Future explosion de la haine en ligne ? Elon Musk amnistie les comptes Twitter suspendus et vide ses bureaux européens

Après le rétablissement du compte de Donald Trump - impliqué dans l'assaut du Capitole, faut-il rappeler -, les deux dernières décisions de Musk font craindre aux régulateurs européens l'anéantissement de tout le travail réalisé ces dernières années pour mettre le réseau social en conformité avec les nouvelles règles strictes de l'Union européenne en matière de modération des contenus et de lutte contre la haine en ligne.
Après avoir mené entre avril et octobre le rachat le plus chaotique de l'histoire économique, Elon Musk dirige Twitter de la même manière : dans l'impulsivité et par le chaos. Le nouveau patron a également pris position de manière ouverte dans la vie politique américaine en appelant ses 114 millions de followers à voter pour les Républicains lors des élections de mi-mandat, pour contrer la présidence démocrate de Joe Biden.
Après avoir mené entre avril et octobre le rachat le plus chaotique de l'histoire économique, Elon Musk dirige Twitter de la même manière : dans l'impulsivité et par le chaos. Le nouveau patron a également pris position de manière ouverte dans la vie politique américaine en appelant ses 114 millions de followers à voter pour les Républicains lors des élections de mi-mandat, pour contrer la présidence démocrate de Joe Biden. (Crédits : Reuters)

Chez Twitter, la tornade Elon Musk continue de souffler, et les deux dernières décisions prises par le milliardaire américain ne laissent pas d'inquiéter. Alors qu'on apprenait hier soir que le nouveau propriétaire du réseau social avait décidé de rétablir dès la semaine prochaine les comptes suspendus de la plateforme "s'ils n'ont pas enfreint la loi, le Financial Times révélait ce vendredi matin le départ des derniers membres du personnel de Twitter Europe et qu'Elon Musk avait donc complètement vidé les bureaux européens de l'entreprise.

Musk veut libérer la parole au nom de la démocratie dans le monde

Mercredi dernier, Elon Musk avait sondé les twittos sur la question de savoir si Twitter devrait proposer une « amnistie générale aux comptes suspendus à condition qu'ils n'aient pas enfreint la loi ou envoyé des spams de façon scandaleuse ».

La manœuvre (ce genre de sondage présentant une méthodologie à la représentativité incertaine) était couronnée de succès pour le dirigeant ouvertement libertarien : sur les quelque 3,16 millions de personnes ayant participé, 72,4% ont dit "oui".

S'appuyant sur ce plébiscite (et revenant complètement, au passage, sur ses propres paroles rassurantes lors de sa prise de contrôle du réseau social), Elon Musk décrétait  :

« Le peuple a parlé, l'amnistie débute la semaine prochaine. »

Le milliardaire accompagnait sa publication de la formule "Vox Populi, Vox Dei" ("La voix du peuple est la voix de Dieu"), un vieil adage issu du Moyen Âge utilisé ensuite pour servir des causes on ne peut plus contradictoires comme la démocratie directe, la liberté d'expression ou la justice populaire, selon la revue Historia.

Et d'ailleurs, Elon Musk ne cesse de se présenter comme le chantre de la démocratie dans le monde: à maintes reprises, il a affirmé avoir racheté Twitter parce qu'il considère la plateforme comme la "place publique numérique" essentielle à la démocratie dans le monde, et fait savoir qu'il estimait la modération des contenus sur Twitter trop contraignante.

Banni après l'assaut du Capitole, Trump voit son compte rétabli

Le samedi suivant, c'est en l'accompagnant de cette même expression qu'il avait annoncé la réhabilitation, suite à un sondage similaire, du compte de l'ancien président américain Donald Trump, banni du réseau social après l'assaut du Capitole à Washington en janvier 2021.

Toutefois, si le sondage a été réalisé avec une participation beaucoup plus conséquente (15 millions de votants), la "victoire" s'est avérée bien plus courte que précédemment (51,8% de "oui"). L'ex-président n'a d'ailleurs pas encore tweeté depuis le rétablissement de son compte.

