Mobilités du quotidien : les entreprises de Bourgogne en quête de solutions innovantes pour leurs salariés

Depuis 2020, les entreprises de plus de 50 salariés doivent aborder la question de la mobilité de leur personnel dans leurs négociations annuelles. Ainsi, parmi les participants du Challenge des Mobilités organisé par l'Ademe, Keolis aide les entreprises en Bourgogne à élaborer des plans de mobilité internes, proposant des itinéraires personnalisés et promouvant le covoiturage. Le Crédit Agricole a, lui, adopté des plans de transport individualisés, incitant les employés à réduire l'utilisation de la voiture. Enedis Bourgogne mise sur les véhicules électriques, visant à électrifier 75 à 100 % de sa flotte d'ici 2030.
(Crédits : keolis)

Depuis le 1er janvier 2020 et l'entrée en vigueur de la Loi d'Orientation des Mobilités (LOM), les entreprises de plus de 50 salariés doivent intégrer à leurs NAO (négociations annuelles obligatoires) la problématique de « l'amélioration des mobilités quotidiennes des personnels ». Si aucun accord n'est trouvé, la réalisation d'un Plan de Mobilité est obligatoire.

Keolis, un des leaders mondiaux de la mobilité partagée, œuvre toute l'année sur le territoire bourguignon (750 collaborateurs à Dijon). L'entreprise les aide dans la mise en place de leur plan de mobilité interne. « Beaucoup de dirigeants ne savent pas comment s'y prendre », constate Laurent Calvalido, directeur Général Keolis Dijon Multimodalité - Transports. « Notre objectif est d'analyser comment inciter leurs salariés à utiliser des modes de transport en commun quand les conditions le permettent », explique-t-il. Pour cela, Keolis réalise une analyse détaillée des adresses des salariés, de manière anonyme, afin de regarder ceux qui sont à proximité d'arrêt de bus, par exemple. Ensuite, l'équipe se rend dans l'entreprise pour rencontrer les salariés et leur proposer des itinéraires personnalisés avec des cartes de transport adaptés.  Keolis organise également des opérations type « une semaine sans ma voiture ». Par exemple, récemment avec le CHU de Dijon ou le Crédit Agricole. « L'accompagnement consiste à proposer des cartes gratuites de transport pour découvrir le réseau de transport en commun, ou à fournir des vélos électriques », précise Laurent Calvalido. Côté covoiturage, Keolis met à disposition des entreprises, une application - qu'elle utilise aussi en interne pour ses propres salariés - « DiviaCovoit' ». « N'importe quel particulier peut s'y inscrire mais l'intérêt pour les entreprises, c'est qu'elles peuvent décider de créer une communauté ouverte ou fermée », indique Laurent Calvalido. Keolis accompagne de nombreuses entreprises tels que Urgo, Safra, Delpharm, Orange, mais aussi des établissements publics tels que la CAF, l'URSSAF, l'université de Bourgogne et puis les banques, notamment le Crédit Agricole Champagne-Bourgogne.

« Keolis à Dijon a agrégé les données personnelles des salariés pour leur donner un plan de transport individualisé, qui leur a été envoyé par mail. C’était un itinéraire conseillé pour tous les Dijonnais »,

Crédit Agricole Champagne-Bourgogne : des itinéraires personnalisés

Et s'il n'y avait pas une solution par salarié, mais des solutions ? En fonction de ses horaires, du télétravail autorisé un certain nombre de jours par semaine, de ses rendez-vous, etc. « Keolis à Dijon a agrégé les données personnelles des salariés pour leur donner un plan de transport individualisé, qui leur a été envoyé par mail. C'était un itinéraire conseillé pour tous les Dijonnais », confie Aymeric Arzalier, directeur du Crédit Agricole Champagne-Bourgogne (1.700 collaborateurs). « Résultat : un certain nombre de salariés ont décidé de ne pas prendre leur voiture un ou deux jours par semaine. Et c'est déjà gagné ! », se réjouit-il. Toutefois, le directeur ne s'interdit pas de réfléchir à des moyens plus « extrêmes » pour les Dijonnais qui habiteraient à moins de 2 km de la Caisse régionale. « Nous réfléchissons à leur interdire l'accès au parking par exemple », avoue-t-il. Ce dernier espère tout de même ne pas en arriver à prendre ce type de mesure et en appelle à la responsabilité de ses salariés.

