Le monde entier nous envie Sandrine Rousseau  !

VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. Sandrine Rousseau et Emmanuel Macron, même combat ? Du droit à la paresse à celui de la transition d'un métier à l'autre, la politique mérite mieux que des buzz caricaturaux, quand le plein emploi est à portée.
Philippe Mabille
(Crédits : Reuters)

Que n'a-t-elle pas dit Sandrine Rousseau ! « La valeur travail, c'est quand même une valeur de droite ». En pleine sobriété, en pleine « fin de l'abondance », voilà que la candidate malheureuse à l'investiture écologiste à la présidentielle revendique un « droit à la paresse ». Bien joué Sandrine ! Pour affronter les rigueurs de l'hiver sibérien à venir, toutes et tous sous la couette en chaussettes et en pull. La paresse, c'est cool, c'est chaud, c'est sobre et ça fait du bien... Et comme ça on aura du temps pour surveiller de près notre application Ecowatt, le Bison Fûté de notre consommation électrique qui doit nous éviter le blackout plus sûrement que l'extinction par Anne Hidalgo des feux de la Tour Eiffel à Paris.

Heureusement que nous l'avons Sandrine Rousseau pour animer le débat public un brin angoissant de cette fin d'été. Elle est presque aussi forte que le Medef qui met en berne son amour de l'économie de marché pour réclamer un plafonnement des prix de l'énergie. Accordé par Bruxelles, qui au passage réinvente la taxation des superprofits, sans prononcer son nom, mais en prévoyant 140 milliards d'euros de recettes sur les énergéticiens, quand même. En attendant, c'est la peur des coupures qui domine : Clémentine Maligorne raconte comment les entreprises les plus énergivores se préparent pour les pénuries.

Sandrine Rousseau, le monde entier nous l'envie, car le rire, c'est bien connu, ça libère l'esprit et réchauffe les cœurs. Cela faisait longtemps, depuis Ségolène Royal sans doute, que la gauche n'avait trouvé de leader aussi charismatique, presque mystique. Dans une France à bout de souffle, comme dirait l'immortel Jean-Luc Godard, ce n'est pas avec les LR ou Renaissance, que l'on va imaginer de nouvelles idées. Le parti présidentiel qui doit élire ce samedi son nouveau patron est devenu « une véritable chronique nécrologique », nous dit un fin observateur du macronisme.

Pour faire le buzz, rien ne vaut la potentielle nouvelle patronne des Verts qui doivent eux-aussi se choisir en décembre un nouveau chef.fe. En multipliant les provocations, Sandrine Rousseau est en train de prendre le dessus sur Yannick Jadot et tous ses concurrents. Une stratégie concurrencée à gauche par Fabien Roussel, le patron des communistes, qui prend des positions strictement orthogonales en défendant le travail contre l'assistanat dans une tribune au Monde que n'aurait pas renié Laurent Wauquiez. Avec Roussel, ce n'est plus le marteau et la faucille, mais l'entrecôte et le bleu de chauffe.

Alors qu'Emmanuel Macron confie en catimini à la « presse présidentielle », dans un « off » absolu aussitôt rompu avec l'autorisation de l'Elysée, sa volonté d'imposer de force dès cet automne deux des réformes les plus dures de son programme présidentiel, celle de l'assurance-chômage dont les indemnités seront modulées en fonction de la situation de l'emploi, et celle des retraites en allongeant la durée de cotisation, Sandrine Rousseau allume un contre-feu salutaire. Quoi ? Un président de la République qui veut ramener la France au plein emploi et adresser un message de sérieux budgétaire à Bruxelles, voire financer par ce surcroît de travail quelques dépenses de solidarité nouvelles, comme la dépendance ou la revalorisation du minimum vieillesse ; ça va pas bien la tête ! On a le droit « à la paresse », « de faire des pauses dans la vie », « c'est ça les allocations », dit Sandrine Rousseau sans doute inspirée par le revenu universel de Benoît Hamon, qui ne lui a pas rendu service en 2017. La paresse, d'accord, mais qui paye ? Ben, ceux qui travaillent évidemment... Et voilà reparti le bon vieux débat sur l'assistanat, qui ne sert que les extrêmes.

