentais et observais dans mon métier de réalisatrice. » Et cette dernière de développer : « Après mon film Le temps des arbres, je me suis aperçue de l'appétence et de l'envie des gens de participer à quelque chose qui les dépasse. Je me suis aussi aperçue du propre fil à plomb qui guidait toutes mes actions depuis tant d'années : le fil à plomb de Gaïa. Tout cela a convergé et c'est ainsi qu'en plein confinement en 2020 l'idée de l'association a germé. »

L'ensemble de la démarche de Marie-France Barrier s'inscrit donc dans un nouveau rapport au vivant et plus particulièrement dans une nouvelle relation à la nature. « Je suis une câlineuse d'arbres. Ils sont les plus puissants des êtres vivants. Ils sont ancrés dans le réel par leurs racines et vivent dans les étoiles grâce à leur feuillage » assure, lyrique, Barrier. Pour elle, parler des arbres de cette façon permet de « sensibiliser à l'importance cruciale qu'ils ont dans l'écosystème global du vivant » et surtout cela donne « une dimension transcendante à l'action que nous voulons mener ».

Replanter partout en France

Et cette action avec « Des enfants et des arbres » revêt trois dimensions. En premier lieu, l'objectif de replanter un maximum d'arbres, un peu partout sur le territoire français. « La logique de notre pays de favoriser la dé-végétalisation des sols et l'habitat individuel a conduit à une perte du nombre global d'arbres. En en replantant, nous remettons de l'air dans notre environnement », confie Barrier. Depuis un an, l'association a été à l'origine de la plantation de quelque 22 000 arbres. L'autre dimension est d'accompagner les agriculteurs dans la réappropriation de leurs territoires et de les impliquer dans cette volonté de redonner force et vigueur aux arbres qui les entourent. Ainsi, l'association travaille de concert avec eux pour choisir les lieux des futures plantations, mais aussi pour qu'ils partagent leur savoir-faire et leur connaissance du vivant. Dans une transmission, donc. C'est la troisième dimension du projet : transmettre aux enfants et aux plus jeunes. Pour que le rapport entretenu avec la nature s'inverse. Qu'elle soit à nouveau considérée comme une part de nous-mêmes. C'est en tirant le fil de ce besoin de transmission que Marie-France Barrier a décidé d'associer les enfants. « Je souhaite que le fait de savoir planter un arbre soit enseigné et su au même titre que le théorème de Pythagore », lance la présidente passionnée de l'association. C'est ainsi que l'idée de la mise en place de partenariats avec des écoles est née. Le principe est simple : mobiliser des classes et des agriculteurs dans des territoires déterminés pour les inciter à travailler ensemble à la mise en place d'une session de plantation. La fluidification des échanges, et l'organisation logistique et financière de la journée étant assurées par l'association.

L'objectif de transmission, d'échange et de création d'un cercle vertueux local est rempli puisque tout le monde semble s'y retrouver : les enfants font tous part de leur « joie » et Eva, élève de CM1, de renchérir : « C'est une action collective qui nourrit la planète pour la rendre en bonne santé, on a passé un bon moment ensemble. »

« La plantation d'arbres en travers de mes parcelles était en germes depuis un moment ; la rencontre avec les enfants et les enseignants a été le déclic. C'était extraordinaire. Je suis intervenu deux fois dans les classes pour présenter le projet aux élèves et pour répondre à leurs questions », raconte Gaëtan de Lacroix, producteur de pommes de terre en Seine-Maritime et désormais compagnon de route de « Des enfants et des arbres ».

Le soutien des entreprises

Après trois sessions de plantations, le bilan est d'ores et déjà conséquent puisque l'association aura été à l'origine de la mise en terre de 45 000 nouveaux arbres, qu'elle aura permis à 6 000 enfants de mettre les mains dans la glaise et d'apprendre à planter des arbres avec le patronage bienveillant et professionnel d'une centaine d'agriculteurs partout en France. Chaque épisode de plantation fait l'objet d'un appel à projet afin de trouver des bras, des agriculteurs et des financements. Une fois l'appel lancé, l'agriculteur intéressé se rapproche d'une école et présente un projet éducatif. Les enseignants prennent ensuite le relai et préparent des cours dédiés et des activités en amont du moment de mise en terre des arbres. L'encadrement, lui, se partage entre celui des agriculteurs, des enseignants et un ou des « animateurs-nature » issus de l'association qui interviennent pour transmettre aux jeunes des connaissances concrètes sur les arbres. C'est une fois que tout est prêt et que le financement du projet est assuré qu'une session est programmée, souvent fin novembre début décembre, moment idéal pour planter des arbres. Pour planter 300 mètres linéaires de haie, il faut compter environ 2 400 euros. Pour récolter ces fonds, l'association fait appel à des fondations d'entreprises qui veulent s'inscrire dans une démarche RSE concrète, mais aussi au 1 % pour la planète par exemple. Le développement de cet aspect étant l'une des « voies de progrès sur laquelle nous allons travailler dans les prochaines années », confie ainsi Marie-France Barrier.

Cette démarche de plantation d'arbres a également l'avantage de participer à quelque chose de plus grand encore puisqu'elle s'inscrit dans les objectifs des Accords de Paris du 12 décembre 2015 selon lesquels il convient de planter 25 000 kilomètres de haies chaque année d'ici 2050, cela alors que seulement 3 000 kilomètres sont actuellement plantés chaque année et que 10 000 arbres continuent d'être arrachés par an.

« Nous nous inscrivons dans une démarche positive et nous l'accomplissons avec l'optimisme de la volonté », conclut Barrier. « Auprès de mon arbre, je vivais heureux, j'aurais jamais dû m'éloigner d'mon arbre », chantait Brassens. Il avait raison.

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Commentaire 1
à écrit le 29/01/2023 à 18:06
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Ce qui serait raisonnable; c'est de ne pas prendre ces actions pour excuse pour continuer a engranger du cash ! ;-)

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