Air France  : "Aller plus loin sur les hausses de salaires, c'est compromettre l'avenir" (Janaillac, PDG)

Le Pdg d'Air France-KLM a déclaré sur RTL qu'il ne pouvait accorder une hausse générale de 6%. Une telle augmentation compromettrait, selon lui, l'avenir d'Air France.
Fabrice Gliszczynski
Jean-Marc Janaillac

Jean-Marc Janaillac, le Pdg d'Air France-KLM et président d'Air France, sort du bois. A la veille d'un cinquième jour de grève, ce samedi, à l'appel d'une intersyndicale composée de 10 syndicats qui demandent une hausse de salaire de 6%, Jean-Marc Janaillac a réitéré ce vendredi sur RTL la position de la direction.

« On ne peut pas distribuer la richesse que l'on n'a pas. Je suis le garant de l'avenir d'Air France et, aller plus loin, c'est compromettre son avenir », a-t-il déclaré.

Augmentation de la masse salariale de 4,5%

Alors que les syndicats exigent une hausse de 6% pour rattraper le gel des grilles salariales depuis 2011 (les pilotes demandent 4,7% supplémentaires), estimant que l'entreprise a les moyens de le faire après avoir dégagé un résultat opérationnel de 588 millions d'euros l'an dernier, Jean-Marc Janaillac a rappelé qu'il ne pouvait distribuer la moitié de ce résultat.

En effet, le coût de la hausse de 6% (équivalant à 240 millions d'euros), combinée au niveau de l'intéressement accordé (60 millions) s'élèverait à 300 millions d'euros pour la compagnie. S'il admet que les grilles de salaires étaient gelées depuis 2011, Jean-Marc Janaillac a rappelé que les rémunérations, elles, ont, pour la très grande majorité des salariés, augmenté à un niveau supérieur à l'inflation du fait du GVT ("glissement vieillesse technicité") ou des promotions.

« L'intéressement a plus que doublé cette année et correspond à une hausse de 2% du salaire. C'est à dire que la masse salariale va augmenter cette année de 4,5% en moyenne. Il n'y a pas beaucoup d'entreprise de cette taille soumise à une telle concurrence qui ait une telle progression. Aujourd'hui, avec la concurrence que nous avons, rajouter 6%, c'est compromettre les chances pour Air France de continuer à être la grande compagnie internationale qu'elle est (...). il faut un équilibre entre la reconnaissance du travail effectué et le nécessaire investissement pour affronter la concurrence. Nous sommes allés au maximum de ce que nous pouvons faire pour assurer cet équilibre », a déclaré le PDG d'Air France-KLM.

Volonté de signer un accord "gagnant-gagnant" avec les pilotes

La direction reste donc campée sur sa hausse de 1% pour tous, assortie d'une enveloppe d'augmentations individuelles pour le personnel au sol équivalent à 1,5% de hausse (les augmentations individuelles des navigants sont régies par des accords spécifiques) et propose un rattrapage pour ceux dont les rémunérations n'auraient pas augmenté au niveau de l'inflation entre 2011 et 2017 (10% des salariés environ). Comme l'a fait Lufthansa, elle propose aussi aux pilotes un accord « gagnant-gagnant » dans lequel des hausses de rémunération pourraient être déclenchées en contrepartie de mesures permettant à l'entreprise de faire des économies et de la croissance.

« Nous pouvons partager cette croissance supplémentaire pour que cela soit efficace pour tout le monde », a indiqué Jean-Marc Janaillac.

Vu tous les points qu'ils peuvent négocier dans ce cadre (feu vert au développement de Transavia, par exemple), les pilotes peuvent d'ailleurs espérer gagner beaucoup d'une telle négociation. Présentée aux pilotes ce jeudi, la proposition a été refusée.

« La direction a demandé aux syndicats de suspendre la grève pour laisser la négociation avancer, les syndicats ont refusé, exigeant pour cela l'acceptation de toutes leurs revendications », explique la compagnie qui « déplore cet ultimatum ».

Un des plus coûteux conflits qu'aura connus Air France ?

Au-delà du cinquième jour de grève de ce samedi, 6 autres jours de grève ont été posés en avril. Au-delà du coût direct de la grève (25 millions par jour), le coût indirect sera lui aussi considérable car le mouvement pèse sur les prises de réservations pour la très lucrative période estivale. Le conflit est bien parti pour être l'un des plus coûteux de l'histoire d'Air France.

Dans ce contexte, le SPL, un nouveau syndicat de pilotes affilié à la CFDT, demande à la direction de "rénover le dialogue social en s'adressant directement aux salariés de l'entreprise".

