Jean-Pierre Farandou n'entend pas faire appel à l'aide de l'État pour boucler l'année 2021. C'est du moins ce qu'affirme le PDG de la SNCF dans une interview accordée au Figaro ce mardi 2 novembre, et ce, en dépit d'un exercice qui s'annonce à nouveau déficitaire. Il a également exclu la possibilité de recourir à une nouvelle cession d'actifs, assurant que le groupe ferroviaire est « en situation de rebond ».
Le patron de la SNCF affiche donc un certain optimisme, tout en confirmant que son groupe va perdre de l'argent en 2021. Il n'a pas donné de prévisions, mais la SNCF avait déjà perdu 780 millions d'euros au premier semestre de l'année après avoir subi l'impact du troisième confinement au printemps. L'amélioration devrait tout de même être sensible par rapport aux 3 milliards d'euros perdus en 2020.
Trafic voyageurs encore faible, la logistique compense
La SNCF bénéficie ainsi de plusieurs facteurs positifs, dont une remontée des taux de remplissage dans ses trains voyageurs depuis cet été aux alentours de 80 % sur les grandes lignes. Et le dynamisme se perpétue cet automne, comme l'expliquait il y a quelques jours Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, avec des trains remplis à 90%, notamment sur les week-ends avec l'ensemble du parc TGV mis en ligne. Pour les vacances de la Toussaint, la SNCF aura d'ailleurs vendu 4,3 millions de billets, autant qu'en 2019.
Christophe Fanichet concédait néanmoins que le panier moyen du voyageur avait baissé de plusieurs pourcents en 2021 par rapport à 2019. Un phénomène dû en partie à la fragilité du trafic affaires, habituellement très rentable, qui peine à redémarrer, mais aussi aux incitations tarifaires destinées à doper la reprise du trafic.
Dans son interview, Jean-Pierre Farandou pointe pour sa part la bonne santé de sa filiale logistique Geodis. Au premier semestre, celle-ci a augmenté de 20% son chiffre d'affaires par rapport à la même période en 2019. À titre de comparaison, les revenus du premier semestre 2021 du groupe SNCF étaient encore inférieurs de 10% à ceux 2019, et ceux de SNCF Voyageurs de 29%.
Cession d'actifs et mesures d'économies
La SNCF va aussi bénéficier de la vente de sa filiale de location de wagons de fret Ermewa, finalisée il y a une semaine. Jugée non stratégique par Jean-Pierre Farandou, celle-ci va rapporter plus de 3 milliards d'euros à la SNCF.
Le groupe ferroviaire doit enfin tirer les avantages de son plan d'économies, soit un impact sur les flux de trésorerie libre estimé à 1,3 milliard d'euros à la fin de l'année. À fin juin, la SNCF annonçait avoir déjà atteint les deux tiers de son objectif en jouant sur l'amélioration des process industriels ou le report de certains investissements.
En septembre, Jean-Pierre Farandou avait également annoncé la suppression de 2.000 à 3.000 postes. Ces mesures viennent s'ajouter aux 2,5 milliards d'euros d'économies déjà mis en place en 2020.
Fort de cette embellie, le patron de la SNCF confirme d'ailleurs son objectif d'un retour à l'équilibre en 2022, conformément aux engagements pris avec l'État au moment de la réforme ferroviaire en 2018.
Priorité au désendettement (mais la dette repart à la hausse)
Si l'amélioration est donc prégnante, la situation de la SNCF reste fragile. Comme le concède Jean-Pierre Farandou dans son interview, le groupe « va emprunter l'équivalent de (son) déficit pour faire face aux dépenses courantes ». Lors des résultats semestriels, le groupe annonçait disposer d'une ligne de crédit de 3,5 milliards d'euros, pour une trésorerie disponible de 8,7 milliards d'euros.
Et si la SNCF peut se permettre d'emprunter, l'État est loin d'y être étranger. Celui-ci a offert un véritable bol d'air au groupe en reprenant une grande partie de la dette de SNCF Réseau, à hauteur de 25 milliards d'euros début 2020 et de 10 milliards d'euros supplémentaires début 2022. Il a également réalisé une augmentation de capital de la société de tête, SNCF SA, à hauteur de 4 milliards d'euros dans le cadre du plan de soutien au secteur ferroviaire.
Depuis ces mesures, et alors que le groupe affirme que le désendettement est une priorité, la dette de la SNCF est repartie à la hausse. Pour faire face à un flux de trésorerie libre déficitaire de 2,8 milliards d'euros en 2020, le groupe a emprunté d'autant. Et le niveau d'endettement s'est à nouveau accru de 256 millions d'euros au premier semestre pour atteindre 38,4 milliards d'euros.
La vente d'Ermewa devrait contribuer à la maîtrise du niveau d'endettement, voire permettre de l'abaisser, mais le groupe SNCF ne pourra pas renouveler ce type d'opérations indéfiniment.
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