Hidalgo/Montebourg : qui dira le premier « Bonjour Philippine » ?

VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. Le match des candidatures au PS, la bataille des régimes spéciaux et de la relance de l'investissement, la souveraineté, le salon auto de Munich. Et autres infos de la semaine écoulée, avec un regard décalé.
Philippe Mabille
(Crédits : Reuters)

Après la droite, c'est à gauche que les candidatures se bousculent. La maire de Paris Anne Hidalgo va se lancer ce dimanche à Rouen dans la course présidentielle et part à la conquête des Françaises-et-des-Français avec un livre, « Une femme française », dans lequel elle appelle, entre autres, à revaloriser l'éducation et à doubler en cinq ans le salaire des enseignants, cible électorale désignée (mais très déçue par le PS).
Autre candidat de gauche, version souverainiste, Arnaud Montebourg, enfourche lui depuis longtemps le cheval de la démondialisation et en a même fait un business, le sien. A côté d'Aix-en-Provence, Rémy Baldi est allé voir comment se porte la Compagnie des amandes co-fondée par l'ancien ministre qui veut recréer une filière française dans ce produit à forte valeur. Deux candidats du PS dans un navire qui prend déjà l'eau... Reste à savoir qui des deux dira le premier « Bonjour Philippine » à l'autre ! [souvenir d'un jeu idiot de notre enfance, où celui qui trouvait deux amandes dans une même coque devait prononcer cette phrase sous peine de gage].
 
Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron prend son inspiration chez Nicolas Sarkozy, le dernier président à avoir osé s'attaquer au tabou des régimes spéciaux de retraite. Ce qui ne lui a pas porté spécialement chance électoralement. Fanny Guinochet, qui rejoint la rédaction de La Tribune, a interrogé les syndicats pour savoir ce qu'ils pensent du quitte ou double risqué de l'Elysée qui a lancé un ballon d'essai sur la volonté du président Macron de mettre fin aux derniers régimes spéciaux de retraites. En échange de ce scalp, qui concerne principalement la RATP et quelques régimes spécifiques, destiné à séduire son électorat de droite, le chef de l'Etat veut tenir une de ses promesses de 2017 : revaloriser à 1000 euros les petites retraites.

Risqué, mais avec le télétravail et le boom du vélo, les Franciliens ont désormais de nouvelles options pour résister à une grève dure dans le métro parisien... Sauf que le risque d'une coagulation des conflits sociaux est réel. Le ministre des Transports a lui-aussi lancé une petite bombe en mettant en question le maintien des billets gratuits dont bénéficient les cheminots à la SNCF....

SNCF qui commence à prendre la mesure de l'ouverture à la concurrence. Celle-ci prend une forme concrète avec la décision de la Région PACA de proposer Transdev pour opérer la ligne Marseille-Nice en 2025 et l'arrivée d'ici à la fin de l'année des trains à grande vitesse de Trenitalia sur sa ligne la plus rentable, le Paris-Lyon.
 
A croire que le retour de la croissance désinhibe le pouvoir pour ses derniers jours utiles de réforme. Grâce à la vaccination, la quatrième vague annoncée semble écartée en France aussi et on se prend à rêver au retour des « jours heureux » annoncés un peu vite par Emmanuel Macron. C'est en tout cas le cas pour l'économie française qui connaît un rebond spectaculaire, relève Grégoire Normand.

Avec 6,25% de croissance en 2021 et une prévision de 4% l'an prochain, Bercy encaisse un record de recettes fiscales et Emmanuel Macron a la sagesse de consacrer cette cagnotte en grande partie au désendettement. Résultat : le déficit public, ne sera que de 8,4% du PIB cette année et tombera à moins de 5% dans le prochain budget, le dernier du quinquennat.

L'essentiel de la « cagnotte » vient de l'impôt sur les sociétés : il faut bien que les entreprises, massivement aidées, rendent un peu de l'argent reçu... D'autant que certaines en ont bien profité voire abusé... selon la Cour des comptes.

Les déficits restent bien sûr énormes et il s'agit surtout d'une croissance de rattrapage après la pire récession de l'après-guerre. Même avec ces chiffres spectaculaires, la France n'aura pas encore retrouvé fin 2022 le niveau de richesse qu'elle aurait pu atteindre sans la parenthèse du Covid. Celle-ci a néanmoins eu un mérite, celui de provoquer une relance économique spectaculaire et de remettre l'investissement au cœur de la politique industrielle.

La crise Covid, partie de Chine, a aussi replacé au centre du jeu les questions de souveraineté et d'indépendance nationale. Ce sera, pronostique Marc Endeweld dans sa chronique Politiscope, le motto de la campagne présidentielle dans tous les camps.

On a pu mesurer une telle évolution dans l'interview que Yannick Jadot, candidat à la primaire des écologistes, a accordé à La Tribune. Alors qu'on interrogeait cet ancien leader de Greenpeace sur les questions d'indépendance énergétique, il lance :  « La souveraineté de la France est au cœur de mon projet. On ne peut pas être aussi dépendant stratégiquement d'un pays comme la Chine, dont on sait que c'est la pire dictature au monde aujourd'hui ».

Retrouvez ici la vidéo de notre nouvelle émission politique La Grande Tribune de la Présidentielle dont le candidat écologiste était le premier invité.

Vous pouvez aussi le réécouter en podcast en épluchant vos légumes (verts) ce week-end en cliquant sur ce lien pour celles  et ceux qui ont Spotify, c'est cadeau.

 
Attention toutefois aux cocoricos. La présidentielle sera aussi l'occasion d'une épreuve de vérité. Comme le relève Robert Jules, la France a perdu en 20 ans plus de parts de marché que l'Allemagne et l'Italie, principalement au profit de la Chine.
 