"Le développement pérenne d'Air France est une demande très forte des salariés, qui nécessite la mobilisation et l'implication de tous. C'est en ce sens que nous avons écrit à la Direction pour lui demander de réouvrir les négociations sous l'angle plus large du développement de l'activité", explique ce syndicat qui propose, comme axes de négociation, un "mécanisme de modération salariale indexé à la croissance en interne de la compagnie", et "d'ouvrir un vaste chantier d'amélioration de la productivité dont les fruits seront partagés entre les salariés et l'entreprise".

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 15
à écrit le 08/04/2018 à 18:04
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"On ne peut pas distribuer la richesse que l'on n'a pas" Enfin, cela dépend pour qui : Mars 2017 Quatre jours avant un mouvement de grève de 24 heures, essentiellement des personnels au sol d'Air France, pour peser sur les négociations salari...

à écrit le 07/04/2018 à 19:05
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AIR FRANCE KLM vivote, les salariées ne semblent pas concernés, et boostés par des syndicats qui ne roulent... ou volent que pour leur pomme, l'entreprise a un avenir assez sombre quand on voit ce que fait la concurrence. Elle n'arrive pas à investi...

le 07/04/2018 à 19:33
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@ teddy19 Je suis tout à fait d’accord. De plus, non seulement que c’est une entreprise incapable d’investir mais elle ne peut que survivre qu’avec une conjoncture économique extrêmement favorable et, à terme, que si l’Etat décide encore d’y injec...

à écrit le 07/04/2018 à 18:05
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C'est incroyable, est ce le bon terme..., que de constater toutes ces postures imbéciles de syndicats en dehors des réalités économiques ou l'utopie règne en maitre chez nos marxistes léninistes ! Et honte à certains pilotes nantis pourrissant l'entr...

le 08/04/2018 à 9:45
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@chap : vous avez raison et l'immense majorité des français pensent la même chose !! C'est désespérant de voir ces pilotes aussi irresponsables, et navrant de penser que AF, pionnière de l'aviation commerciale, va disparaître par l'égoïsme de quelque...

à écrit le 06/04/2018 à 17:03
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Qu'ils continuent surtout à enfoncer A.F, qu'elle soit liquidée, matériels vendus, Marque " Air France ", vendue. L'Etat a interdiction Eur de la renflouer et heureusement. Je ne voyage plus avec Air Grève et heureusement !!!!

le 07/04/2018 à 7:08
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Analyse d une française moyenne.... Affligeant de betises

le 07/04/2018 à 16:04
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@villabe91 : affligeant ? Mais c'est bien naturel. Qui veut voyager sur Air Greve ? C'est de votre faute ,et surtout de l'égoïsme des pilotes, ne vous plaignez pas si de plus en plus de francais souhaitent la fin de AF. C'est triste, mais pour le paq...

à écrit le 06/04/2018 à 10:23
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Dieu merci le contribuable ne sera pas mis à contribution comme jadis, et comme de toutes les façons il y a désormais plein de compagnies prêtes à s'engouffrer dans la place,que le transport aérien pour utile qu'il soit est trés polluant, que les sal...

le 06/04/2018 à 17:10
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" Polluant ", Vous allez en voilier, d'un continent à l'autre, 4 sem aller-retour, négocier des contrats pour les emplois français, et donc financer cotis soc, impots nationaux... bravo çà ne pollue pas, et votre entreprise vie ainsi.

à écrit le 06/04/2018 à 9:43
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"Air France-KLM: Le PDG Jean-Marc Janaillac empoche un demi-million d’euros pour six mois d’activité" https://www.20minutes.fr/economie/2043091-20170403-air-france-klm-pdg-jean-marc-janaillac-empoche-demi-million-euros-six-mois-activite Heu la le...

le 06/04/2018 à 19:37
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Avec 500000 euros on augmente pas lanmasse salariale d air france. Et puis si c etait dans son contrat ,ou est le probleme ? Je reprend vos propos.tout simplement sur un.meme.article ce matin.

le 07/04/2018 à 9:53
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Le problème, c’est justement que cela figure dans son contrat.

le 07/04/2018 à 17:07
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Vous reprochez un avantage acquis sur le contrat du PDG d'AF. soit. Mais vous-même, quel avantage acquis dans votre contrat êtes-vous prêt à remettre en question ??? Parce que moi, j'aimerais bien qu'un quelconque salarié AF me présente 2 fiche de ...

à écrit le 06/04/2018 à 9:38
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"En pleine négociation sociale, un cafouillage sur la rémunération des dirigeants du groupe a ulcéré les syndicats. Interview de Jean-Marc Janaillac, le PDG du groupe." http://www.leparisien.fr/economie/polemique-sur-le-salaire-des-dirigeants-d-air-f...

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