A la Fnac (et ailleurs), le travail du dimanche divise plus que jamais

CGT, Sud et de FO, majoritaire à la Fnac s’opposent par principe à l’extension de l’ouverture dominicale. Ils rejettent un accord validé par une autre partie des représentants des salariés, au terme de longues tractations sur les détails du texte et en particulier sur les compensations. Les négociations se poursuivent aussi dans d’autres magasins.
Marina Torre
Les syndicats majoritaires à la Fnac comptent s'opposer au projet d'accord sur l'extension du travail dominical et nocturne.

Qui veut travailler le dimanche? Et surtout à quelles conditions? Dans le commerce, depuis le vote de la loi Macron en 2015, la question divise plus que jamais les salariés. Ceux de la Fnac particulièrement. D'autant plus que depuis les appels de son PDG d'Alexandre Bompard, puis la désignation des "zones touristiques internationales" (ZTI) où se trouvent toutes les adresses parisiennes de l'enseigne, "l'agitateur culturel" en est devenu l'un des symboles.

Chez ce dernier, s'ouvre une période de consultation de trois mois maximum au terme de laquelle les dispositions finales sur l'extension du travail dominical et nocturnes seront notifiées officiellement aux employés. Elles seront alors susceptibles d'être contestées. Ce qui devrait vraisemblablement se produire.

Oppositions de principe

En effet, pour l'heure, le projet issu de plusieurs mois de négociations bénéficie du soutien de trois syndicats: CFDT, CFTC et CFE-CGC, qui ont annoncé leur intention de le parapher ce 20 janvier. Il s'agit de syndicats minoritaires qui représentent 30% des suffrages lors des dernières élections professionnelles. De leur côté, CGT, FO et Sud, qui eux sont majoritaires, ont rappelé dans la foulée leur opposition catégorique.

"Nous ne discutons pas des détails, nous sommes opposés au principe même de l'ouverture du dimanche", indique ainsi à la Tribune Catherine Gaigne, représentante SUD.

D'autres représentants à la CGT et FO ont signalé leur intention de s'opposer formellement à l'accord. Parmi les motifs de rejet invoqués figure entre autres la crainte d'une "précarisation des salariés" en cas de recours à davantage de travail à temps partiel, les doutes sur la réalité du volontariat notamment pour les salariés extérieurs (sécurité, intérimaires etc.) ou encore, l'impact sur la répartition du travail pendant le reste de la semaine en raison de l'augmentation prévisible du nombre de jours de compensation.

Quelles compensations?

Ces jours de compensation ainsi que les majorations salariales ont déjà fait l'objet d'âpres négociations. La dernière mouture de l'accord prévoit que, dans les zones concernées, la rémunération serait triplée pour 12 dimanches où l'activité est la plus forte sur 52 et doublée pour les 40 autres. Pour les 12 dimanches en question, serait laissée au salarié la possibilité de choisir entre le versement de cette majoration dans son intégralité ou bien l'obtention d'un jour de repos supplémentaire et d'une compensation salariale de laquelle une journée de salaire serait déduite.

Pour rappel, un autre élément entre en jeu: la localisation des magasins, deux cas de figures se présentent avec des modalités différentes. Soit ils sont situés dans une "zone touristique internationale" ou tout autre zone commerciale autorisée à ouvrir ses portes 52 dimanches par an. Soit ils se trouvent hors de ces zones et ne pourront donc être ouverts que 12 dimanches par an au maximum (les "dimanche du maire") - à la place de 5 avant la loi Macron. Dans ce dernier cas, une majoration de 100% ainsi qu'un jour de repos compensateur sont prévus.

Oui chez Zara, non au BHV

Que ce soit pour des questions de majorations salariales, de repos compensateurs ou plus largement sur le principe même d'une extension de la semaine de travail, le sujet divise aussi ailleurs. Ainsi un accord portant sur le travail dominical et nocturne a-t-il été validé fin décembre chez Inditex (Zara, Bershka etc.) où la CFDT est majoritaire.