Du côté du covoiturage, les mentalités changent depuis deux ou trois ans. « Grâce à nos actions de sensibilisation, renforcées dans un contexte où le pouvoir d'achat et l'inflation ont un impact sur le budget, nous voyons une évolution des comportements », constate Aymeric Arzalier. En février 2023, le Crédit Agricole Champagne-Bourgogne a lancé un appel d'offre pour définir la meilleure plateforme de covoiturage adaptée à ses salariés. Il a choisi Karos.

« 15% de nos collaborateurs s'y sont inscrits et c'est déjà près de 2.000 trajets réalisés sur les 6 dernier mois », précise-t-il. En 2022, 10% des collaborateurs du Crédit Agricole Champagne-Bourgogne utilisaient le covoiturage (occasionnellement ou régulièrement) et 10% de collaborateurs se déplaçaient à vélo ou à pied (occasionnellement ou régulièrement). « Nous étions à seulement 2% avant 2022 », s'enthousiasme Aymeric Arzalier. Ce dernier constate également que ses équipes utilisent de plus en plus la multimodalité.

« Nous sommes très moteurs sur la mobilité électrique, à la fois pour nos salariés à titre personnel et à titre professionnel »,

Enedis : moteur sur les véhicules électriques...

Le covoiturage est la mesure qui a le moins de succès chez Enedis, en Bourgogne (1.000 collaborateurs, dont 250 à Dijon). « Nos salariés habitent sur des sites dispersés, très peu habitent dans la métropole donc cela ne se prête pas vraiment au covoiturage », constate Thomas Fraioli, directeur régional Enedis Bourgogne. En revanche, la filiale d'EDF mise beaucoup sur le véhicule électrique, qui représente chez Enedis Bourgogne 26% de sa flotte, soit 151 véhicules électriques. L'objectif d'Enedis en France, est de passer, en 2030, entre 75 et 100% de la flotte de véhicules. Pour rappel, Enedis est déjà à la deuxième place en tant que plus grosse flotte de véhicules électriques en France (plus de 4.500 VE). « Nous sommes très moteurs sur la mobilité électrique, à la fois pour nos salariés à titre personnel et à titre professionnel », précise Thomas Fraioli. Enedis appartient à 100% au groupe EDF, qui a rejoint le programme EV 100 des grands groupes qui se sont engagés à passer 100% de leur flotte de véhicules légers à l'électrique en 2030.

...et bientôt hydrogène

Reste la problématique des véhicules utilitaires équipés de matériels pour dépanner les usagers. « Tant qu'il n'y aura pas de solution de mobilité électrique acceptable sur le marché du point de vue de l'autonomie et du poids transporté, nous attendrons avant de passer au tout électrique », regrette Thomas Fraioli. D'où, un chiffre plus proche des 75 % pour le nombre de véhicules électriques concernant la flotte d'Enedis, en 2030.

Une des pistes envisagées est l'hydrogène, une énergie plus adaptée à l'utilisation des véhicules utilitaires. Aussi, Enedis Bourgogne est la première a avoir rétrofité un camion Peugeot en l'équipant d'une pile à combustible plutôt que d'une batterie. « C'est l'une des voies d'avenir pour nous car Dijon est équipé de la première station hydrogène importante qui sera en service début 2024 », espère Thomas Fraioli. Toutefois, « Nous attendons impatiemment que cette technologie s'industrialise car pour l'instant cela coûte très cher », avoue-t-il. L'ensemble de la flotte de véhicule utilitaire chez Enedis représente entre 2.300 et 2.500 engins en France.

la filiale d’EDF mise beaucoup sur le véhicule électrique, qui représente chez Enedis Bourgogne 26% de sa flotte, soit 151 véhicules électriques.

Le principe de cette semaine du Challenge de la Mobilité est de « mobiliser les partenaires et les entreprises pour promouvoir des solutions locales de mobilité ». Pour départager les employeurs les plus imaginatifs, quatre prix seront à nouveau décernés au niveau régional : un prix « vélo », un prix « transports co' », un prix « covoiturage », et un prix « coup de cœur du jury ». L'innovation de cette année concerne les territoires. Un nouveau prix régional viendra récompenser les collectivités qui auront développé des actions de mobilisation innovantes et dynamiques sur leurs territoires. La deuxième édition du challenge avait enregistré une progression de 38 % du nombre d'entreprises décidées à accompagner leurs salariés vers l'abandon de l'automobile en solo. Cette année compte déjà 312 inscrits contre 204 en 2022.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.