Jean-Christophe Fromantin en campagne... pour les villes moyennes

« C'est là où veulent vivre les Français ! » a l'habitude de répéter Jean-Christophe Fromantin, le maire de Neuilly-sur-Seine à la tête du collectif "villesmoyennes.org". A deux mois des élections régionales, et dans le contexte post-Covid-19, il défend avec Xavier Bertrand, Hervé Morin et Carole Delga l'instauration de boucles régionales de financement au service des communes de 10.000 à 100.000 habitants.
César Armand
Selon un palmarès des centres-villes dynamiques réalisé par l'association d'élus Villes de France et la jeune pousse MyTraffic. le centre-ville de Villefranche-sur-Saône (Rhône) est la première ville moyenne dont la fréquentation a le mieux résisté à la période du Covid-19.
Selon un palmarès des centres-villes dynamiques réalisé par l'association d'élus Villes de France et la jeune pousse MyTraffic. le centre-ville de Villefranche-sur-Saône (Rhône) est la première ville moyenne dont la fréquentation a le mieux résisté à la période du Covid-19. (Crédits : DR)

C'est un discours qui a le mérite de la constance. Depuis novembre 2018 et la parution de son livre Travailler là où nous voulons vivre: Vers une géographie du progrès (Editions Les Pérégrines), Jean-Christophe Fromantin, le maire (Divers droite) de Neuilly-sur-Seine se fait l'avocat des villes moyennes, c'est-à-dire des communes recensant entre 10.000 et 100.000 habitants.

« C'est là où veulent vivre les Français ! »

A la tête du collectif "villesmoyennes.org" composé de 200 élus locaux, entrepreneurs et universitaires, le maire répète inlassablement le même message : « c'est là où veulent vivre les Français » ou encore « avec les nouvelles technologies, on peut y mettre toutes les facilités des métropoles : les services publics comme les équipements publics ».

Un credo qu'il a, de nouveau martelé, ce 28 avril lors d'une visioconférence de presse, en présence des présidents de région Xavier Bertrand (La Manufacture, Hauts-de-France), Hervé Morin (Les Centristes, Normandie) et Carole Delga (PS, Occitanie), candidats à leur réélection les 20 et 27 juin prochain.

A la tête d'une ville de 60.000 habitants située entre Paris, le bois de Boulogne, Levallois-Perret et le premier quartier d'affaires européen de la Défense, Jean-Christophe Fromantin considère qu'il faut « institutionnaliser les villes moyennes ». « Ne parler que des métropoles, c'est insuffisant, nous voyons tous cet élan des Français vers les villes moyennes », déclare le maire de Neuilly-sur-Seine.

1 cadre francilien sur 5 cherche à s'installer ailleurs

Pour établir ce constat, l'édile se fonde sur un sondage de fin novembre 2020 produit par Kantar pour La Fabrique de la Cité (groupe Vinci) duquel il ressort que les citadins aspirent à vivre dans un endroit moins stressant, soit pour se rapprocher de leur famille soit pour trouver du travail. Les sondés estiment même que ces communes allient les avantages des grandes (commerces, services publics...) et des petites villes (proximité de la nature).

Il ne croit pas si bien dire. Pas plus tard qu'hier, Cadre Emploi a publié une étude annuelle révélant que le nombre de Franciliens recherchant un emploi en région a augmenté de 31% entre mars 2020 et mars 2021. Autrement dit, un cadre sur cinq de la région parisienne cherche à s'installer ailleurs. Dix départements sortent ainsi du lot : la Gironde, la Loire-Atlantique, le Rhône, les Bouches-du-Rhône, le Nord, l'Ille-et-Vilaine, la Haute-Garonne, l'Aveyron, les Alpes-Maritimes et l'Oise.

« Les technologies permettent aux gens de se décentrer. Nous allons vivre une longue période de redistribution avec la facilité des connexions », parie Jean-Christophe Fromantin.

« La ville moyenne va devenir un référentiel pour ceux qui veulent gagner de l'espace », ajoute-t-il.

Des « lycées pivot »...

A défaut de compter sur l'Etat pour accélérer cette tendance, le maire de Neuilly-sur-Seine préfère s'allier aux conseils régionaux, prescripteurs sur de nombreux champs économiques et sociaux. A commencer par les lycées - les écoles relevant de la compétence des communes et les collèges des départements eux aussi renouvelés les 20 et 27 juin -.