De même, chez Darty, que le groupe Fnac est en passe d'acquérir, la direction a annoncé un accord en octobre. Mais celui-ci a rapidement été contesté par le Clic-P, collectif parisien qui s'oppose depuis plusieurs années à l'extension des ouvertures dominicales et nocturnes des magasins.

Les clients viendront-ils?

Le sujet est toujours en discussion chez Apple, dont plusieurs magasins sont situés dans des ZTI. Là, il a été question d'une majoration de 50% puis 65% ainsi qu'une prise en charge des frais de garde d'enfants à hauteur de 400 euros. Dans les grands magasins, faute d'accord de branche, chaque entreprise proposera sa mouture. L'une d'elle a déjà été rejetée au BHV...

Autant dire que le travail du dimanche devrait encore rester un sujet de débat dans les prochains mois. Ce d'autant plus que si la fréquentation touristique ne se relève pas, des magasins ouverts mais sans clients peineront à créer les nouveaux emplois tant espérés.

Marina Torre

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Commentaires 24
à écrit le 22/01/2016 à 8:57
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J'ai bossé 10 ans dans la distribution (chef de département produit frais) après mon école de commerce La difficulté pour les salariés c'est l'absence de vrai choix Quand vous payez les salariés au lance pierre vous les tenez par le fric Vous pose...

à écrit le 22/01/2016 à 6:25
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N'y a t'il rien de plus intéressant à faire le Dimanche ? à croire que NON ! et bien voici des idées qui ne rapportent rien mais qui font du bien : se ballader (jardins publics, musées,quais,..) faire un tour au marché (lègumes, fruits, fleurs..) ...

à écrit le 21/01/2016 à 19:22
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la solution pourrait être de travailler le dimanche et de fermer les autres jours de la semaine.... De toute façon plus de 80% des produits "techniques" de la FNAC sont des produits importés, on pourrait ainsi réduire le déficit de la balance des pa...

à écrit le 21/01/2016 à 17:19
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Le sujet ne mettra jamais personne d'accord. La seule chose qu'on peut constater, c'est que la partie "patronale" en veut toujours plus, qu'elle obtient beaucoup et que les syndicats ne font que limiter la casse. La stratégie "patronale", c'est de f...

à écrit le 21/01/2016 à 9:54
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Les commentaires me font font sourire. Les sondages sont assez claires, les gens veulent aller faire leurs courses le dimanche mais pas travailler. Le "je veux profiter mais sans contrainte". C'est pas un débat économique or certains veulent le rédui...

le 21/01/2016 à 14:18
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Sauf que beaucoup de gens de consomment pas autant qu'ils le pourraient parce que qu'ils n'ont pas le temps de le faire en semaine. C'est donc de la consommation perdue pour la croissance....et l'emploi. Enfin il faut aussi être cohérent. Pourquoi l...

le 21/01/2016 à 16:27
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@Jeff : "Sauf que beaucoup de gens de consomment pas autant qu'ils le pourraient parce que qu'ils n'ont pas le temps de le faire en semaine", sans déconner, vous êtes sûr ? La vache, ça doit en faire du pognon sur les comptes qui trépignent d'impatie...

le 23/01/2016 à 11:29
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Il y a environ 900 milliards d'euros qui dorment dans les livrets réglementés et les comptes à vue, les Français faisant partie des champions de l'épargne en France, ça fait du pognon qui n'est pas utilisé et qui est thésaurisé :) Mais bon on est en...

à écrit le 20/01/2016 à 23:31
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les syndicats ne sont pas représentatifs et il faut piétiner ces profiteurs d'un système médiéval .

le 21/01/2016 à 14:41
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Effectivement , pietinons le Medef, la CGPME et UPA

le 22/01/2016 à 8:52
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Les syndicats sont élus dans les entreprises Qu'il y ait de l'abstention c'est une chose, mais cela est vrai dans toutes élections Si vous ne votez pas c'est votre choix et nous le respectons, mais ne venez pas critiquer ensuite Dans toute électi...

