Les résultats sont finalement moins mauvais que les investisseurs ne le craignaient. C'est d'une certaine manière à ce titre que les marchés saluent aujourd'hui la publication trimestrielle de DaimlerChrysler. A la Bourse de Francfort, le cours de l'action du constructeur germano-américain signe l'une des plus belles progressions du jour et gagne 4,44% à 43,27 euros en clôture.

Pour le troisième trimestre de l'exercice 2006, DaimlerChrysler contredit donc les plus pessimistes, malgré des résultats en baisse, plombés par les difficultés de sa filiale américaine Chrysler. Sur la période, son bénéfice net s'est ainsi rétracté de 36% à 541 millions d'euros. Le bénéfice d'exploitation est amputé de moitié par rapport au même trimestre il y a un an, et s'effondre à 892 millions d'euros. Quant au chiffre d'affaires, celui-ci recule de 7% à 35,2 milliards d'euros pour un million de véhicules vendus dans le monde. Pas de quoi vraiment pavoiser, et pourtant... Les analystes s'attendaient à bien pire. A titre d'exemple, les experts interrogés par l'agence d'informations financières AFX tablaient dans leur consensus sur une perte nette de 13,4 millions d'euros et un bénéfice d'exploitation de 591,2 millions d'euros.

Ce fort recul affiché par le constructeur automobile tient essentiellement aux ratés de Chrysler sur le marché américain, dont les positions sont fragilisées par la férocité de la concurrence sur les prix. Qui plus est, la dernière gamme de la firme de Detroit a loupé sa cible en continuant à centrer son offre sur des véhicules tout-terrain, alors que les automobilistes se tournent de plus en plus vers des moteurs moins consommateurs en carburant. En définitive, Chrysler a essuyé une lourde perte d'exploitation de 1,16 milliard d'euros. "Un plan de restructuration est en cours", a rappelé le patron du géant germano-américain Dieter Zeitche, lors d'une conférence téléphonique. Celui-ci sera présenté en détail d'ici 2007, mais pour l'heure "toutes les options sont encore à l'étude", a-t-il affirmé.

Des difficultés outre-Atlantique compensées par les effets positifs de la réorganisation de Mercedes. La marque aux trois branches peut ainsi afficher sur le trimestre un bénéfice d'exploitation qui a plus que doublé en un an à 991 millions d'euros. Smart qui doit retrouver la voie des bénéfices en 2007, a par ailleurs nettement réduit sa perte au troisième trimestre par rapport aux deux trimestres précédent. Quant à la division poids lourds de DaimlerChrysler, celle-ci confirme sa bonne santé avec un bénéfice d'exploitation en progression de 57% à 556 millions d'euros.

Le cinquième constructeur mondial maintient ses objectifs pour l'ensemble de l'année 2006 et confirme s'attendre à un bénéfice d'exploitation d'environ 5 milliards d'euros, en dépit du manque à gagner lié aux retards de l'Airbus A380 d'EADS. Premier actionnaire du géant européen de l'aéronautique et de la défense avec une participation de 30% (de 22,5% à compter de 2007), DaimlerChrysler évalue pour la première fois l'impact sur ses comptes des difficultés rencontrées par le gros porteur, soit près de 200 millions d'euros en négatif sur son résultat d'exploitation cette année.

Bodo Uebber, le directeur financier du groupe, n'a pas voulu faire de prévision pour 2007. Il a seulement reconnu que le premier trimestre de l'année pour Mercedes serait "nettement plus faible" compte tenu du renouvellement de sa série C. Sur l'ensemble de l'année prochaine, il a en revanche souligné que la marque allemande atteindrait son objectif de rentabilité de 7%.