Ouverture à la concurrence des bus parisiens de la RATP : Pécresse prête à temporiser !

La présidente d'Ile-de-France Mobilités (IDFM) Valérie Pécresse se dit prête à « une mise en œuvre progressive » de l'ouverture à la concurrence des bus parisiens de la RATP, dont la fin du monopole prévue fin 2024 pourrait entraîner des grèves pendant les Jeux olympiques. Une proposition de loi, qui vise à reporter de quatre ans la mise en place de cette concurrence, doit être examinée ce mardi par la commission du développement durable de l'Assemblée nationale.
Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France ne renonce pas à faire rouler à Paris des bus de concurrents de la RATP dès le 1er janvier 2025.
Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France ne renonce pas à faire rouler à Paris des bus de concurrents de la RATP dès le 1er janvier 2025. (Crédits : Reuters)

Valérie Pécresse met un peu d'eau dans son vin. La présidente de la région Île-de-France se dit aujourd'hui, dans une interview au Figaro, prête à faire des concessions dans le cadre de la mise en place de la concurrence des bus franciliens gérés par la RATP.

Lire aussiValérie Pécresse toujours hostile au report de l'ouverture à la concurrence des bus parisiens

« Reporter, c'est renoncer. Il faut que la date de cette ouverture à la concurrence reste le 1er janvier 2025. Et nous serons prêts pour cette échéance. Mais on peut imaginer une mise en œuvre progressive en s'inspirant de ce que nous avons fait pour l'ouverture à la concurrence dans les bus de la grande couronne parisienne » où le processus lancé en 2021 est toujours en cours, a ajouté l'élue (LR). « Aujourd'hui, nous avons attribué 30 des 37 lots en jeu (en grande couronne). C'est le modèle que je défends pour les bus parisiens. »

Lire aussiEn prévision des JO 2024, la RATP lance une campagne de recrutement « sans précédent »

Rassurer les agents de la RATP

Après quelques couacs, IDFM a mis en place « une charte sociale unique en Europe qui a permis de réussir cette opération et de rassurer les salariés », selon la présidente. « Il y avait chez les agents de la RATP une grosse inquiétude sur les modalités d'un éventuel transfert chez un autre opérateur. » L'ancien patron de la RATP et de La Poste Jean-Paul Bailly a alors été nommé pour plancher sur la mise en œuvre de la concurrence. « Petit à petit, il leur apporte des réponses qui les rassurent ». Jean Castex, président actuel de la RATP, avait alerté sur les inquiétudes des agents.

A l'évocation de risques de grèves des personnels de la RATP pendant les JO de l'été 2024, Valérie Pécresse avait déclaré début avril qu'il s'agissait là de « chantage » et soulignait qu'elle allait « faire des propositions (...) dans quelques semaines », promettant de « proposer un chemin crédible et sûr pour cette transition » entre le monopole de la RATP et l'exploitation des bus par des opérateurs alternatifs, privés ou publics.

Une proposition de loi vise un report en 2028

Autre obstacle dans le plan de Valérie Pécresse : proposition de loi du député communiste Stéphane Peu qui vise un report au 31 décembre 2028. Selon la présidente de la Région Ile-de-France, si ce texte «  était adopté, il bloquerait ce processus de convergence en cours. » La loi doit être examinée ce mardi 11 avril par la commission du développement durable de l'Assemblée nationale.

En acceptant une mise en œuvre progressive, Valérie Pécresse semble aussi avoir entendu le ministre délégué aux Transports Clément Beaune, pressé de retarder l'ouverture à la concurrence par un front allant de la gauche à quelques macronistes. « Ma ligne de conduite depuis le début, c'est de dire « soyons pragmatiques », avait-t-il dit vendredi devant quelques journalistes. « L'ouverture à la concurrence, ce n'est ni un gros mot, ni un totem. L'idée, c'est que ça marche, (qu'on ait) du service public qui marche, au moins aussi bien et si possible mieux. (...) S'il faut quelques mois de plus, prenons quelques mois de plus », avait-il ajouté, sans prendre clairement position sur la proposition de loi.

La question des transports pour les JO-2024 inquiète des députés

Île-de-France Mobilités (IDFM) prévoit de transporter 7 millions de voyageurs pendant les deux semaines des Jeux olympiques - du 26 juillet au 11 août 2024 - et 3 millions pendant les paralympiques du 28 août au 8 septembre 2024. Dans une lettre adressée au ministre des Transports Clément Beaune, Valérie Pécresse a alerté sur le déficit de ressources financières pour garantir le bon fonctionnement des transports pendant les Jeux olympiques, et réclamé des engagements de l'Etat.

Début avril, elle a réaffirmé « ne pas avoir l'argent pour ouvrir les extensions de la ligne 14 et du RER E » avant de souligner qu'il « n'est pas question que ce soit les voyageurs qui paient, ni les collectivités qui n'en ont pas le moyens ». Elle a tenu ses propos en marge de l'inauguration de la gare de Mantes-la-Jolie, rénovée pour accueillir le terminus du RER E dont l'arrivée est prévue fin 2026. En attendant, un premier tronçon de l'extension doit ouvrir entre Haussmann Saint-Lazare et Nanterre dès juin 2024.

Autre inauguration très attendue, notamment dans la perspective des Jeux olympiques, le prolongement de la ligne 14 du métro entre Saint-Denis Pleyel au nord et l'aéroport d'Orly au sud dont l'ouverture est aussi prévue en juin 2024. Quant à la ligne 11, elle ira jusque Rosny Bois-Perrier à partir de l'année prochaine. Pour exploiter toutes ces nouvelles lignes, IDFM a besoin de 800 millions d'euros, affirme Valérie Pécresse. « Et en 2031 --quand toutes les lignes du Grand Paris Express seront ouvertes-- ce sera 1,6 milliard par an ».

Les rapporteurs d'une mission d'information parlementaire sur les Jeux olympiques de Paris-2024 ont, quant à eux, jugé mi-février « inquiétante » la situation des transports en Île-de-France à un an et demi de la compétition internationale. « Il y a une multiplicité d'acteurs non coordonnés sur le sujet: la RATP, IDFM, la société du Grand Paris, le Cojop... Tout le monde était dans son coin, dans son couloir, et ne se parlait pas. Et quand ils se parlaient, c'était pour dire que ce qui n'allait pas c'était la faute de l'autre », a résumé Stéphane Peu (Nupes).

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 11/04/2023 à 23:30
Signaler
Ratp et sncf ont déjà du mal à recruter des personnels de conduites .. ou vont ils trouver leurs personnels à contrat privé? Pecresse fait comme si le problème de recrutement n existait pas .. ou ne la concernait pas or les conséquences sont déjà là...

à écrit le 11/04/2023 à 15:56
Signaler
Il y confusion entre pragmatique et baisser la culotte. En politique tout est permis les contradictions mensonges et tambouille rythment la vie politique de notre pays

à écrit le 11/04/2023 à 15:07
Signaler
RasLeBol des nababs fonctionnaires et salariés d'entreprises publiques avec leurs privilèges non justifiés et très inégalitaires avec le privé. A REFORMER D'URGENCE !!! Mme Pécresse comme tous politiciens fait passer son intérêt avant l'intérêt gén...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.