Économies d'eau : Christophe Béchu appelle « toute la filière industrielle à se mobiliser »

Ce lundi, l'exécutif a révélé une liste de douze sites industriels - sur cinquante au total - qui seront accompagnés par l'Etat pour réduire significativement la quantité d'eau prélevée pour leur fonctionnement. Parmi eux, le site du fabricant de plastique, PVC Kem One à Balan dans l'Ain a reçu la visite du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, ce lundi. Une démarche qui s'inscrit dans le cadre du plan eau dévoilé par Emmanuel Macron le 30 mars dernier.
Le site de TotalEnergies à Donges en Loire-Atlantique fait partie de la liste des 12 sites industriels révélés ce lundi et qui seront accompagnés par l'Etat pour réduire leur consommation d'eau.
Le site de TotalEnergies à Donges en Loire-Atlantique fait partie de la liste des 12 sites industriels révélés ce lundi et qui seront accompagnés par l'Etat pour réduire leur consommation d'eau. (Crédits : BENOIT TESSIER)

[Article publié le lundi 21 août 2023 à 09H19 et mis à jour à 14H55]C'est l'un des cinquante sites industriels chargés de réduire leur consommation d'eau. Ce lundi, le fabricant de plastique, PVC Kem One, recevait la visite de trois ministres, celui de la Transition écologique, Christophe Béchu, et de ses collègues de l'Industrie et de la Biodiversité, Roland Lescure et Sarah El Haïry, sur son site de Balan dans l'Ain. L'occasion de mettre en lumière les efforts réalisés par l'entreprise dont le site a diminué en 2023 ses prélèvements en eau de 20% par rapport à 2019.

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« Vous avez vu que c'est au moment où ils se sont penchés sur leur consommation qu'ils ont découvert qu'ils avaient 10% de fuites », a ainsi salué Christophe Béchu. Le directeur du site de Balan a, en effet, attribué ses bons résultats en matière d'économie d'eau à « la recherche de fuites sur les réseaux », une opération compliquée compte tenu du fait qu'ils sont enterrés, a-t-il expliqué à l'AFP. Le site qui a également remis à plat ses processus industriels et investi en 2023 « un peu plus de 600.000 euros sur la gestion de l'eau », a-t-il ajouté.

Rappelant que l'industrie représente 8% des prélèvements en eau en France et 4% de sa consommation, le ministre de la Transition écologique a regretté que « la plupart des acteurs ne se préoccupent pas des volumes qu'ils consomment parce qu'ils ont l'impression que ça n'est pas cher et ne sont donc pas suffisamment vigilants concernant les fuites ».

Il faut « sensibiliser, inciter à faire en sorte de recueillir les données et lancer tous les programmes d'action qui permettent d'avoir des victoires rapides de lutte contre le gaspillage », a-t-il ainsi résumé.

Un accompagnement de l'Etat

PVC Kem One fait ainsi partie de la liste de douze sites industriels révélée ce lundi - sur les cinquante plus gros consommateurs d'eau en France - qui seront accompagnés par l'Etat pour réduire significativement la quantité d'eau prélevée pour leur fonctionnement. L'Etat entend avant tout « accompagner » les industriels, notamment par le biais des agences de l'eau, pour « faciliter le co-financement d'études, faciliter le co-financement de la mise en œuvre des solutions trouvées, et faciliter la mise en œuvre administrative de ces solutions », avait ainsi précisé une source gouvernementale plus tôt dans la journée. Sur le plan financier, « on ne crée pas de dispositif ad hoc », mais la révision à la hausse de 475 millions d'euros du budget annuel des agences de l'eau, annoncée le 30 mars, « participe à cette montée en puissance » de l'accompagnement des industriels, a-t-elle précisé.

Christophe Béchu a, lui, assuré que 100 millions d'euros étaient fléchés au sein du dispositif France 2030 « de façon spécifique pour les innovations dans le domaine de l'eau et qui sont à disposition de ces industriels ».

Et d'ajouter qu'« au travers de l'exemple de cette entreprise [PVC Kem One, ndlr], c'est un appel à toute la filière industrielle à se mobiliser. Et elle va être accompagnée dans les semaines qui viennent. Il y a 19 comités de filière industrielle en France qui vont, entre le début du mois d'octobre et la fin de l'année, secteur par secteur, présenter de manière concrète leurs préconisations pour tous les sites industriels du pays ».

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TotalEnergies, ArcelorMittal...