En attendant le plan France 2030, qui fait l'objet d'intenses tractations entre l'Elysée et Bercy, et a été retardé début octobre, Bruno Le Maire place les enjeux au niveau de l'Europe entière, encore loin de l'indépendance technologique.

Lors du salon Global Industries, Marie Lyan a interrogé Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l'Industrie, qui fait du plan d'investissement le véritable troisième étage de la fusée de la relance.
 
Le grand défi du plan France 2030, c'est de décarboner l'industrie. Une partie de l'argent du plan de relance y est déjà consacré, sous la houlette de l'ADEME. Pas si simple de verdir les procédés industriels. Robert Jules a déniché une innovation passée inaperçue dans la torpeur du mois d'août : l'entreprise sidérurgique suédoise, SSAB Oxelösund, a laminé le premier acier produit sans charbon coke ni énergie fossile pour le compte du constructeur automobile suédois Volvo. C'est très prometteur. Car l'acier est, avec le ciment, le secteur industriel qui contribue le plus aux émissions de CO2, 7% selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Nabil Bourassi a couvert pour La Tribune le salon automobile de Munich, le premier grand événement européen à rouvrir ses portes et en a ramené de belles infos. Dans un secteur concerné au premier chef par la transition écologique, l'industrie allemande, Das Auto, met le paquet sur l'électrique avec des modèles en mesure de rivaliser avec Tesla.

Dans ce paysage bouleversé, Renault, précurseur dans l'électrique, prend ses distances avec le modèle de l'empire créé par Elon Musk et assume au contraire d'être une sorte d'anti-Tesla avec sa nouvelle Megane E-Tech.

A la pointe de l'innovation, notre expert de l'automobile a aussi testé pour vous le nouveau pneu sans air de Michelin, une rupture technologique certaine mais qui est encore loin de l'industrialisation et de pouvoir équiper votre véhicule. Mais ce serait un sacré progrès pour limiter le gaspillage avec des pneus presque inusables. A quel prix ? Michelin ne le dit pas encore...

L'écologie devient en tout cas le premier des critères d'investissement. A Bordeaux, le maire Pierre Hurmic, a reçu nos journalistes Pierre Cheminade et Jean-Philippe Dejean. « Le bilan carbone sera désormais un critère décisif pour les entreprises qui souhaitent s'installer à Bordeaux », prévient celui qui avait refusé d'installer un sapin de Noël dans sa ville. « Pourquoi attirer à Bordeaux des entreprises qui n'ont pas compris que le sens de l'histoire c'est la décarbonation de l'économie et qui sont donc condamnées ? ». Dans un entretien à La Tribune, le maire écologiste, longtemps discret sur ces enjeux, précise sa vision de l'attractivité du territoire, sa stratégie économique et les contours de sa  « ville apaisée ».

Pour les entreprises, comme pour la finance, la question écologique devient un nouveau risque à gérer. Envoyée spéciale à Marseille où elle a suivi le congrès de l'UICN, le Davos de la nature, Marine Godelier en a retenu un chiffre alarmant dévoilé par la Banque de France : 42% de la valeur des titres détenus par les institutions financières françaises provient d'entreprises largement dépendantes de services écosystémiques - comme l'eau, l'alimentation ou la pollinisation. Pourtant, le système financier n'intègre toujours pas ce risque dans ses évaluations.

Dans un tout autre registre, Eric Benhamou est allé suivre une table ronde organisée par le cabinet d'avocats Racine sur les SPAC ou « Special Purpose Acquisition Company », dont on commence à critiquer l'opacité et disons le mot le risque que cela finisse par rimer avec « arnaque ». Que nenni, répond l'un des premiers Français à avoir lancé un SPAC, le banquier d'affaires Matthieu Pigasse : « l'idée selon laquelle il y aurait une spéculation autour des SPAC est absurde », assure l'ancien patron de Lazard France qui a commencé comme conseiller de DSK. Affaire à suivre.
 

Philippe Mabille

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Commentaires 6
à écrit le 13/09/2021 à 10:27
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Hidalgo/Montebourg c comme Macron la protection d'une caste de nababs les fonctionnaires augmentation des salaires Police Enseignants du public de santé CHU revalorisation des honoraires des médecins... et pour la majorité des français du privé serre...

à écrit le 12/09/2021 à 13:45
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A quoi bon voter à gauche pour les gens de gauche vu la multiplicité des candidatures !!!

à écrit le 11/09/2021 à 10:33
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Il y a longtemps que le ps a perdu toute crédibilité ( « une bouillabaisse pleine de croûtons et d arêtes « ..)comme les Lr. Dont les gouvernements successifs ont le plus endettés le pays …suffit de regarder la courbe de l endettement et des déficit...

le 13/09/2021 à 8:20
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Heu... question dette ça va être difficile de faire pire que Macron même si en effet les LR ont un véritable potentiel on l'a vu avec Sarkozy. Ensuite que le PS ne soit pas crédible est une réalité et ils le prouvent par cette double candidature tand...

à écrit le 11/09/2021 à 10:32
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Il y a longtemps que le ps a perdu toute crédibilité ( « une bouillabaisse pleine de croûtons et d arêtes « ..)comme les Lr. Dont les gouvernements successifs ont le plus endettésle pays … n’abréger la guerre des chefs rappelant Astérix

à écrit le 11/09/2021 à 8:51
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Moi qui croyez que vous aviez fait une rubrique élections pour pas polluer votre site mais non faut en manger ici aussi de tous les bobards de tout ces imposteurs impuissants et serviles... -_-

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