Surtourisme : les Français réclament des quotas

Selon une étude OpinionWay, 80 % des Français sont prêts à partir en vacances vers des lieux moins fréquentés et 60 % sont prêts à limiter le nombre de leurs voyages.
(Crédits : © BERNARD JAUBERT/ ONLYFRANCE.FR)

Cette semaine, Bali est venue s'ajouter à la longue liste des destinations qui prennent des mesures pour lutter contre les impacts négatifs du tourisme. Depuis mercredi dernier, l'île indonésienne impose aux visiteurs étrangers une taxe d'environ 10 euros pour « protéger la culture et l'environnement ». Un choix qui ne devrait pas être un repoussoir pour les Français. Selon une étude réalisée par OpinionWay pour l'agence de voyages Evaneos, les Français ont déjà commencé à adopter de nouvelles habitudes de voyage pour lutter contre le surtourisme. Une notion dont l'appréciation di ère selon les sensibilités mais que Didier Arino, directeur général de la société de conseil Protourisme, résume ainsi : un afflux de visiteurs tel que « le milieu n'est plus capable de se régénérer ou que les populations locales ont le sentiment de ne plus pouvoir correctement se loger et se déplacer ».

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Venise, Florence, les calanques, Bréhat, même combat

Ainsi, selon l'étude, 52 % des Français se disent favorables à la mise en place de quotas de touristes sur les sites jugés surpeuplés. C'est d'ailleurs le choix fait pour la calanque de Sugiton, à proximité de Marseille. Mais aussi, depuis l'été 2023, par l'île bretonne de Bréhat, qui s'était fixé une jauge maximale de 4 700 visiteurs par jour du 14 juillet au 25 août. L'arrêté a été reconduit cette année, la mairie se félicitant d'avoir « accueilli quasiment le même nombre de visiteurs qu'en 2022, mais mieux répartis d'avril à fi n septembre ». De tels quotas sont souvent l'étape précédant la fermeture des sites trop fréquentés quand s'approche le point de non-retour. Une mesure certes radicale - mais souvent temporaire - qui a prouvé son efficacité notamment en Thaïlande pour la plage de Maya Bay. Venise, de son côté, bannit depuis 2021 les grands paquebots de son centre historique. Les bateaux, désormais, stationnent à bonne distance. Pour éviter cette extrémité, d'autres villes italiennes cherchent à orienter les touristes vers des lieux moins fréquentés. C'est le cas de Florence, qui a récemment lancé une campagne de promotion d'autres points d'intérêt touristique situés aux alentours.

Autre moyen de ne pas contribuer au surtourisme : partir en vacances vers des destinations ou des lieux moins fréquentés. 83 % des Français y sont prêts. Comme choisir « l'Albanie plutôt que la Grèce, la Corée du Sud plutôt que le Japon » ou privilégier des périodes moins fréquentées, par exemple « la saison des pluies pour visiter les parcs nationaux en Tanzanie plutôt que la saison sèche », explique Laurent de Chorivit, coprésident de l'agence Evaneos, qui invite les entreprises du tourisme à faire de telles recommandations. Dans la même veine, plus de six Français sur dix sont prêts à limiter leur nombre de voyages par an. Pour autant, cette sensibilisation cache un paradoxe : les Français ne sont que 23 % à s'estimer « en partie responsables » des conséquences d'une surfréquentation sur l'écosystème. En France, par exemple, 60 offices de tourisme bretons distribuent désormais une « charte du voyageur » qui décline douze bonnes pratiques pour protéger le patrimoine, sur un ton qui se veut ferme : « On ramasse ses déchets parce que c'est pas la mer à boire. »

« Un immense travail de sensibilisation reste à faire »

« Un immense travail de sensibilisation reste à faire », poursuit de son côté Laurent de Chorivit, qui met en exergue ce paradoxe : « 92 % des sondés ont identifié des situations de surtourisme, mais seuls 41 % estiment les avoir subies, ce qui traduit une forme de normalisation, voire d'acceptation du phénomène. » Néanmoins, cette étude révèle qu'une tendance au « slow tourism » se dessine, puisque 72 % des Français se disent prêts à voyager hors des sentiers battus. « 90 % du territoire français souffre du sous-tourisme », souligne Didier Arino. Avec près de 75 millions de visiteurs étrangers en 2022, il existe forcément une solution pour mieux répartir les flux, à défaut de s'engager vers une décroissance de ce poids lourd de l'économie mondiale. Une option qui ne semble être à l'agenda de personne - surtout pas des touristes. En témoigne le trafic aérien mondial, qui est presque revenu à son niveau d'avant la crise sanitaire.