Dans ce domaine, Jean-Christophe Fromantin rêve de créer des « lycées pivot », c'est-à-dire fonctionnant en réseau plutôt qu'en silo pour sortir les élèves et les professeurs de leurs établissements à l'heure où la réforme du bac prévoit des dizaines de spécialités.

« Les rectorats sont plutôt ouverts à ces regroupements, car ils permettraient d'économiser des fonctions supports », assure l'édile. Lui-même dans sa ville explique avoir « neutralisé » la rivalité entre le ''petit'' lycée La Folie Saint James et le ''grand'' lycée Pasteur en travaillant sur une meilleure répartition des classes préparatoires.

...et des « boucles régionales de financement »

En matière d'économie locale, le maire de Neuilly-sur-Seine mise sur des « boucles régionales de financement ». Du temps où il siégeait à l'Assemblée comme député des Hauts-de-Seine, il avait remarqué que la formation brute d'épargne des régions pouvait atteindre jusqu'à 40 milliards d'euros, soit « la liquidité d'un marché financier ».

« Tout instrument qui adresse l'épargne des gens finance le développement territorial. C'est l'avenir pour la prospérité des territoires », veut croire Jean-Christophe Fromantin.

« C'est indispensable pour avoir une vraie politique de renforcement des territoires, et des régions et des villes moyennes », insiste-t-il.

Ce sujet est décidément dans l'air du temps, puisque le candidat de la majorité présidentielle aux élections régionales en Île-de-France, Laurent Saint-Martin, a plaidé, encore hier, pour l'instauration d'un « fonds d'investissement populaire francilien ». Son fonctionnement : un euro apporté par un citoyen serait abondé d'un euro du conseil régional. Objectif : lever 600 millions d'euros entre 2021 et 2026.

Lire aussi : Un fonds populaire d'investissement de 600 millions pour remporter l'Île-de-France

188 services

Outre ces accents mis sur l'enseignement et l'économie locale, les villes moyennes veulent montrer qu'elles sont capables d'atteindre « la nomenclature supérieure des services publics et privés » de l'INSEE. En clair, qu'elles savent apporter 188 services répartis dans sept catégories : commerces, santé, transports, sport, culture, tourisme et service aux particuliers.

Pour les commerces par exemple, le maire de Neuilly-sur-Seine cite le e-commerce « pour pallier le déficit d'offres » de la même façon que pour la santé, il évoque à la fois « des robots de télémédecine » et la structuration d'un chaînage hôpitaux universitaires/ hôpitaux de proximité/centres médicaux/ cabines de soins dans les mairies rurales.

Lire aussi : Le millefeuille français pousse vers une stratégie de vaccination décentralisée

Les prix de l'immobilier augmentent à Angers et Caen

En réalité, l'attrait pour les villes moyennes est-il autant une vérité que les déclarations politiques actuelles tendent à le faire croire ? D'après la dernière note de conjoncture immobilière du Conseil supérieur du notariat, parue le 26 avril, « d'aucuns redécouvriraient la qualité de certaines villes moyennes et de leurs centres-villes, générant un effet de rattrapage conséquent de leurs prix ».

Angers, par exemple, n'a pas connu de hausse de prix des appartements inférieure à 20% depuis le 1er trimestre 2020, et Caen affiche une augmentation des prix de 11% sur 2020, « tendance qui semble se confirmer sur le premier semestre 2021 ». Seront-elles les prochains eldorados des citadins en manque d'espace et de verdure ? Seul le long-terme le dira.

Suite à la prise de parole de Jean-Christophe Fromantin, le Conseil d'Administration de Villes de France, l'association qui représente les villes moyennes, annonce avoir pris connaissance de son initiative et s'en désolidarise.

Lire aussi : Immobilier: les villes moyennes ont la cote au premier trimestre, Paris en légère baisse

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 29/04/2021 à 9:08
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Vu les prix immobiliers délirants du fait de la spéculation immobilière ils ne peuvent plus loger les gens qui sont les acteurs de l'économie réelle dans leurs grandes villes, je suis d'accord avec votre conclusion et ses doutes, on peut se demander ...

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