
Les résultats de cette expérimentation seront analysés précisément à la fin de la période estivale : une réunion est prévue avec le Conseil régional de Bretagne fin septembre. Mais d'ores et déjà, Stéphane Finet, le gestionnaire d'un village éphémère installé mi-juin à Saint-Pol-de-Léon (Finistère) pour loger une dizaine d'étudiants, salariés saisonniers de structures touristiques ou d'entreprises locales, se déclare extrêmement satisfait.
Le patron de la société Seasons Beds, créée en juillet 2022 à Carantec, a réussi le buzz et fait connaître cette solution alternative, à prix raisonnable, organisée dans l'esprit des villages de festivals, pour héberger en bungalows de chantier neufs les saisonniers des zones touristiques tendues.
L'initiative suscite la curiosité d'autres collectivités et en 2024 deux à trois villages éphémères plus haut de gamme pourraient voir le jour dans cinq régions littorales, Bretagne, Pays de La Loire, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Région Sud.
Site sécurisé à 10 euros la nuité
« De Deauville à Cannes, les mairies, les agglomérations ou les offices de tourisme pointent tous leurs difficultés de loger les saisonniers quand les campings et les locations de vacances affichent complet. J'organise actuellement une levée de fonds pour augmenter le capital de la société et faire entrer des investisseurs (industriels, hôteliers, interim...) » indique l'entrepreneur, également à la tête de Boxconseils, une entreprise de négoce et de location de containers, notamment sur les 24 Heures du Mans.
Soutenu à titre expérimental par la Région Bretagne à hauteur de 26.110 euros pour l'ensemble du projet, cet équipement modulaire, situé Place de la gare à Saint-Pol-de-Léon et bénéficiant de services de gardiennage et d'entretien, sera démonté pour le 30 septembre.
Locataire du terrain viabilisé alloué de manière temporaire par la commune, la société Seasons Beds a investi 60.000 euros au total et monté sept bungalows de 14 m2 avec lit, chevet, penderie.
Associés à des espaces communs, (sanitaire, laverie, conciergerie, zone de détente), ceux-ci sont commercialisés à des entreprises en quête de logement pour leurs saisonniers au montant de 300 euros par mois (900 euros pour trois mois). Ce prix permet de garantir une nuité à 10 euros, mais pas l'équilibre global du projet.
« Le site est proche des réseaux de transports en commun et a attiré des saisonniers de différents secteurs (restauration, centre aéré, agriculture, transport) travaillant à Saint-Pol-de-Léon mais aussi dans un rayon de 20 kilomètres, à Roscoff, Santec, Carantec, où la demande de main d'œuvre est forte » détaille Stéphane Finet.
Nouveau modèle économique et enjeux écologiques
Défendant l'idée de mobilité douce et de réduction de l'empreinte carbone par l'installation d'hébergements proches des lieux de travail, Stéphane Finet a conçu son premier village éphémère comme un « show-room » à ciel ouvert.
Pour étendre l'expérimentation à d'autres sites et à d'autres régions en 2024, le dirigeant travaille sur un plan à deux saisonnalités. Montée en gamme autour de containers aménagés comme un appartement dans « un esprit coloc », avec stockage d'énergie, recyclage en eau et vélos électriques, son offre d'hébergement serait déployée de mi-juin à fin août en Bretagne, Pays de La Loire et Nouvelle-Aquitaine, et d'avril à octobre en Occitanie et en Région Sud.
« L'hôtellerie éphémère repose sur deux critères de rentabilité des coûts fixes, la durée et la quantité. Il s'agirait de créer un village type monté de la même manière partout, à raison de deux à trois sites par région. Voire de pénétrer un second marché l'hiver auprès des Cités U et des Crous », ambitionne Stéphane Finet.
Internat et aide de Pôle Emploi en Bretagne
L'entrepreneur rêve même de créer une communauté de la main-d'œuvre saisonnière autour de Régis, la mascotte-logo de Seasons Beds, Pour l'heure, les collectivités regardent de près cette solution inédite.
En Bretagne, le village éphémère de Saint-Pol-de-Léon fait partie des diverses initiatives mises en place cet été pour loger les salariés. Plus de 200 lits, soit le double de l'an dernier, ont aussi été mis à disposition dans les internats de Saint-Malo, de Dinan, du lycée hôtelier de Dinard et du lycée de Lamballe.
De son côté, Pôle Emploi Bretagne a par également lancé sur son site un service expérimental permettant aux saisonniers de se loger sans se ruiner dans les villes touristiques. Début août, la plateforme proposait plus de 1.000 logements dans une soixantaine de communes.
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