Il faut sauver le soldat Maserati ! La marque de luxe italienne, filiale du groupe Fiat Chrysler Automobiles (FCA) a présenté le MC20, un bolide ultra-sportif, premier lancement depuis celui du Levante en 2016. Le MC20 sera vendu environ 220.000 euros, et la production n'excédera pas les 1.000 exemplaires par an. Ce « supercar » doit marquer le retour de Maserati sur les circuits sportifs puisqu'il réintégrera la compétition dès l'année prochaine, et ainsi se repositionner sur la thématique des sportives.
Il était urgent de raconter une nouvelle histoire autour de cette thématique alors que Maserati doit perdre le contrat de fournitures de moteurs auprès de Ferrari (qui ne fait plus partie du groupe FCA) à la fin de l'année. La marque a dû développer son propre moteur, le Nettuno, un puissant V6 développant jusqu'à 630 chevaux et plus de 700 Nm de couple moteur, soit un investissement conséquent que Maserati aurait du mal à amortir avec une production qui a fondu comme neige au soleil ces trois dernières années. De fait, les ventes sont passées de 53.000 voitures en 2017 à... 18.300 en 2019.
Objectifs ambitieux
La marque au trident installée à Modène près de Bologne a souffert d'un creux dans son plan produit et n'a pas su capitaliser sur l'arrivée du Levante, son premier SUV lancé en 2016 et qui avait suscité un bel engouement autour de la marque. Depuis, aucun modèle n'est venu consolider cette dynamique. Or, dès son lancement le Levante a constitué plus de la moitié des ventes de Maserati. En 2019, le grand SUV italien rapportait encore plus de la moitié des volumes, malgré la division par trois des volumes en trois ans à peine.
Cette fois, Maserati promet un plan de reconquête plus ambitieux. Le MC20 a pour ambition de repositionner la marque avant de dérouler un plan produit plus ciblé avec l'arrivée notamment d'un nouveau SUV, plus compact que le Levante. Davide Grasso, PDG de Maserati, a annoncé un plan de treize modèles en tout d'ici 2025, tous électrifiés.
Mike Manley, PDG du groupe FCA, a indiqué viser les 75.000 ventes en 2025 et une marge opérationnelle de 15%, soit les marges en vigueur dans la catégorie des marques de luxe. On est loin de l'objectif de 100.000 unités affiché lors du lancement du Levante, mais Maserati n'a pas vocation à aller davantage au-dessus de ce seuil, afin de préserver son statut de voiture exclusive, gage ultime du luxe automobile.
Fusion en vue
Cette stratégie de relance de la marque s'effectue au moment où FCA tente de finaliser son projet de fusion avec le groupe PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel). Maserati devrait alors devenir « le joyau de la couronne » du nouvel ensemble, d'après le mot de Mike Manley. Stellantis, le nom du holding issu de la fusion des deux groupes automobiles, disposera alors de trois marques positionnées sur le haut-de-gamme et le luxe : Alfa Romeo et DS, pour le premium, et Maserati pour le luxe. Maserati partage déjà la plateforme Giorgio avec Alfa Romeo. Une étroite collaboration qui avait largement alimenté les rumeurs d'une cession d'un pôle premium de FCA et constitué de ces deux marques, à l'époque de Sergio Marchionne, l'ancien patron du groupe.
En fusionnant avec le groupe automobile français, rien n'indique que DS quittera la plateforme EMP2 où ont été développés des Peugeot 3008, des Citroën C5 Aircross ou encore la DS7 Crossback. Néanmoins, la marque premium française devra probablement harmoniser ses standards de production avec ses futures sœurs italiennes pour dégager des synergies industrielles, véritable mantra de Carlos Tavares, patron de PSA et connu pour son obsession des économies d'échelle.
Mais fort de son image de luxe et d'exclusivité, Maserati défendra jalousement ses spécificités, notamment son très puissant moteur, à la seule condition de renouer avec la croissance des ventes...
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