En vérité, Sandrine Rousseau n'est pas si radicale que la caricature qu'elle inspire pourtant : le fond de son propos, c'est de dire que « pour redonner une dignité aux salariés, il faut qu'ils puissent ne pas dépendre de leur emploi ». Un discours d'émancipation qui ressemble à quelques nuances près à celui que celui que tenait le candidat Emmanuel Macron en 2017. Le président de la République a porté l'idée de pouvoir démissionner de son emploi sans perdre ses droits au chômage afin de pouvoir se reconvertir. Une réforme d'ailleurs mise en œuvre, mais de façon TRÈS encadrée. Alors, Macron-Rousseau, même combat ? Et si, sous l'exagération du droit à la paresse, sommeillait l'idée assez moderne, d'un droit à la transition d'un métier à l'autre ? Après tout, c'est exactement ce dont l'économie française a besoin le plus, dans sa conversion. Pour parvenir à la neutralité carbone, la France a certes besoin de profs et d'ingénieurs, mais elle manque cruellement d'électriciens, de plombiers, de soudeurs, pour rattraper son retard dans les énergies renouvelables et... dans le nucléaire, comme l'a regretté le patron d'un EDF ruiné Jean-Bernard Lévy, en passe d'être remplacé. Si l'idée de Sandrine Rousseau est de permettre un droit au travail choisi, émancipateur, pour tous et toutes, qui peut être contre ? Au boulot alors... Marions Macron et Rousseau. Vite, un plan Marshall pour relancer en même temps les EPR et les éoliennes. Mais la crise va durer au moins jusqu'en 2024. La France va payer cash l'imprévoyance de ses politiques. Ce monde nouveau était-il pourtant si difficile à prévoir ?, s'étonne Marc Endeweld. En France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées, le slogan des années 70 a besoin d'un coup de peinture fraîche.

Ce débat sur l'emploi, le travail, la retraite, percute de plein fouet celui sur le vieillissement relancé cette semaine par l'avis du Comité national d'éthique sur la « fin de vie ». Emmanuel Macron, soucieux de laisser une trace dans l'histoire, ira-t-il jusqu'à autoriser le suicide assisté comme en a bénéficié en Suisse le cinéaste Jean-Luc Godard parti parce qu'il était fatigué de vivre à 91 ans ? Ce débat est aussi dans l'actualité culturelle avec le film japonais d'anticipation « Plan 75 » qui imagine une société qui décide de se débarrasser légalement, et de manière industrielle, des plus de 75 ans. Une sorte de « Ballade de Narayama » moderne qui rappelle aussi le roman « Soleil Vert » de Harrison porté à l'écran en 1973 et qui raconte comment dans le New York de 2022, comme par hasard, on incite les âgés et les malades à s'euthanasier, sans savoir que l'industrie agro-alimentaire les recycle en nourriture gratuite pour une population affamée, comme une allégorie à la fin de l'abondance...

Philippe Mabille

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Commentaires 32
à écrit le 19/09/2022 à 17:08
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Faisons un beau paquet cadeau et donnons là à ceux du monde qui en veulent

à écrit le 19/09/2022 à 9:27
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Chacun a le droit à la bêtise et Sandrine Roussot l'utilise pleinement, Le nivellement par le bas est bien à l'oeuvre y compris chez les politiques. Bravo à F.Roussel qui relève le niveau des communistes, l'exception à la règle en quelque sorte..

à écrit le 18/09/2022 à 20:55
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J'approuve à 1000% les déclarations de Fabien Roussel sur la valeur travail, le Smic à 1500€ net, et l'objectif du zéro chômage. Et effectivement c'est le chômage qui tue qui conduit au suicide des dizaines de milliers de français et de française au...

le 19/09/2022 à 1:49
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Le chômage tue certes mais le travail aussi ! Combien d'accidents de travail chaque année pour les travailleurs les moins qualifiés, les intérimaires, accidents passés sous silence dans les médias ? Combien de cancers dus à la manipulation de produi...

à écrit le 18/09/2022 à 9:18
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Si le monde nous l'envie, on est prêt à la céder bien volontiers.

à écrit le 17/09/2022 à 14:00
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La valeur travail valeur de droite? Et Stakhanov c'est du poulet? Finalement il aurai bien fait de son plein gré employé du mois chez les capitalistes de Mac Do. Pour nous défendre lançons la Confédération Générale de la Paresse. Phiphi, fait gaffe a...

à écrit le 17/09/2022 à 12:37
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Personnalité politique placée parmi les plus déplorables. La paix sociale, elle ne connaît pas.

à écrit le 17/09/2022 à 12:01
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Mme Rousseau tient tous ces propos pour exister sur la scène politique et médiatique. Sans cela elle ne serait rien.

à écrit le 17/09/2022 à 11:16
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Avec cette nupette, une rousseauterie par jour pour se donner de l'importance. A part ça elle est d'une nullité sidérante à l'image de tout son parti

à écrit le 17/09/2022 à 11:14
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Je n'ai pas suivi le truc mais je suis assez d'accord avec sandrine rousseau (et ouais tout arrive) et Paul Lafargue. Pas dans le sens du droit aux allocs mais au droit a la frugalité heureuse, le droit de ne pas participer a la course. Et il est mar...

à écrit le 17/09/2022 à 11:14
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Même sur la Tribune, nous avons le droit aux élucubrations de cette dame.

