Tourisme : avec le paquebot Euribia, MSC Croisières met le cap sur la croisière durable

A Saint-Nazaire, les Chantiers de l’Atlantique ont livré, le 31 mai dernier, à la compagnie MSC Croisières son dix-neuvième paquebot depuis le début de leur collaboration en 2003. Un navire aux performances environnementales élevées. Propulsé au gaz naturel liquéfié, le MSC Euribia, embarque, pour sa première sortie entre Saint-Nazaire et Copenhague, 400 tonnes de Bio-GNL. Objectif affiché, démontrer qu’une croisière zéro émission nette est possible. A condition que ce nouveau carburant, ou d'autres, deviennent disponibles.
La création d'un jumeau numérique a permis de comparer les performances environnementales d'un navire idéal pour optimiser le fonctionnement du MSC Euribia.
La création d'un jumeau numérique a permis de comparer les performances environnementales d'un navire idéal pour optimiser le fonctionnement du MSC Euribia. (Crédits : Frédéric Thual)

Comme un clin d'œil du réchauffement climatique, c'est sous un soleil ardant que le MSC Euribia, dernier né des Chantiers de l'Atlantique, a été officiellement remis à la compagnie MSC Croisières, le 31 mai dernier, à Saint-Nazaire. Une cérémonie, comme de coutume haute en couleur, devant un parterre de trois cent acteurs économiques de la construction navale et de l'industrie de la croisière, venus, cette fois, célébrer « le navire le plus performant au monde sur le plan énergétique », selon le croisiériste italo-suisse et le constructeur de Loire-Atlantique.

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Le 3 juin, il a pris la mer en direction Copenhague avec, dans ses soutes, 400 tonnes de Bio-GNL lui permettant d'effectuer la première croisière mondiale à « Zéro Emission Nette ». Une opération de communication qui veut montrer que MSC Croisières prend le chemin des objectifs fixés par l'Organisation Maritime International. Pour rappel, les ambitions de cette dernière visent à réduire les émissions de 45% d'ici à 2030 et à atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici à 2050 pour les bateaux neufs.

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Se connecter à quai en électrique

Pour ce faire, il faudra que la production de Bio-GNL accélère, que d'autres e-carburants (gaz de synthèse, méthanol, ammoniac, hydrogène...) émergent et deviennent compétitifs et, enfin, que les ports et infrastructures soient équipés en électrique pour que les paquebots puissent se brancher. La connexion à quai permettrait à chaque escale d'économiser 10% à 15% de la consommation énergétique des navires.

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« Or, aujourd'hui, seule une vingtaine des quinze mille ports dans le monde sont équipées. Les choses bougent dans les ports, mais pas aussi vite que nous le voudrions », note Christophe Chauvière, vice-président Sud-ouest Europe de Bureau Veritas.

MSC Croisières assure que son bateau est prêt à se connecter. « On espère Marseille en 2025, puis Toulon, Nice, peut-être même avant au Havre... », indique Patrick Pourbaix, directeur général de MSC Croisières

Une baisse des émissions de CO2 dès 2027-2028

Dix-neuvième navire construit par les Chantiers de l'Atlantique et MSC Croisières depuis le début de leur collaboration en 2003, le MCS Euribia est le deuxième, après le World Europa lancé en octobre dernier, à être propulsé au GNL (gaz naturel liquéfié). Un carburant permettant de réduire de 20% les émissions de gaz par passager et par jour, comparé à des navires équivalents fonctionnant au fioul.

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Depuis 2009, la R&D menée par les deux partenaires sur le site de Saint-Nazaire aurait permis de réduire de 55% les émissions de CO2. L'ambition est d'atteindre une réduction de 40% des émissions de carbone d'ici 2030 et le « zéro émission nette » en 2050, selon les objectifs fixés par l'Organisation Maritime Internationale.

« Par rapport à 2009, nous sommes aujourd'hui à -33% et espérons même atteindre les -40% dès 2027-2028 », précise Patrick Pourbaix, directeur général de MSC Croisières France.

Le passage au GNL a obligé le chantier naval à repenser entièrement la zone technique et la répartition des volumes dans la partie basse du navire. « Selon l'indice EEDI décerné par Bureau Veritas, ce navire quand il utilise du GNL Normal émet plus de 50% de CO2 en moins que ce que nous faisons en 2008, se félicite Laurent Castaing, directeur des Chantiers de l'Atlantique. Nous sommes très en avance sur ce qu'exige et exigera la réglementation dans quelques années.»

Comparaison avec le navire idéal

Au-delà de la construction, l'assemblage de nouvelles technologies a permis d'améliorer les performances environnementales du MSC Euribia pour lequel la création d'un jumeau numérique a permis de pousser les curseurs pour imaginer le navire idéal.

