Fret ferroviaire : le fabricant de wagons de marchandises Inveho sur de bons rails

ORVAL (CHER). L’objectif annoncé par l’Union européenne d’atteindre 30% de fret via le ferroviaire d’ici 2030 génère de fortes perspectives de croissance pour le fabricant de wagons de marchandises Inveho. A la clé, l’ouverture d’un cinquième site de maintenance à Lyon en 2024 et un redimensionnement à la hausse de sa seule usine de production basée dans le Cher.
Le marché porteur du fret ferroviaire laisse espérer à Inveho une hausse de 5% par an de son chiffre d’affaires, qui doit en principe atteindre 220 millions d’euros hors inflation en 2025.
Le marché porteur du fret ferroviaire laisse espérer à Inveho une hausse de 5% par an de son chiffre d’affaires, qui doit en principe atteindre 220 millions d’euros hors inflation en 2025. (Crédits : Reuters)

Inveho lancera d'ici quelques semaines les travaux de construction d'un nouvel atelier de maintenance de wagons de fret sur la commune de Loire-sur-Rhône, située à une vingtaine de kilomètres au sud de Lyon. Sur une parcelle de 14.000 m2, le site accueillera au premier trimestre 2024 un bâtiment couvert de 1.200 m2. Le groupe prévoit à terme d'employer quelque 25 salariés à Loire-sur-Rhône qui constituera ainsi le sixième établissement de son réseau hexagonal.

Cet accroissement des capacités industrielles d'Inveho s'inscrit dans un contexte de forte augmentation enregistrée sur la demande européenne de wagons de marchandises.

« Depuis 2010, les livraisons annuelles ont été multipliées par neuf passant d'une centaine de wagons à 900 prévues cette année, explique Julien Mathiaud, directeur général d'Inveho. Avec des besoins de maintenance qui augmentent parallèlement, notre outil doit s'adapter automatiquement pour répondre aux sollicitations de nos clients ».

A la clé de cette croissance, les atouts du transport ferroviaire, grâce une empreinte carbone limitée, face aux autres moyens routiers et fluviaux notamment.

Une seule usine de production dans le Cher

Filiale de la holding Streem, co-detenue par la Caisse des dépôts et consignations du Québec et le fonds d'investissements de la Deutsche Bank DWS, le réseau Inveho regroupe sept sites de maintenance, dont trois en Allemagne et quatre en France, à Fos-sur-mer et Miramas dans les Bouches-du-Rhône, Créteil dans le Val-de-Marne, Achiet-le-Grand dans le Pas-de-Calais. Seule usine de production du groupe, le site d'Orval dans le sud du Cher emploie 220 salariés. Il a réalisé 100 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2022, soit 50% des recettes totales d'Inveho (200 millions d'euros).

Avec 850 collaborateurs, le groupe adresse essentiellement les majors de la location de matériels ferroviaires. Outre Ermewa, également filiale de Streem, Inveho fournit l'entreprise allemande VTG, la société autrichienne GATX ainsi que l'acteur suisse Wascosa. Leader en France de la fabrication de wagons, avec pour seul concurrent de poids le groupe nordiste Millet, Invenho déploie une gamme complète de quelque 15 modèles de wagons de fret, porte-conteneurs et citernes.

Bruxelles veut dynamiser le fret ferroviaire

Avec le dérèglement climatique, accéléré par la crise sanitaire du Covid 19 en 2020, l'augmentation à marche forcée du transport de fret ferroviaire est devenue une priorité pour l'Union européenne. Bruxelles a ainsi fixé aux 27 Etats membres un objectif de 30% des flux de marchandises effectués par le rail à l'horizon 2030.

Si la moyenne actuelle est de 18% à l'échelon européen, elle se situe à seulement 10% dans l'Hexagone, où 80% du fret de marchandise est acheminé par la route. « Notre marge de progression reste très importante dans la mesure où, d'une part la décarbonation de l'industrie, à laquelle contribue pleinement le transport ferroviaire, constitue un enjeu prioritaire, se félicite Julien Mathiaud. D'autre part, le besoin de renouvellement du parc européen de wagons de marchandises, qui est vieillissant, constitue parallèlement un appel d'air pour les fabricants. Il concerne plus particulièrement le transport des bobines d'acier ». Le marché porteur du fret ferroviaire laisse espérer à Inveho une hausse de 5% par an de son chiffre d'affaires, qui doit en principe atteindre 220 millions d'euros hors inflation en 2025.

Dans ce contexte, Inveho compte encore muscler son outil de fabrication à Orval. L'usine de quelque 20 000 m2 a déjà été agrandie de 10% en 2022 et une dizaine de salariés supplémentaires ont été embauchés. Le centre névralgique berrichon du groupe a été parallèlement doté d'un nouvel outil informatique afin de fluidifier les process industriels. La prochaine étape pour Inveho consistera à investir lourdement dans la robotisation afin d'automatiser les tâches les plus pénibles.

Des difficultés de recrutement

Outre le renforcement de la production, elle a également pour enjeu d'améliorer l'attractivité du site d'Orval en termes de recrutement. Le groupe, qui prévoit d'embaucher entre 30 et 40 collaborateurs d'ici 2025, se heurte à des difficultés renforcées par la bonne tenue de l'emploi en France.

L'adhésion d'Inveho depuis début 2023 à Mecateam cluster, regroupement de quelque 140 sous-traitants du ferroviaire ayant ouvert avant l'été un second centre à Saint-Pierre-des-corps (37), devrait notamment contribuer à pallier en partie ce handicap. A cet égard, le cluster prévoit d'ouvrir un centre de formation et d'essai, afin de découvrir les métiers du rail et, ainsi, d'encourager les vocations.

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