« Réveillez-vous ! ». Le coup de gueule à l'adresse des pouvoirs publics est signé Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB). Après avoir alerté en septembre sur une potentielle destruction de 150.000 emplois, le patron du secteur a prononcé, ce 13 décembre, le mot de « récession », tablant sur une chute d'activité de 5,5% en 2024 du fait d'un contexte macro-économique « encore chahuté ».
Face à l'appel à l'aide de la profession, ce mercredi en visite au Salon de l'immobilier d'entreprise (Simi), le ministre du Logement, Patrice Vergriete, s'est voulu rassurant.
« Je suis là pour soutenir la promotion immobilière. Elle réalise 50% de la production de logements sociaux », a-t-il affirmé, interrogé par La Tribune.
Les assureurs bientôt convoqués à Bercy ?
Guidé par son directeur de cabinet Arnaud Cursente, ex-directeur général adjoint de CDC Habitat, le représentant du gouvernement Borne s'est d'abord arrêté sur le stand de la Banque des territoires, autre entité du groupe Caisse des Dépôts. Thierry Laget, directeur général adjoint de CDC Habitat chargé du développement et du réseau des partenaires, en a profité pour lui demander « un coup de pouce auprès de Bercy ».
Ce à quoi Patrice Vergriete à répondu qu'il allait réunir les assureurs en janvier en compagnie de son collègue Bruno Le Maire afin de les faire revenir sur le secteur du logement. D'autant que la Première ministre Elisabeth Borne mise sur ces investisseurs institutionnels, parmi lesquels se trouvent aussi les banques, pour participer à la production annuelle de 30.000 logements locatifs intermédiaires (LLI), des habitats pour les classes moyennes trop riches pour le parc social, trop pauvres pour le parc privé.
« Aujourd'hui, les investisseurs institutionnels représentent au mieux 4% du marché. Nous devons mobiliser tout le monde pour soutenir un fonds d'investissement dans le logement intermédiaire. Chacun doit faire un effort complémentaire », a souligné le ministre du Logement auprès de La Tribune.
En lien avec les promoteurs sur les prix des logements neufs
Sur le chemin qui mène à l'exposant suivant, Patrice Vergriete a confié avoir lancé en parallèle une réflexion avec la fédération des promoteurs immobiliers (FPI) sur les prix de sortie des logements neufs. « Nous devons continuer à produire mais nous devons aussi rapprocher les prix de l'ancien et les prix du neuf », a affirmé le ministre. Pour combler le « décalage » entre les deux types d'habitat, « nous devons trouver les bons outils pour sortir à des prix acceptables et solvabiliser tant le particulier que l'investisseur », a-t-il insisté. Un sujet encore tabou il y a encore quelques mois...
Selon nos informations, le représentant du gouvernement Borne a en effet pris son téléphone pour solliciter en ce sens Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). Des premières propositions d'ordre réglementaire voire législatif sont attendues dans les prochains jours. Avant même la politique de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols, les terrains restent une valeur rare et donc chère. « Le prix d'un logement neuf est constitué du coût du foncier, de charges techniques et d'honoraires de ventes », lui a confirmé Patrick Supiot, directeur immobilier d'entreprise chez Vinci Immobilier.
En attendant, Patrice Vergriete s'est attelé à trouver lui-même des solutions. Chez GA Smart Building, spécialisé dans la construction hors-site, c'est-à-dire la préfabrication en usine avant de l'assemblage de modules sur site, le ministre a multiplié les questions: « Comment ça marche ? Quel type d'opération et dans quelle ville ? Quel prix ? Comment en développe-t-on encore plus ? Des élus locaux s'y opposent-ils ? » Ses dirigeants Sébastien Matty et Sophie Meynet ont répondu réduction des coûts de construction, baisse des charges et meilleure empreinte environnementale.
« Il ne faut pas simplement regarder le coût d'acquisition, mais le reste à charge qui suit », a précisé l'équipe de GA Smart Building.
« Il faut regarder le coût global », a abondé le ministre.
La rénovation des copropriétés fait débat
Dans un couloir du palais des congrès de la porte Maillot, Patrice Vergriete s'est dit confiant quant à la mission parlementaire qu'il vient de lancer sur la fiscalité locative qui viendra nourrir le projet de loi de finances... 2025. « Nous devons retrouver les investisseurs particuliers mais je ne doute pas que nous allons retrouver du peps ! » a-t-il lâché à La Tribune. « Comment sentez-vous les investisseurs ? » a-t-il demandé d'ailleurs juste après à Laurence Batlle, présidente de Foncia ADB. « Les investisseurs particuliers ne sont plus là à cause des taux d'intérêt. Dans le neuf, les prix commencent à baisser et dans l'ancien, c'est même de l'ordre de 5 à 6% », a relevé la patronne du premier syndic français, en écho aux données 2023 du Conseil supérieur du notariat.
S'en est suivi un débat entre les deux sur la rénovation des logements collectifs, alors que le ministre vient de présenter en Conseil des ministres un projet de loi sur l'habitat indigne et les copropriétés dégradées. Foncia a réalisé une étude prouvant que dans 80% des cas, le changement de classe énergétique passe par l'isolation par l'intérieur. Sauf qu'aujourd'hui, il est quasi-impossible de le faire en présence de l'occupant. « Nous pourrions inscrire dans la loi le fait qu'un locataire ne peut pas attaquer en justice son propriétaire s'il ne lui a pas donné les moyens d'y faire des travaux » a exposé le ministre. « Ce serait légitime », a salué la présidente de Foncia.
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