« L'acquisition des données nous a permis de vérifier le fonctionnement du navire, de les comparer avec l'existant pour la ventilation, la climatisation, le traitement de l'eau... On a cherché à savoir comment chaque kilowatt était utilisé, ce qui nous a permis d'optimiser le matériel, d'imaginer des solutions de régénérescence, de réutiliser l'eau chaude des moteurs, de mettre en œuvre des systèmes de ventilation et de climatisation intelligents, etc. », explique Henri Doyer, directeur du programme MSC au Chantiers de l'Atlantique.

L'eau utilisée à bord du MSC Euribia est puisée en mer, en totalité, purifiée, retraitée et recyclée afin d'être rejetée en mer. A bord, les déchets (45 m3 par jour) sont triés, compactés ou broyés, à l'image des 7.000 bouteilles de vins consommées quotidiennement ou des 18.000 canettes de soda qui sont compressées pour être recyclées à terre.

Des itinéraires plus courts

En acceptant de réduire d'au moins deux nœuds la vitesse des croisières, MSC a abaissé le régime des moteurs, optimisé la charge de GNL pour ainsi réduire la consommation de carburant à la puissance 3.

« Nous sommes descendus de 22 à 14 nœuds de moyenne, ce qui nous a obligé à revoir les itinéraires, à proposer des parcours plus courts où l'on navigue moins longtemps et l'on va moins loin. Aujourd'hui, un circuit va se concentrer sur les iles grecques, alors qu'hier, il pouvait aller jusqu'à Istanbul », indique Patrick Pourbaix.

De 8,4 jours en moyenne, la durée d'un séjour en mer est tombée à 7 jours. « Ce n'est jamais tout noir ou tout blanc, mais des solutions existent. C'est comme la problématique des carburants qui nous amène à travailler sur la pile à combustible, l'hydrogène, et même la fusion nucléaire, en phase de recherche, dont les promesses de disparation de la radioactivité ouvrent de nouvelles perspectives », esquisse-t-il.

Long de 331 mètres, le dernier-né des Chantiers de l'Atlantique est capable d'embarquer 8.700 personnes, dont 6.327 passagers dans 2.419 cabines. 70% d'entre elles disposent d'un balcon. Le navire comprend cinq piscines, dix restaurants, 21 bars, des commerces, des salles de sport, de jeux, de spectacles... et 700 m² dédiés aux jeunes enfants avec des jeux composés à 80% de plastique recyclé ou à 67% de plastique bio et recyclé. « Nous avons beaucoup travaillé sur la convivialité », estime Patrick Pourbaix, directeur général de MSC Croisières France.

« Les Français ont des a priori »

Ces arguments suffiront-ils à convaincre les Français d'embarquer ? Sur 30 millions de croisiéristes, 50% proviennent du marché américain, où MSC entend renforcer ses positions avec le MSC World America, dont la cérémonie de la pose de la première pièce a eu lieu en même temps que celle du MSC Euribia. Les quinze millions restants proviennent d'une clientèle asiatique et européenne : 2,3 millions en Allemagne, 2 millions en Royaume-Uni, 800.000 en Espagne. « Et 550.000 en France. Le problème, c'est que les Français ne connaissent pas la croisière et lui opposent de nombreux a priori », regrette le directeur général de MSC Croisières France.

Au lendemain de la crise Covid, qui aurait fait disparaître 46 paquebots des océans, et provoqué des levées de bouclier contre les acteurs du tourisme de masse, la naissance du MSC Euribia est censée marquer l'entrée de l'industrie du loisir dans un tourisme responsable. Après deux navires au GNL (Word Europa, MSC Euribia) et un troisième en construction (World America), MSC Croisières ne devrait pas en rester là. « Notre modèle économique repose sur des séries de quatre », assure le directeur général de MSC Croisières. Soit deux nouvelles commandes en perspective pour les Chantiers de l'Atlantique avec la série World...

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Commentaires 5
à écrit le 09/06/2023 à 3:10
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Si les personnes agees veulent se faire plaisir en embarquant dans ces lessiveuses, c'est leur droit le plus strict. L'avis de monseigneur multi pseudo superfetatoire.

le 16/06/2023 à 7:48
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4 jours après quel aveu d'impuissance ! C'est trop mignon. C'est pas grave tu n'es pas au niveau c'est tout ne t'inquiètes pas je n'ai encore discuté personne du mien mais il me tarde ! Si c'est possible même si je commence à désespérer...

à écrit le 05/06/2023 à 11:05
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Pensons y en effet, même si la consommation de ces pachydermes est aberrante malgré tout ils concentrent des milliers de personnes atteints de consumérisme aigu sur une toute petite surface, si ils se passaient des escales et du débarquement de tout ...

le 06/06/2023 à 6:26
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Nietzche avait prevenu hein?

le 06/06/2023 à 7:30
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Du danger des paquebots de croisières !? Hum... tu devrais le lire avant de le citer, mais bon c'est sûr il faut le pouvoir et donc être dégagé de tout intérêt, de toute influence d'abord et avant tout ce qui n'est pas ton cas ni celui de la plupart ...

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