Immobilier : le Grand Paris en passe de transformer l’essai face au Grand Londres

Depuis le Brexit et la sortie définitive en 2021 du Royaume-Uni de l’Union européenne, le Grand Paris profite-t-il de la situation pour reprendre le leadership sur le Grand Londres en matière d’attractivité ? Est-il devenu petit à petit l’eldorado des banquiers et des investisseurs internationaux ? Eléments de réponse.
« Les loyers sont beaucoup plus abordables : le loyer haut de gamme parisien fin 2023 atteignait 960 €/m²/an contre 1 739 €/m²/an à Londres », affirme Virginie Houzé, directrice Étude et Recherche chez JLL France. (Photo d'illustration)
« Les loyers sont beaucoup plus abordables : le loyer haut de gamme parisien fin 2023 atteignait 960 €/m²/an contre 1 739 €/m²/an à Londres », affirme Virginie Houzé, directrice Étude et Recherche chez JLL France. (Photo d'illustration) (Crédits : iStock)

De J.P. Morgan sur la place Vendôme à Goldman Sachs installée près de l'Arc de Triomphe ou encore Barclays avenue de Friedland, les grandes banques anglo-saxonnes et les sociétés internationales investissent le « Triangle d'or » de la capitale française et ont tendance à délaisser le Grand Londres et La City. Un phénomène qui s'accélère depuis la sortie définitive, il y a trois ans, du Royaume-Uni de l'Union européenne et qui permet au Grand Paris de devenir, selon Paris Europlace, la première place continentale post-Brexit avec la création de 5.500 emplois bancaires et financiers depuis le référendum de 2016.

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 Le Grand Paris peut compter sur de nombreux atouts

La métropole-capitale tire son épingle du jeu face à Londres car elle peut compter sur de nombreux atouts : la densité de son réseau de transports à travers le métro circulaire du Grand Paris Express (GPE), des prix et des loyers immobiliers moins élevés que la capitale anglaise quelle que soit la catégorie d'actif, la qualité de son tissu éducatif ou encore une concentration rare en Europe de centres de décision publics nationaux et internationaux comme l'Autorité bancaire européenne depuis 2019 jusqu'alors installée à Canary Wharf.

« Avec la Coupe du monde de rugby l'an dernier et les JOP 2024 dans moins de cinq mois, tout cela montre que l'Île-de-France est une région où l'on peut faire du business, de l'innovation avec un remarquable écosystème de recherche », rappelle Alexandra Dublanche, présidente de Choose Paris Region, l'agence d'attractivité du conseil régional chargée d'accompagner les multinationales qui s'installent.

Au total, 410 investissements directs internationaux ont été réalisés en 2023 créant plus de 32.000 emplois directs et indirects (+ 4 %), sans compter près de 47,5 millions de touristes accueillis (+ 8%), poursuit la vice-présidente (LR) de la région au Marché international des professionnels de l'immobilier (Mipim).

Convaincre les investisseurs de venir ou de rester

Avec près de 9,3 millions d'habitants dans le Grand Londres contre 7 millions dans le Grand Paris (12 millions pour l'ensemble de l'Île-de-France, NDLR), Patrick Ollier, président (LR) de la métropole du Grand Paris (MGP) refuse, lui, de s'inscrire dans « une logique de match, Londres face à Paris » mais plutôt dans « une logique de réussite de la population de la métropole ».

« Notre conviction est que Londres et Paris ont bien plus à gagner en coopérant les mouvements des entrepreneurs entre les deux capitales. Que serait Londres sans Paris, et inversement ? », appuie Pierre-Yves Guice, directeur général de Paris-La Défense, l'établissement public chargé d'aménager le premier quartier d'affaires européen.

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En réalité, dans ce contexte encore très incertain, il cherche davantage à convaincre les investisseurs de venir ou de rester à La Défense. « Notre priorité à court terme, va plutôt même à sécuriser nos grands partenaires historiques, les foncières, assureurs et banquiers, français, qui conservé des dizaines de milliards d'euros de valeur financière », ajoute Pierre-Yves Guice.

Paris-La Défense et la métropole du Grand Paris, qui subventionne déjà chaque année l'établissement public à hauteur de 2,8 millions d'euros, vont donc signer « très prochainement » une convention d'investissement. L'idée consiste à « imaginer comment nous pouvons aider à la requalification des tours et faire face à l'émergence du flex office ou au modèle du bureau partagé », annonce à La Tribune Patrick Ollier.

La crise du logement persiste

D'autant que Brexit ou pas, la crise du logement dans le Grand Paris persiste. Elle s'explique notamment par une crise du coût de la vie, une inflation très élevée en 2023 et l'envolée des taux des crédits immobiliers. « Depuis que Londres est hors course, après le Brexit, nous sommes l'une des plus grandes métropoles mondiales qui accueille chaque année 50.000 nouveaux habitants », affirme Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président (UDI) de la région chargé du Logement et, à ce titre, président de l'Établissement public foncier d' Île-de-France (EPFIF). Mais cette « forte » crise immobilière accélère les prix du foncier et des loyers et la production demeure insuffisante: 20.000 logements en 2023, loin de l'objectif de 70.000 inscrit dans la loi du Grand Paris de 2010.

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Malgré tous ces points forts en matière d'attractivité, Londres occupe toujours la première place du classement européen des prévisions en matière de demande immobilière, suivie de Paris, en raison notamment de leurs vastes espaces métropolitains, selon la dernière édition annuelle de l'Indice de croissance des villes européennes (« ECGI ») publié en septembre 2023 par LaSalle Investment Management (« LaSalle »), commente Beverley Kilbride, CEO Europe et présidente France.

 L'Île-de-France est le premier marché européen de bureaux

Mais s'agissant justement de l'activité locative de bureaux, Virginie Houzé, directrice Étude et Recherche chez JLL France relève, elle, que l'Île-de-France est le premier marché européen en termes de taille de parc : 56 millions de mètres carrés contre 23,4 millions de m² à Londres. « Les loyers sont beaucoup plus abordables : le loyer haut de gamme parisien fin 2023 atteignait 960 €/m²/an contre 1 739 €/m²/an à Londres », affirme-t-elle.

« Par rapport à Londres, où les trajets domicile-travail sont longs et très coûteux, Paris offre le concept de ville "du quart d'heure" et tous les avantages qui en découlent » , approuve Mark Dixon, président et fondateur d'IWG, co-leader mondial du coworking avec Wework.

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