Acteur phare du paiement P2P (pair-à-pair), la fintech Lydia succombe à son tour aux sirènes de la finance 2.0. En partenariat avec la plateforme autrichienne Bitpanda, spécialisée dans le trading de cryptomonnaies et d'actions, l'application mobile française va proposer, d'ici la fin de l'année, à ses 5 millions d'utilisateurs, la possibilité d'investir dans des cryptomonnaies, des valeurs européennes ou américaines, des ETF (fonds indiciels cotés), voire même des métaux rares. La recette est déjà connue, et largement rodée par de nombreuses plateformes de trading, sur le modèle de l'américain Robinhood, à savoir : investissement fractionné (à partir d'un euro), prix garanti, simplicité d'utilisation.
En revanche, pas de gratuité, mais « les meilleurs prix du marché », selon le communiqué de presse diffusé ce lundi. « Avec Lydia trading, notre volonté est de permettre à nos utilisateurs de choisir ce que finance leur argent, et d'investir selon leurs moyens : qu'ils soient simplement curieux, des investisseurs débutants, ou des experts chevronnés », explique ainsi Cyril Chiche, directeur général et co-fondateur de Lydia. Cette nouvelle fonctionnalité de trading sera directement accessible depuis l'application, « tout en respectant les plus hauts standards » de sécurité et de conformité aux directives européennes.
Le boom des plateformes de trading
La startup souhaite bien évidemment surfer sur la nouvelle vague d'investisseurs particuliers, « la génération Covid », à la fois plus jeunes et beaucoup plus appétents aux risques que l'épargnant français lambda. Selon un récent sondage réalisée par Viavoice, près de 40% des Français de 25 à 40 ans se déclarent prêts à acheter des actions.
En deux ans, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a constaté l'arrivé de quelque 800.000 nouveaux venus à la Bourse. Ce mouvement enclenché avec la privatisation de la Française des Jeux (FDJ) en novembre 2019, et amplifié depuis la crise sanitaire, a profité aux courtiers en ligne traditionnels mais aussi à une nouvelle génération de plateforme de trading, comme eToro, XTB ou Admiral Markets. D'autres plateformes, mal identifiées, sur la ligne rouge de l'arnaque, profitent également de cet engouement pour le risque et l'AMF publie régulièrement sur son site des mises en garde sur des acteurs non-agréés.
Le pari de l'éducation financière
Toute la question aujourd'hui est de savoir si ces nouveaux investisseurs ne risquent-ils pas de s'évaporer aussi vite qu'ils sont apparus en cas de baisse des marchés. Les contreperformances, au troisième trimestre, de géants américains comme Coinbase et Robinhood, montrent bien que cette clientèle est aussi volatile que les marchés dans lesquelles elle aime investir !
Lydia prend soin de se démarquer des excès, notamment en termes de gamification du trading, clairement dans le viseur du régulateur, notamment aux Etats-Unis. La fintech souhaite donc jouer la carte de l'éducation financière, où la France accuse un réel retard par rapport à ses voisins, à grand renfort de graphiques et de paramétrages de l'application.
La finance durable n'est pas très loin non plus en encourageant les utilisateurs à soutenir des entreprises « en accord avec leurs valeurs ». Enfin, Lydia joue clairement la carte de l'investissement fractionné, soit une fraction d'action, « avec l'argent d'une bière que l'on nous a remboursé ». L'esprit Lydia est donc préservé alors que le succès de cette fintech s'est bâti, depuis son lancement en 2013, sur les campus étudiants en mode « paie et je te rembourse plus tard ».
Une nouvelle brique de la « super app »
Cette diversification vers le trading participe moins à un effet de mode qu'à une stratégie bien assumée de transformer son application d'échange d'argent en une « super App » aux fonctionnalités multiples.
La startup a en effet vite compris les limites de son modèle d'origine fondé sur une carte de paiement et/ou le paiement mobile avec une facturation light du service. Dès 2019, Lydia a ainsi entamé sa mutation en une plateforme universelle de services financiers, sur les traces notamment de certaines néobanques comme Starling.
Dans ce cadre, la startup a noué un partenariat avec le néoassureur Luko dans l'assurance habitation et propose des services, également en partenariat, de renégociation d'abonnement auprès d'opérateurs télécoms ou de fournisseurs d'énergie. Lydia pousse également ses feux dans le crédit à la consommation et l'assurance de smartphones.
Autant de services directement accessibles depuis l'application, y compris évidemment le paiement. Tous ces développements ont un coût. La fintech a cependant levé 40 millions d'euros en 2020, souscrits par le géant chinois Tencent (WeChat Pay), qui sait ce qu'une place de marché avec son écosystème veut dire.
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