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Commentaires 20
à écrit le 23/02/2024 à 9:50
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Il faut surtout interdire les commentaires stupides.

à écrit le 20/02/2024 à 4:08
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Tout cela dit ,avec le haro écologiste sur l'avion responsable de tous les maux climatiques le transport aérien va être de plus en plus taxé donc devenir de plus en plus cher et c'est une excellente nouvelle. Je voyage depuis 50 ans ,je vois les rav...

à écrit le 19/02/2024 à 15:45
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Il est quand même assez amusant de lire ici des ayatollah du marché prôner des restriction dudit marché par l'Etat... Mais les libéraux français n'en sont généralement pas à une contradiction près...

à écrit le 19/02/2024 à 9:45
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Je persiste et signe, le seul moyen d'endiguer le tourisme de masse destructeur est de rendre celui ci très cher. D'ailleurs d'un point de vue impact pour une destination touristique il sera toujours plus intéressant d'avoir 1 visiteur qui dépense ...

le 19/02/2024 à 12:09
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"avoir 1 visiteur qui dépense 100€ que 100 visiteurs dépensant 1€ chacun CQFD" Faut que tu bosses aussi le secteur touristique...

le 19/02/2024 à 13:24
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Totalement d'accord. Les quotas peuvent marcher sur certains sites mais au prix d'appauvrir ces sites. Globalement l'argent existe pour ça, pour permettre à chacun de se donner des priorités selon ses moyens et de travailler plus ou mieux pour en gag...

le 19/02/2024 à 15:33
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Petit problème, si des désirs à la portée du petit bourgeois aujourd'hui deviennent demain un privilège des kleptocrates, ça risque de très mal finir...

à écrit le 18/02/2024 à 22:34
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Il faut surtout une tolérance zéro pour le tourisme social africain...

le 19/02/2024 à 7:25
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Il faut surtout interdire les commentaires stupides.

le 20/02/2024 à 18:47
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@Dossier 51 MoucheAKK Vs ChatGPT 1-0 Les bienfaits de l'apprentissage profond...

le 23/02/2024 à 9:08
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Ben faut pas te laisser faire par un simple deep learning mon ami ! C'est pas encore l'IA tu sais faut pas écouter les racontars...

à écrit le 18/02/2024 à 16:47
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Les atouts de l'Albanie restent à démontrer : mer et environnement pollués, routes dangereuses, camping en nombre et qualité limités... Hormis certains secteurs à l'intérieur du pays peuvent présenter quelques intérêts. Décevant au total.

à écrit le 18/02/2024 à 10:02
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Bonne initiative mais insuffisante. La meilleur arme pour lutter contre le tourisme de masse est le doublement du prix des billets d'avion et de celui de l'hébergement touristique, ça calmera les envies d'évasion d'un grand nombre et ça rendra le vo...

le 18/02/2024 à 10:42
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Entièrement d'accord avec vous. C'est rare de lire un tel propos lucide. En général les commentateurs se réjouissent de bas prix confondant démocratie et saccage.

le 18/02/2024 à 11:20
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Pourquoi doubler les prix là où il suffit de limiter le nombre d'entrées comme cela existe déjà sur certains sites cela évite de faire une sélection par l'argent , premier arrivé premier servi .

le 18/02/2024 à 12:54
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il suffit de faire comme mme hidalgo avec la ville de paris ou une grande partie des francais ne souhaite plus visiter traverser paris a pieds aves des enfants en bas age est une stupidite en metro on ne voit rien en bus c'est l'insecurite en taxi...

le 18/02/2024 à 14:54
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Totalement d'accord. Le prix est le seul levier flexible et efficace. Et en plus ça permet de faire rentrer de l'argent. La sélection par l'argent est bien meilleure que la sélection par la stupidité de reserver plus vite que les autres.

le 18/02/2024 à 20:05
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Tout à fait, comme dans le passé (vers 1965-70), c'était très cher l'avion, on les regardaient atterrir et décoller à Orly sans penser pouvoir un jour monter dedans. Les vacances mondiales pour les riches (ils n'auront pas de foules sur site, quel b...

à écrit le 18/02/2024 à 8:51
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Merci, un sondage qui confirme bel et bien que le consommateur n'est pas mal intentionné en soi seulement complètement paumé au sein d'un immense supermarché.

le 18/02/2024 à 19:58
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Pas Mal intentionné, mais soumis au diktat de la Publicité, du "all inclusive" et du transport Low Cost. Le cocktail gagnant pour des vacances pourries qui pourrissent les sites et la vie des autochtones dans un Monde tout pourri.😃

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