
La rumeur courait depuis quelques semaines déjà. Elle est désormais officielle. Pfizer va racheter la biotech américaine Seagean. L'opération de rachat a été approuvée par les conseils d'administration des deux groupes. Le géant pharmaceutique américain propose 229 dollars par action en numéraire, soit une valorisation à hauteur de 43 milliards de dollars.
« Pfizer déploie ses ressources financières pour faire progresser la lutte contre le cancer, l'une des principales causes de décès dans le monde avec un impact significatif sur la santé publique », a expliqué le PDG de Pfizer, Albert Bourla, cité dans un communiqué publié ce lundi 13 mars.
Le groupe pharmaceutique va financer la transaction, en s'endettant et en piochant dans sa trésorerie. Il espère boucler le rachat fin 2023 ou début 2024, une fois obtenus les différents feux verts réglementaires et des actionnaires de Seagen.
Seagen, « pionnière » dans la thérapie ciblée contre le cancer
Société de biotechnologie basée dans la région de Seattle aux États-Unis, Seagen est présent à la fois dans la recherche, le développement et la commercialisation de traitements contre le cancer. Elle se qualifie comme « pionnière » dans les anticorps conjugués (ADC pour « antibody-drug conjugates », en anglais) sur lesquels elle travaille « depuis plus de 20 ans ».
Il s'agit d'une classe de médicaments biopharmaceutiques conçus comme une thérapie ciblée pour le traitement des cancers. Contrairement à la chimiothérapie, les ADC sont conçus pour cibler et tuer les cellules tumorales tout en épargnant les cellules saines.
10 milliards de dollars en 2030
Trois de ses ADC ont été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA), l'organisme qui a notamment le mandat d'autoriser la commercialisation des médicaments aux États-Unis. Seagen prévoit de générer environ 2,2 milliards de dollars de revenus en 2023, soit une croissance de 12% sur un an. Grâce notamment à ses médicaments mais aussi à des royalties et des accords de collaboration et de licence.
De leur côté, les traitements contre le cancer actuellement commercialisés par Pfizer, notamment contre les cancers du sein et de la prostate, ont généré 12,1 milliards de dollars de chiffres d'affaires en 2022. Le groupe estime que l'acquisition de Seagen lui permettra de doubler le nombre de médicaments oncologiques dans son portefeuille de développement. La biotech pourrait même contribuer à son chiffre d'affaires à hauteur de 10 milliards de dollars en 2030.
L'action de Pfizer prenait 0,81% à 39,71 dollars à l'ouverture de la Bourse de New York lundi dans un marché chamboulé par les remous des banques. Celle de Seagen grimpait de 15,29% à 199 dollars.
Besoin de se diversifier
Au cours des deux dernières années, Pfizer a nettement profité des ventes de son vaccin anti-Covid, Comirnaty, développé avec le laboratoire allemand BioNTech et de sa pilule anti-Covid, Paxlovid. Le géant pharmaceutique a ainsi dégagé un chiffre d'affaires de 100 milliards de dollars et un bénéfice net de 31 milliards de dollars en 2022.
Mais le groupe avait déjà anticipé que cette manne financière aller se tarir. Il prévoit notamment que les ventes de Comirnaty allaient baisser de 64% cette année et celles de Paxlovid de 58%. Le PDG de Pfizer, Albert Bourla, souligne depuis plusieurs mois que le groupe compte sur le lancement de nouveaux produits ou sur de nouvelles indications pour ses médicaments existants pour prendre le relais.
Il avait aussi évoqué en janvier, lors du Forum économique mondial à Davos, les opportunités d'investissement pour les grands laboratoires disposant de ressources suffisantes dans des sociétés de biotechnologies qui, avec la hausse des taux d'intérêt, commencent à rencontrer des difficultés de financement.
(Avec AFP)
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