Santé : l’innovation moléculaire de MT-act, un espoir pour les maladies liées à l’âge

Au vu des enjeux du vieillissement de la population et de la recrudescence attendue des maladies liées à l’âge – neurodégénératives, cancers, glaucome ou insuffisances cardiaques –, l’innovation moléculaire développée par la deeptech montpelliéraine MT-act porte d’importants espoirs, venant répondre un besoin médical insatisfait. ( Cet article est issu de T La revue n°14 - Santé : un équilibre en jeu, actuellement en kiosque).
(Crédits : Istock)

Rencontrer les fondateurs de MT-act, au CNRS de Montpellier, c'est plonger au cœur du fonctionnement du corps humain, cette machine merveilleuse mais si complexe. C'est emprunter les chemins tortueux des vaisseaux, organes et autres cellules, et comprendre comment la recherche constitue un formidable réservoir de possibilités et d'espoir de thérapie pour les maladies liées à l'âge. Le postulat, qui a conduit Siem Van der Laan, docteur en sciences biopharmaceutiques, et Khaled Hached, docteur en sciences du vivant, jusqu'à la création de ce spin-off du CNRS, est le suivant : « Les microtubules (fibres constitutives du cytosquelette, réseau filamenteux à l'intérieur d'une cellule, NDLR) deviennent rigides avec l'âge, un événement responsable de nombreuses maladies liées à l'âge. Or, on a vu, dans le cadre d'essais cliniques, que les molécules actuelles génèrent des effets indésirables graves. » Les deux chercheurs, en biologie des microtubules, ont cherché et trouvé : ils ont mis au point un processus pour concevoir des composés à même de traiter les maladies neurodégénératives, les cancers, le glaucome ou les insuffisances cardiaques « en réduisant la rigidité croissante du cytosquelette sans effets secondaires car ils ne ciblent pas directement les microtubules mais leurs enzymes modificatrices », résume Siem Van der Laan.

Trois brevets en portefeuille

La première brique de leur technologie a été publiée dans la revue Science en 2017. « En 2017, nous avons démarré un programme de maturation de deux ans, accompagnés par la Société d'accélération du transfert de technologies (SATT), AxLR, qui nous aide encore, notamment sur le time-to-market, raconte Siem Van der Laan. MT-act a été immatriculée en 2019 et incubée au BIC de Montpellier (Business innovation center, NDLR), dont nous sommes sortis le 31 janvier 2023 pour nous installer au sein du CNRS de Montpellier. » Aujourd'hui, MT-act dispose d'un portefeuille de trois brevets, dont le troisième fut déposé en 2021.

La deeptech a recueilli le soutien de plusieurs partenaires : Bpifrance, l'Union européenne, Créalia Occitanie, la Région Occitanie et, au sein du CNRS, de l'Institut de génétique humaine, du centre de recherche en biologie cellulaire de Montpellier, de l'Institut des biomolécules Max Mousseron, et de l'Institut Charles Gerhardt Montpellier pour le volet chimie. Des financements qui ne suffiront pas à franchir les étapes suivantes, notamment les études cliniques. Raison pour laquelle les fondateurs de MT-act cherchent à lever 9 millions d'euros.

« Un enjeu majeur de santé publique »

« Aujourd'hui, avec notre outil de plateforme modulaire MT-discover, nous avons un pool de 22 enzymes, souvent déréglées par des pathologies chroniques, et nous pouvons faire du screen de molécules, valider l'engagement de la cible thérapeutique, faire de la chimie médicinale pour améliorer la molécule, de la pharmacologie de sûreté et des tests sur le petit animal, et enfin vérifier l'efficacité de la molécule dans les modèles précliniques pertinents à l'indication médicale, détaille Siem Van der Laan. Mais les indications qui peuvent être ciblées par cette innovation moléculaire n'ont pas toutes été identifiées car il faut beaucoup de moyens, d'où la levée de fonds... Dans les 20 ou 30 prochaines années, il y aura beaucoup de maladies liées à l'âge et pas de solutions efficaces. Plusieurs industries pharmaceutiques aux États-Unis et en Europe sont intéressées par notre solution car elle répond à un besoin médical insatisfait. » À l'hôpital Bichat, à Paris, Constance Verdonk, praticien hospitalier en cardiologie, confirme : « L'insuffisance cardiaque est un enjeu majeur de santé publique et nous restons limités en termes de traitements, particulièrement lorsque la contractilité du cœur, la fraction d'éjection, est préservée. Cette pathologie est difficile à caractériser car elle regroupe différentes causes et différents terrains de patient, ce qui rend difficile l'homogénéisation des groupes de patients pour la recherche thérapeutique. C'est précisément à ce type de patients que s'adressent les solutions de MT-act. Ce qui est intéressant, c'est qu'ils ont un raisonnement qualitatif basé sur la physiologie : ils partent du fonctionnement de la fibre musculaire myocardique et extrapolent une cible thérapeutique spécifique. »

« Une pépite technologique »

Un besoin que confirme aussi Hélène Mathieu, senior investor relations and business development manager à l'Institut européen d'innovation et de technologie (EIT). Cette communauté de 250 partenaires publics-privés, financée par l'Union européenne, veut favoriser l'émergence de solutions européennes innovantes en santé. Hélène Mathieu y pilote le programme Venture Centre of Excellence, accompagnant des start-up dans leur développement et recherche de financement : « Nous avons un processus restrictif de sélection des start-up prometteuses, or MT-act agit dans un domaine d'intérêt identifié, celui du vieillissement cellulaire et des pathologies chroniques. Leur approche est complètement innovante et vient répondre à un fort besoin médical. Je suis confiante pour leur levée de fonds : les fondateurs ont échangé avec beaucoup d'investisseurs en Europe et reçu des marques d'intérêt concrètes. »

France Biotech regroupe quelque 500 entreprises innovantes de la HealthTech en France, avec pour mission de soutenir leur émergence et leur déploiement en France et à l'international. « Compte tenu des enjeux de vieillissement de la population et de maladies dégénératives, une deeptech comme MT-act est considérée comme une pépite technologique à fort potentiel d'apport médical, analyse Franck Mouthon, le président de France Biotech. Leur levée de fonds intervient dans une situation macroéconomique en repli par rapport à 2020 et 2021, ce qui la rend plus difficile, et si des investisseurs américains leur font confiance, ce sera un très bon signal pour confirmer l'intérêt auprès d'autres investisseurs européens. » Siem Van der Laan espère boucler cette levée de fonds en juin ou juillet 2023. Il confirme en effet avoir « des discussions avancées avec un fonds d'investissement américain de Boston » et chercher « à compléter avec un fonds européen ». Les financements serviront à industrialiser la plateforme de MT-act, à avancer sur son programme de recherche et à recruter quatre personnes, ce qui doublera leurs effectifs actuels.

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