À Nantes, Procope Medicals développe une nouvelle génération de cœur artificiel

Une prothèse cardiaque sans fil et compacte qui aurait l’avantage d’être implantée chez quasi tous les patients... C’est sur cette alternative innovante que planchent les équipes de Procope Medicals installées au sud de Nantes (Loire-Atlantique). Dès la rentrée, la startup va démarrer des essais in vivo sur des cochons et s’apprête à lever à nouveau 9 millions d’euros.
Procope Medicals développe un coeur artificiel en deux tailles, afin de s’adapter à la plupart des morphologies.
Procope Medicals développe un coeur artificiel en deux tailles, afin de s’adapter à la plupart des morphologies. (Crédits : Procope Medicals)

Environ 200.000. C'est le nombre de personnes en attente d'un cœur dans le monde. Chaque année, ce sont entre 400 et 450 transplantations cardiaques qui sont réalisées en France. Seuls 3% à 5% des patients obtiendraient une greffe, faute de donneurs.

Pour répondre à cet enjeu de santé publique majeure, deux acteurs dominent aujourd'hui le « marché » des cœurs artificiels. L'entreprise américaine Syncardia qui a développé au début des années 80 un cœur pneumatique dont les membranes en plastique sont activées par air comprimé ce qui nécessite un équipement externe lourd pour le patient. Et la société tricolore Carmat, fondée en 2008 en Île de France, qui a, elle, mis au point une pompe hydraulique dont le dispositif assez volumineux ne peut être implanté que sur des personnes avec une grande cage thoracique. La prothèse exclut donc une grande majorité des femmes.

C'est sur ce point que Procope Medicals entend faire la différence en imaginant un cœur artificiel qui aurait l'avantage d'être implanté chez quasi tous les patients.

Une prothèse qui s'adapte au plus grand nombre

Lancée en 2018 à Nantes, la startup Procope Medicals est née d'une rencontre entre deux ingénieurs (Saïd Chabane, l'actuel PDG de la société) et Samuel Plumejault qui a endossé la casquette de directeur technique, et le pôle CTCV (chirurgie thoracique et cardio-vasculaire) de l'hôpital nord Laënnec de Nantes avec l'équipe du Professeur Jean-Christian Roussel. Ensemble, ils travaillent depuis 10 ans sur une alternative.

Leur idée ? Développer « une prothèse cardiaque en deux tailles, afin de s'adapter à la plupart des morphologies », indique Stéphanie Gouraud, la troisième associée, chargée quant à elle des opérations et de la communication de Procope Medicals.

L'autre point fort de ce dispositif pneumatique, breveté en 2018, est l'absence de liaisons filaires. Un dispositif qui serait une première mondiale.

« La prothèse sera reliée à une batterie implantée dans le corps et rechargeable par induction transcutanée. »

Ce cœur artificiel qui reproduira l'action d'un cœur naturel (comme le dispositif déployé par Carmat, ndlr) aura donc l'avantage de consommer « très peu » d'énergie et d'être piloté à distance. De quoi « améliorer la qualité de vie du patient » mais aussi de « limiter les risques d'infections ».

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De prochains essais sur des cochons

Après des tests de compatibilité sur des cadavres menés en 2022 avec le concours du laboratoire d'anatomie de Nantes qui ont permis d'optimiser la taille de la prothèse, Procope Medicals s'apprête à démarrer des tests in vivo sur des cochons génétiquement modifiés, biologiquement très proches de l'humain.

Cette phase d'essais pré-cliniques sera réalisée en collaboration avec l'école vétérinaire de Nantes Oniris à partir de septembre prochain. « L'objectif sera de faire vivre pendant plusieurs heures l'animal », précise Stéphanie Gouraud. Suivront de nouveaux essais jusqu'en 2027 pour « améliorer en permanence cette prothèse fonctionnelle ». Avant des essais sur l'homme.

Des besoins estimés entre 35 et 40 millions d'euros

Jusqu'à la mise sur le marché de la prothèse en 2030, les besoins en financement de Procope Medicals sont estimés entre 35 et 40 millions d'euros. Pour financer ses recherches et essais, la start-up va donc continuer de s'appuyer sur des fonds privés et publics.

« En tout, nous avons déjà levé 2,5 millions d'euros, notamment auprès de la Banque publique d'investissement (BPI), la Région Pays de la Loire et de business angels », poursuit Stéphanie Gouraud.

Après avoir lancé en 2023 une recherche de fonds via la plateforme Tudigo et levé par ce biais près de 600.000 euros, la société envisage un nouveau tour de table « plus conséquent » auprès de fonds d'investissements.

« À partir de 2024, la phase pré-clinique de faisabilité va nécessiter une enveloppe de 9 millions d'euros. » L'opération sera menée en deux étapes : une première levée de deux millions d'euros d'ici à septembre ou octobre prochain puis de sept millions d'euros fin 2025Un montant significatif qui pourrait être difficile à trouver en France. Procope Medicals n'exclut donc pas d'aller chercher des fonds à l'étranger.

Grâce à cette somme, la start-up nantaise espère concrétiser un autre projet : renforcer ses équipes dans les prochains mois, aujourd'hui composées de neuf personnes, principalement avec des profils d'ingénieurs mécaniques, électroniques et en conception avec une expertise reconnue dans le domaine des biomatériaux. L'entreprise souhaite également s'entourer de consultants pour avancer sur le plan réglementaire. Objectif visé : « atteindre 15 personnes en 2025 », conclut Stéphanie Gouraud.

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Commentaire 1
à écrit le 18/03/2024 à 16:09
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Et la société qui fera la même chose pour les reins artificiels fera fortune.

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