à écrit le 20/01/2016 à 23:15
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Ci-après les horaires de travail (depuis des années...) d'un des magasins FNAC au Portugal: 10h-23h du Dimanche au Jeudi, 10h-24h le Vendredi, le Samedi et les veilles d'un Jour Férié! A bon entendeur...

à écrit le 20/01/2016 à 20:11
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Le travail le dimanche n'a rien de si terrible. On ne parle pas de travailler plus mais de travailler différemment (avec des compensations de surcroît)... Ok ça demande de l'organisation quand le reste de la famille n'est pas aux même rythme... Mai...

à écrit le 20/01/2016 à 20:09
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Venez travailler dans l'hôtellerie, le travail le dimanche et les jours fériés sont ne pas payés double, horaires décalés, horaires de nuit pas payés double....pays de feignant ou en faire le moins semble le plus important...qu'ont fait les syndicats...

le 21/01/2016 à 7:30
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Exactement. Pays où l'on préfère être au chômage que faire un "petit" boulot, recevoir des aides sociales plutôt que de faire des heures sup ou travailler le dimanche. Pas étonnant que la dette explose!

à écrit le 20/01/2016 à 18:44
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95 % des syndiqués CFDT du commerce parisien ont voté la désaffiliation de leur confédération. Cette organisation n'a plus de réelle représentativité dans le secteur.

à écrit le 20/01/2016 à 18:39
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Les 3 syndicats relèvent plus du parti d'extrême gauche que du syndicalisme. Ils haïssent l'entreprise privée, détestent les salariés qui ont de l'ambition. Avec ces 3 syndicats, on coule un pays très vite. Leur idéologie fétiche, le communisme, a...

le 20/01/2016 à 18:54
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Les déboires de la FNAC sont bien antérieurs à la prise de position, de la CGT, de FO (qui fut surtout un syndicat anti rouges, et de SUD et sont surtout dus à une stratégie d'entreprise aberrante dont les salariés qu'ils soient ou non syndiqués ne p...

à écrit le 20/01/2016 à 17:49
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Quand des syndicats croupions, non représentatifs, prévaricateurs, subventionnés, ultra protégés des politiques, s'opposent aux salariés et imposent leur loi de planqués, on ne peut plus dire qu'on est en démocratie.

le 20/01/2016 à 18:23
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"s'opposent aux salariés " Que veut dire dans ce cas syndicat majoritaire ou minoritaire au sein de la FNAC si ce n'est que le résultat que des élections professionnelles ou l'ensemble des salariés peuvent choisir leurs représentants y' a pas plus...

à écrit le 20/01/2016 à 17:43
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Mais bon dieu, laissez travailler les gens qui en ont envie !!! Les syndiqués représentent 10 à 15 % des salarié et il est donc scandaleux qu'ils puissent décider pour les 85 à 90 de non-syndiqués. Je sais aussi (par expérience) qu'il est facile de s...

le 20/01/2016 à 19:00
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La volonté de travailler en dehors des horaires normaux ne résulte pas d'un choix libre mais d'un choix contraint. L'ouverture des magasins le dimanche, ne correspond qu'à un fantasme économique d'un management déconnecté et entraînera de nouvelles...

le 20/01/2016 à 20:16
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Monsieur HR, laissez les salariés décider ce qui est bon pour eux. Avec un référendum, on serait vite fixé. Pourquoi avoir peur du résultat ?

le 21/01/2016 à 12:20
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@mister HR: Ni'importe quoi ! J'ai moi-même travaillé en 3x8 dans ma jeunesse et je sais d'expérience que se fair remplacer est extrêmement facile. Il y a des gens qui ont besoin de travailler, c'est à eux de choisir, pas aux syndicats qui ne représe...

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