Cette visite du ministre de la Transition écologique s'inscrit dans le cadre du plan eau dévoilé le 30 mars dernier par Emmanuel Macron au lac de Serre-Ponçon dans les Hautes-Alpes. C'est même « le premier déplacement que nous consacrons à la déclinaison du plan eau sur sa partie industrielle », a précisé Christophe Béchu. Cinq mois plus tôt, le président avait fixé l'objectif de réduire de 10% les prélèvements en eau du pays d'ici 2030.

Pour établir la liste des 50 usines engagées, qui doit être arrêtée d'ici la fin de l'année, « on a regardé quels étaient les sites gros consommateurs en eau, dans des territoires en tension sur la ressource et où, dans un dialogue préalable avec l'industriel, on pressentait des potentiels d'économies d'eau », a précisé la source gouvernementale. Parmi les noms déjà révélés figurent également le site de raffinage de TotalEnergies à Donges (Loire-Atlantique), celui d'ArcelorMittal à Dunkerque (Nord) et de Florange (Moselle) ou encore de la coopérative laitière d'Isigny-sainte-Mère (Calvados).

La production d'énergie pointée du doigt

Lors de son allocution en mars dernier, Emmanuel Macron avait également pointé du doigt la consommation d'eau pour la production d'électricité, actuellement de 12%.

« Sur le nucléaire, on doit adapter nos centrales au changement climatique pour fonctionner beaucoup plus en circuit fermé », avait-il énoncé, dénonçant le fait que « les centrales utilisent l'eau et la rejettent ce qui a un effet sur la température et joue sur le niveau dans la durée ».

Concernant l'hydroélectricité, le chef de l'Etat avait souligné la nécessité d'« adapter le rythme de nos barrages aux enjeux du climat ». L'objectif : définir dans chaque territoire les règles les plus adaptées aux différents usages et au partage de l'eau.

Développer les réutilisation des eaux usées

Autre volet du plan eau : la réutilisation des eaux usées. « Notre ambition est de passer de 1% à 10% d'ici à 2030 d'eau usée retraitée et réutilisée », avait indiqué Emmanuel Macron, c'est-à-dire « réutiliser 300 millions de mètres cubes, soit trois piscines olympiques, par commune », précisant que 1.000 projets seront, en outre, lancés en cinq ans dans ce but. « Nous devons aussi faciliter et accélérer les procédures administratives et lever quelques verrous administratifs », avait-il admis.

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À ce propos, si un décret relatif aux usages et aux conditions de réutilisation des eaux usées traitées existe déjà, il devrait être révisé dans les prochains jours afin d'élargir et de faciliter cette pratique. C'est en effet ce qu'avait annoncé le ministère de la Transition écologique fin juillet, ciblant notamment « les arrosages d'espaces verts par les collectivités locales, le fait de pouvoir nettoyer des bateaux... ». D'autres textes devraient voir le jour au second semestre pour « favoriser la réutilisation des eaux usées dans l'agro-alimentaire » et permettre l'utilisation « des eaux grises, à domicile : c'est-à-dire par exemple que l'eau d'une douche ou d'un lave-linge puisse être réutilisée dans le fond des toilettes plutôt que ça soit de l'eau potable qui alimente tout ça », avait-il ajouté.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 22/08/2023 à 14:12
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Il est certain que pouvoir faire pareil avec moins est indispensable si le futur est "moins", sinon ça obligerait à arrêter/fermer des installations. C'est pas un problème de prix comme le gaz ou l'électricité il y a peu, mais de ressources naturelle...

à écrit le 21/08/2023 à 13:11
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C'est seulement un prétexte pour taxer une fois de plus les grands groupes... Le mieux pour TotalEnergie c'est de sortir les activités de raffinage de France. Aller raffiner outre-frontières évitera tous ces problèmes ...et les grèves à répétition ...

le 22/08/2023 à 14:07
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Certains disaient que le raffinage allait (ou devrait) se faire dans les pays producteurs pour exporter les carburants prêts à utiliser, mais ça n'est pas encore le cas (serait-ce une bonne idée ? Installations dangereuses, éventuellement polluantes,...

à écrit le 21/08/2023 à 12:19
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Les usines qui produiront de l'hydrogène en consommeront de l'eau (2g H2 pour 18g (18mL) H2O) avec un rendement de 100%. A savoir quel sera le besoin mondial, selon les usages (trains, et camions par ex, voire avions (?)). "l'eau d'une douche ou d'u...

à écrit le 21/08/2023 à 11:17
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Au début des années 90, je n'étais qu'un jeune financier cupide (mon repenti n'interviendra que beaucoup tard: au T4 2007 - whistleblower crise financière de 2008) alors que l'or bleu était déjà une ressource exploitable et à la source de juteux prof...

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