Le Mexique, eldorado de l'automobile électrique

Tesla et sa gigafactory à 5 milliards de dollars, Faurecia qui s'installe à la frontière américaine, Renault qui revient 20 ans après… Le Mexique continue de séduire les constructeurs automobiles qui veulent conquérir le marché électrique américain. Explications.
Tesla va construire l'une des plus grandes usines automobiles du monde près de Monterrey au nord du Mexique.
Tesla va construire l'une des plus grandes usines automobiles du monde près de Monterrey au nord du Mexique. (Crédits : Aly Song)

Renault, Faurecia, Volkswagen... Les grands noms de l'industrie automobile misent sur le Mexique au moment de prendre le virage électrique. Le leader du marché Tesla a annoncé début mars l'arrivée de « sa plus grande usine au monde »  selon le gouverneur local de Monterrey, à 200 kilomètres de la frontière avec les Etats-Unis.

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L'investissement de près de 5 milliards de dollars s'ajoute aux deux nouvelles usines de Tesla en construction dans le Nevada pour fournir le marché américain en véhicules électriques. L'équipementier Faurecia vient également de s'implanter dans la région de Monterrey, où Saint-Gobain produit déjà des pare-brises. La filière automobile locale, établie depuis plusieurs décennies, place le Mexique au 7eme rang des pays producteurs de véhicules dans le monde. Retour sur les raisons de cette dynamique qui ne retombe pas.

Dans l'orbite américaine

Les tensions entre la Chine et les Etats-Unis ravivées ces derniers mois, en particulier depuis la guerre en Ukraine, poussent les Américains à relocaliser sur leur sol ou leur continent les productions industrielles stratégiques. Fort d'institutions relativement stables et d'une économie robuste malgré le poids du narcotrafic, le Mexique apparaît comme un partenaire économique de choix pour les constructeurs présents sur le marché américain, souvent installés de longue date sur l'autre rive du Rio Grande.

On estime ainsi qu'entre 60 et 70% de la production mexicaine est exportée vers les Etats-Unis. Les Etats-Unis représentent un marché stratégique avec la vente de plus de 15 millions de voitures neuves par an, en particulier des SUV et des pick-ups, soit le deuxième marché mondial après la Chine.

Des atouts qui le démarquent des autres pays d'Amérique latine et ont poussé Renault à y reprendre ses activités. Vingt ans après son départ, un nouveau modèle Nissan doit y être produit dans les années à venir dans le cadre de la refonte de l'alliance avec le constructeur japonais. La marque au losange parie sur la stabilité en produisant au Mexique, plus protégé d'une chute de sa monnaie que d'autres grands pays de la région où elle est présente comme l'Argentine.

Une main d'œuvre moins chère et mieux formée

Décidé à tirer profit de la proximité avec les Etats-Unis, le gouvernement mexicain a beaucoup investi dans les Etats mexicains proches de la frontière américaine pour former les travailleurs aux métiers de l'automobile. Les faibles coûts de main d'œuvre, généralement moins onéreuse et plus qualifiée même si moins productive que dans les pays asiatiques, ont attiré constructeurs et équipementiers dans leur sillage depuis des décennies. Les grandes industries chimiques ont fini par suivre permettant de concentrer toute la chaîne de valeur automobile sur le territoire mexicain. Aujourd'hui, 3,8% du PIB mexicain provient de l'industrie automobile.

Le pays prend désormais le virage de l'électrique, forcé de former rapidement sa population aux nouveaux modes de production de véhicules électriques face à la demande croissante des Etats-Unis. Des projets de mines de lithium dans son riche sous-sol sont également en cours afin de garantir son approvisionnement en métaux stratégiques.

Des aides avantageuses

Pour exporter les véhicules construits sur son sol, le pays multiplie les accords de libre-échange. Les exportations et les importations avec 44 pays sont ainsi exemptées de droits de douane. Une nouvelle version d'un accord de libre-échange est en cours de négociation avec Bruxelles et celui avec le Canada et les Etats-Unis a été refondé en 2022 à travers l'ACEUM (Accord Canada-États-Unis-Mexique).

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Enfin, la mise en place de l'Inflation Reduction Act (IRA) de Joe Biden pourrait encore renforcer les flux avec l'économie américaine. En effet, le texte stipule que les minerais comme le cobalt ou le lithium qui composent les batteries subventionnées peuvent provenir de pays nord-américains. De même pour l'assemblage final des véhicules. Le tournant protectionniste de Washington pourrait accélérer encore le dynamisme de l'industrie automobile mexicaine.

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