La première unité de production en Centre-Val de Loire de protéines végétales à partir de légumineuses, désignant la famille des légumes secs (pois, fèves, etc.), devrait sortir de terre au second semestre 2024.

La startup Intact, à l'initiative du projet, a ainsi acquis une parcelle de 10 hectares au sein du parc d'activités Synergies Val de Loire, à Baule, petite localité située à 25 km au sud-ouest d'Orléans. Elle y construira une usine d'une surface d'environ 7.000 m2 en capacité de traiter et transformer annuellement quelque 30.000 tonnes de légumes secs en vitesse de croisière.

Agroalimentaire, restauration collective, pharmacie et cosmétique...

Cette production d'ingrédients sera destinée en priorité à trois secteurs industriels. Intact s'adressera en premier lieu aux acteurs de l'agro-alimentaire, comme Nestlé et HappyVore, qui utilisent des protéines de pois dans leurs recettes.

Biscuiteries et boulangeries traditionnelles figurent également comme cibles privilégiées du producteur, au même titre que la restauration collective.

Intact prévoit en second lieu de toucher la pharmacie et la cosmétique, secteurs également bien représentés en Centre-Val de Loire. Elle leur fournira ainsi des alcools neutres, issus de la fermentation de l'amidon, présent dans les légumineuses.

Co-fondée en mars 2022 par Alexis Duval, ancien président du directoire du géant sucrier coopératif Tereos, Fanny de Castelnau, ex-Cointreau et St-Hubert, et Christopher Hervé, lui aussi passé par Tereos, Intact s'est associée dans l'opération avec une grande coopérative agricole, Axéréal, qui a pris 20% de son capital.

Lors de l'inauguration du futur site de production le 16 janvier, ses dirigeants ont annoncé un investissement de 50 millions d'euros, sans plus de précision. La création à terme de 60 emplois dans la nouvelle usine a également été actée. Intact, qui vise un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros à l'horizon 2027, espère ainsi constituer le socle d'une nouvelle filière agricole en Centre-Val de Loire, dévolue aux protéines végétales.

Ce projet ambitieux est largement soutenu par la collectivité régionale. Ainsi, l'agence de développement économique Dev'up a mis en avant plusieurs atouts du territoire, notamment les ressources agricoles et le foncier disponibles, pour emporter la décision d'Intact de s'y installer.

Alliance avec Axéréal pour développer la culture des légumineuses

L'alliance du producteur Intact avec le groupement coopératif Axéréal répond à la problématique d'approvisionnement en matières premières. Cette coopérative est l'une des principales coopératives céréalières de l'Hexagone, elle regroupe quelque 14.000 exploitations agricoles en région Centre-Val de Loire.

Reste que les légumineuses représentent seulement 5% des cultures totales actuellement. Pour convaincre les agriculteurs de convertir une partie significative de leurs terres, Intact et son nouvel associé mettent en avant deux atouts majeurs. Les légumineuses, grâce à l'azote qu'elles contiennent, permettent d'une part d'éviter l'ajout massif d'engrais de synthèse. A la clé, outre le bénéfice environnemental, une économie annuelle comprise entre 15.000 et 30.000 euros, selon la taille de l'exploitation.

Vertus régénératrices et souveraineté alimentaire

D'autre part, les vertus régénératrices des légumes secs vis-à-vis des sols se mesurent aussi en termes de souveraineté alimentaire.

L'Europe, et la France en particulier, importe environ 50% de l'azote utilisé par leur agriculture auprès de la Russie et de l'Ukraine. Son prix a de surcroît subi une forte hausse du fait du conflit entamé en février 2022.

Le contexte et le changement des habitudes alimentaires des Français devraient en principe servir d'accélérateur aux ambitions d'Intact.

La consommation de protéines végétales en constante augmentation

Le nouvel entrant vise ainsi 20% de production de légumineuses, soit 65.000 hectares, sur l'ensemble des surfaces cultivées en Centre-Val de Loire d'ici à 2025.

Contrairement aux protéines animales, les protéines végétales, qui représentaient en 2022 un tiers de la consommation totale, augmentent régulièrement depuis 2010. La forte inflation subie depuis plusieurs mois a ainsi fait baisser de 8% les premières.