à écrit le 17/09/2022 à 10:55
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Elle a le mérite de rappeler que "la politique est notre destin". Là où certains tendent à imposer l'économie comme destin des hommes et des femmes. Ils le font parfois pour des raisons louables, mais parfois médiocres, voire très médiocres. D'au...

à écrit le 17/09/2022 à 10:50
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Une grosse c … députée de paris lol elle a jamais dû travailler et travaille que pour son élection au parti écolo pas pour le bien de tous comme elle est censée le faire en tant que député… partisane

à écrit le 17/09/2022 à 10:48
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C est quoi votre sujet? … précisez…

à écrit le 17/09/2022 à 9:41
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Dans les sociétés ancestrales, le conteur, le barde, était très respecté car c'est lui qui disait l'histoire, qui racontait les batailles, qui transmettait la mémoire. Dans cette lignée, M. MABILLE est un très bon conteur. Toutefois, ce conte est cer...

le 17/09/2022 à 10:00
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Ce qui n'interdit pas la prospective conclusion de Philippe Mabille. 10/20 ans derrière nous les transexuels nous faisaient nous gratter la tête, demain si vous ne l'êtes pas vous irez en camp de rééducation..

le 17/09/2022 à 10:00
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Ce qui n'interdit pas la prospective conclusion de Philippe Mabille. 10/20 ans derrière nous les transexuels nous faisaient nous gratter la tête, demain si vous ne l'êtes pas vous irez en camp de rééducation..

le 17/09/2022 à 10:48
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Le monde occidental ? Il l a bien cherché - des industriels, ses financiers et appareil politique- en transférant la valeur en Asie ….par cupidité court termistes … maintenant votre vision est très «  étriquée «  car c est le monde entier qui rentre ...

à écrit le 17/09/2022 à 9:34
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Elle est la parfaite illustration du dogmatisme français, dans ce qu'il y a de plus entêté. C'est à cause de gens comme elle, que l'Angleterre a pris le dessus

le 17/09/2022 à 18:47
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C'est surtout à cause de gens comme elle que la France a pris le dessous et gravement!

à écrit le 17/09/2022 à 9:30
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Voila exactement une chose qu'il ne fallait pas dire, car ce n'est pas vrai. A trop parler, elle vient de commettre une erreur que risque de la décredibiliser totalement.

à écrit le 17/09/2022 à 9:26
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Chronique très bien vue monsieur Mabille. De l’humour et au final assez équilibrée. Les « postures marketing perso » de Roussel et Rousseau tirent le débat vers le bas. Les stratégies com personnelles occupent tout l’espace au détriment de débats ...

le 17/09/2022 à 9:41
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Difficile à comprendre que le Pays par médias interposés soit suspendu aux sottises proférées par Mme Rousseau qui politiquement ne représente pas grand chose, moins de 5 % à la dernière présidentielle, mais qui occupe les écrans à longueur de journé...

à écrit le 17/09/2022 à 9:00
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Elle ne tiendrait pas quatre heures dans une boite américaine, viderait son bureau et serait raccompagnée par un vigile à la porte (de sortie). Mais voilà, elle émarge sur des fonds publics, pourrit les esprits faibles de notre jeunesse, et au surplu...

le 17/09/2022 à 18:52
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Par contre, elle a réussi à se hisser à la vice-présidence de l'université de Lilles puis à notre assemblée nationale, ce qui en dit long quant au niveau de ces institutions en France.

à écrit le 17/09/2022 à 8:50
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La France est un pays de rentiers ! ils sont des milliers en France et presque tous à droite... ils ont besoin du travail des autres pendant que leurs valeurs (boursières) travaillent... Ils occupent des emplois de complaisance, politologues, phil...

le 17/09/2022 à 9:28
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Creusez donc un peu: des rentiers, il y en a aussi pléthore à gauche, entre autres émargeant ou ayant émargé sur les fonds de la république

à écrit le 17/09/2022 à 8:46
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Le trait est mince entre la caricature et la connerie. Un travers de la Melanchonnerie NUPeisee.🥱

à écrit le 17/09/2022 à 8:39
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Elle devrait essayer en solo ,sur une scène comme comique.Sûrement,quelques admirateurs ou curieux feraient le déplacement.

à écrit le 17/09/2022 à 8:36
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Grace à qui avons-nous des buzz caricaturaux ? Si ce n'est à "des perroquets" qui prennent leur mégaphone pour nous en inonder sous forme de polémique en tout genre! ;-)

à écrit le 17/09/2022 à 8:22
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Vivement une prochaine élection pourque les électeurs de sa circonscription fassent le job

à écrit le 17/09/2022 à 8:17
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elle est de l'extreme droite puisqu'elle travail en plus comme cela ne lui suffisait pas elle est depute et un jour elle demandera sa retraite elle se moque de tout le monde

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