Le 7 novembre dernier, Elon Musk, tombant le masque, avait ouvertement pris position dans la vie politique américaine en appelant ses 114 millions de followers à voter pour les Républicains lors des élections de mi-mandat, pour contrer la présidence démocrate de Joe Biden.

Fuite des annonceurs

Par ces multiples décisions abruptes pour faire advenir sa conception absolutiste de la liberté d'expression, Elon Musk fait craindre un déferlement d'abus (désinformation, discours de haine) sur le réseau social.

Et de fait, face à ces risques pour leur notoriété, de nombreuses marques ont déjà suspendu leurs dépenses publicitaires sur Twitter, qui en dépend à 90% pour ses revenus.

C'est d'ailleurs parce que la menace de cette hémorragie se profilait que le tycoon  libertarien avait promis aux annonceurs fin octobre, afin de les amadouer, qu'il ne prendrait aucune décision sur le rétablissement de comptes avant la création d'un "conseil de modération des contenus".

Mais les annonceurs qui avaient promis de maintenir leurs dépenses à la condition que ce conseil de modération soir créé "ont rompu l'accord", a-t-il écrit mardi en guise de justification sur le retour des comptes évincées de la plateforme.

Plusieurs grandes marques, dont Volkswagen, General Motors et General Mills, ont annoncé suspendre leurs dépenses publicitaires sur Twitter depuis son acquisition par M. Musk.

Décès d'enfants, la ligne rouge d'Elon Musk

Elon Musk semble néanmoins avoir une limite: il a indiqué qu'il ne rétablirait pas le compte du complotiste américain d'extrême droite Alex Jones, poursuivi depuis plusieurs années par des parents de victimes de la tuerie de l'école de Sandy Hook de Newton (Connecticut) pour avoir affirmé que le massacre n'était qu'une mise en scène pilotée par des opposants aux armes à feu.

Ayant vécu la mort de son premier enfant, il a expliqué être "sans merci vis-à-vis de quiconque utiliserait les décès d'enfants pour (engranger des) gains financiers, politiques ou de renommée".

Régulateurs européens et contrôle des contenus en ligne

Mais le milliardaire a beau avoir licencié à tour de bras, décimant notamment ses équipes de modération des contenus, ou s'être appliqué à vider ses bureaux de Bruxelles, la question du contrôle des contenus ne disparaît pas pour autant : les régulateurs européens ont commencé à le lui rappeler.

Twitter doit en effet respecter des lois européennes, dont celle sur les Services numériques (DSA) qui devrait obliger les plateformes à retirer rapidement les contenus illicites et à lutter contre la désinformation.

L'Arcom, le gendarme français des médias, avait rappelé lundi au groupe californien ses "obligations" et lui avait demandé de lui "confirmer" d'ici jeudi être "en mesure" d'y faire face et "de lui faire part de l'évolution à brève échéance des moyens humains et technologiques" qui y sont consacrés.

(avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 27/11/2022 à 20:08
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le titre nous rappelle que ce media independant ne sanctionnait que la haine des gens qui n'avaient pas le droit de l'etre, a la difference de tous ces gauchistes haineux, qui eux etaient autorises a y precher la bonne parole, car la morale est de ga...

à écrit le 26/11/2022 à 9:25
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Quiconque a discuté avec des féministes, des écologistes, des LGBT et des Woke sait parfaitement ce qu’est la haine. Leurs contenus sont pourtant en ligne. Personne ne les modère. Il est sans doute temps de se dire que cette modération est en réali...

à écrit le 25/11/2022 à 16:56
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Vu que c'était pas terrible avant, ce sera pire. En réalité, le réseau n'y est pas pour grand chose, la bêtise humaine par contre n'a aucune limite. Sans bêtise...pas de réseau.

à écrit le 25/11/2022 à 16:37
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Future explosion de la haine en ligne ? Qui y a intérêt ? Non pas la minorité !

à écrit le 25/11/2022 à 16:20
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La haine, c'est pas bien, mais s'il y a un peu moins d'hypocrites sur Twitter, ça sera pas plus mal, parce que qu'est-ce qu'on en a marre, de ces bien-pensants donneurs de leçons

à écrit le 25/11/2022 à 15:44
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Vive le libertarien Elon Musk

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