Le véhicule autonome roule déjà avec EasyMile

De quoi demain sera-t-il fait ? Bpifrance s'est lancé le défi de mener une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, du point de vue de notre transport, notre alimentation, notre santé, notre façon de commercer et de travailler. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective en mode projet, pilotée par les collaborateurs Bpifrance et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L’un des sujets stratégiques récemment traité est celui de la mobilité, avec notamment, les navettes autonomes d’EasyMile.
(Crédits : DR)

Les navettes en site propre sont les premiers véhicules autonomes à être entrés en circulation. « Le véhicule autonome est quelque chose de compliqué. Nous avons débuté avec des cas d'usages simples, à faible vitesse. Mais au fur et à mesure que notre technologie va se stabiliser et s'améliorer, on ne s'interdit pas d'élaborer des véhicules plus sophistiqués, comme des bus ou des tramways, voire, à terme, des voitures individuelles » explique Benoît Perrin, directeur général de la PME toulousaine EasyMile fondée en 2014 par Gilbert Gagnaire et Philippe Ligier, qui emploie 200 personnes pour un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros.

Le logiciel Voyager fonctionne avec de l'intelligence artificielle (IA) et de la robotique plus classique, ainsi que de la vision par ordinateur, des Lidar, des radars, un GPS et d'autres capteurs. « Notre approche est de mixer plusieurs technologies afin d'apporter le niveau de performance et de sécurité requis » précise Benoît Perrin. L'entreprise a conçu deux véhicules qui roulent sans assistance humaine. Le premier est la navette électrique EZ10 construite par Ligier qui peut accueillir 15 passagers et rouler jusqu'à 25 km/h, et le second est le tracteur à bagages autonome TractEasy pour les aéroports. La navette EZ10 est en service sur 200 sites d'une vingtaine de pays. Une centaine de navettes a déjà parcouru 600 000 kilomètres et transporté 380 000 passagers. Une EZ10 roule par exemple depuis un an sur le site industriel de l'équipementier aéroportuaire TLD Group.

Le véhicule sans chauffeur, quant à lui, circule tous les jours de la semaine entre les bureaux et la cafétéria sur une distance d'1,5 km. D'ailleurs, la moitié des employés du site l'emprunte chaque jour. « L'EZ10 a prouvé qu'elle pouvait rendre un service sûr et fiable sur notre site. Le retour des employés est très positif, particulièrement en cas de mauvais temps ou de canicule » explique Nicolas Verin, pdg de TLD Europe. A Barkarby en Suède, une flotte de trois EZ10 couvre un circuit de 3 km 6 jours par semaine 12 heures par jour pour effectuer le premier et le dernier kilomètre entre les stations de bus et de tramway et les habitations de ce complexe immobilier destiné à accueillir 10 000 foyers.

Un marché à fort potentiel

« Les navettes autonomes assurent un haut niveau de service pour les résidents et les visiteurs, et elles sont complètement intégrées dans la vie quotidienne. Comme aucun changement d'infrastructure n'est obligatoire, les conditions de transport sont très flexibles, nous pouvons redéfinir le service en une semaine. Et les navettes roulent chaque jour malgré les conditions climatiques nordiques » se félicite Perter Hafmar, directeur général de Nobina Technology.

En France, EasyMile teste sa navette avec la RATP pour connecter le bout de la ligne 1 du métro avec le Bois de Vincennes et le Parc Floral, et à Saclay avec l'institut Vedecom, opéré par Transdev, entre l'arrêt de bus et le parc d'affaires. Ces véhicules sont destinés principalement à remplacer les voitures sur le premier et dernier kilomètre vers ou depuis le réseau de transport en commun. « Souvent, les gens prennent leur voiture pour se déplacer car ils n'ont pas envie de marcher 500 m ou un kilomètre, surtout dans les territoires peu denses où les fréquences de bus sont faibles » précise Benoît Perrin. Moins coûteuse, puisqu'on ne paye plus de conducteur, plus flexible et non polluante, ces navettes peuvent évoluer vers un transport à la demande : « le logiciel peut modifier le circuit et prendre plusieurs personnes sur son chemin » décrit le directeur général d'EasyMile. La PME effectue aussi des expérimentations sur la voie publique, toujours à faible vitesse (moins de 30 km/h), avec un opérateur de sécurité pour stopper la navette avec un bouton d'arrêt d'urgence en cas de problème.

La société toulousaine a levé en tout 34 millions auprès d'Alstom, Continental et Bpifrance pour la somme de 6,5 millions d'euros. « Nous bénéficions de leur écosystème très dynamique. Ils nous mettent régulièrement en relation avec des entreprises qui peuvent nous aider. Ils ont aussi un programme de soutien avec une expertise de consulting, pour la gestion des ressources humaines par exemple, très importante pour une société comme la nôtre qui recrute 25 % de personnes chaque année » décrit Benoît Perrin. Le marché potentiel des navettes autonomes est conséquent, comparable à terme à celui des bus soit 10 000 en Europe. Campus universitaires, aéroports, sites industriels et médicaux, parcs de loisirs ou connexion aux réseaux publics de transport : les applications possibles sont variées. Le déploiement en environnement non fermé devrait démarrer en 2021.

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