Revalorisés, le livret A et LDDS ont vu leur collecte bondir en mai

En mai, le livret A a récolté 2,47 milliards d’euros de plus qu’en avril et le Livret de développement durable 1 milliard d’euros de plus. Une collecte très importante due à l’augmentation du taux de ces livrets à 3%. Mais ces rémunérations coûtent cher aux banques et aux bailleurs sociaux qui souhaitent voir les taux diminuer.
Le taux du livret A pourrait augmenter à 4% dans les prochains mois.
Le taux du livret A pourrait augmenter à 4% dans les prochains mois.

Le placement préféré des Français n'a jamais aussi bien porté son nom. Le Livret A a récolté 2,47 milliards d'euros de plus qu'il n'en a perdu en retraits, en mai, selon les chiffres publiés mercredi par la Caisse des dépôts (CDC). Il s'agit d'un niveau plus vu pour un mois de mai depuis celui de 2020, une année jugée exceptionnelle. Le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) a de son côté enregistré une collecte nette de 1,05 milliard d'euros le mois dernier, un montant plus de six fois supérieur à celui de mai 2022.

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Au total, l'encours des deux livrets atteignait 542,1 milliards d'euros à fin mai, un record. Avec plus de 32,38 milliards d'euros engrangés depuis le début de l'année, ces deux placements ont quasiment autant récolté d'argent en cinq mois que durant toute l'année 2022, hors intérêts capitalisés. Le livret A à lui seul a gonflé de 24,5 milliards d'euros depuis janvier.

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Pour rappel, géré conjointement par la Caisse des dépôts et les réseaux bancaires, le Livret A sert essentiellement à financer le logement social, tandis que le LDDS est dédié à l'économie sociale et solidaire ainsi qu'aux économies d'énergie dans les logements.

Bientôt 4% d'intérêt sur le Livret A

Cette collecte importante est portée, depuis le début de l'année, par la hausse de son taux d'intérêt à 3%, en vigueur depuis le 1er février, qui a poussé les Français à transférer une partie de leur argent qui dormait sur leurs comptes courants. Les épargnants attendent désormais le prochain taux applicable au 1er août, qui devrait être décidé courant juillet par le ministère de l'Économie, sur proposition de la Banque de France. Selon la formule de calcul prenant en compte d'une part la hausse des prix et d'autre part les taux interbancaires, il pourrait se situer à 4% ou 4,1%, selon le directeur du Cercle de l'épargne Philippe Crevel, sollicité par l'AFP.

Mais le directeur général de la CDC ne l'entend pas de cette oreille : Eric Lombard s'est en effet prononcé le 25 avril sur France Info pour un maintien du taux à 3%, arguant l'impact potentiellement négatif sur le logement social, pour qui le taux du Livret A est un taux d'emprunt.

« Une hausse d'un point du taux du Livret A générerait un surcoût non négligeable pour les établissements financiers (4 milliards d'euros sur un an), pour les bailleurs sociaux ainsi que pour les collectivités locales ou les PME qui empruntent à partir des ressources issues du Livret A ou du LDDS », accuse-t-il dans un communiqué. Selon lui, « les banques pourraient être amenées à répercuter le surcoût de la hausse du taux sur les emprunts. Un taux élevé pourrait également conforter les Français à privilégier l'épargne au détriment de la consommation ce qui nuirait à la croissance. Un relèvement du taux du Livret A pénaliserait les autres placements ».

Compte tenu de toutes ces conséquences, Eric Lombard estime que les taux ne pourraient pas se maintenir aussi haut bien longtemps. « Le ministre de l'Économie pourrait retenir le taux de 3,5 %, un taux à mi-chemin entre celui actuellement en vigueur et celui résultant de l'application de la formule. Pour le Livret d'Épargne Populaire, le taux pourrait passer de 6,1 à 5,6 % le 1er août prochain », ajoute-t-il. En janvier, la Banque de France avait déjà raboté à 3% le taux théorique de 3,3% justement pour éviter ces effets secondaires.

L'augmentation des taux des livrets déplaît aux banques et aux financiers

Mais si l'augmentation du taux ravit les épargnants, l'accueil n'est pas le même du côté des acteurs de la banque et la finance. Faute d'un taux de rémunération bien inférieur à ceux des livrets, les fonds euros de l'assurance-vie, l'autre placement offrant une garantie en capital a connu davantage de retraits que de dépôts depuis le 1er janvier, pénalisant les fonds d'investissement et les sociétés de gestion qui tirent une partie de leur revenu de ce type de placements.

Les banques font aussi grise mine en étant contraintes de payer davantage leurs clients sans pouvoir ajuster aussi fortement leur actif (les crédits) aux nouvelles conditions de marché. Les réseaux traditionnels de collecte des livrets - Caisses d'Épargne (BPCE), La Banque Postale et Crédit  Mutuel - sont les plus touchés. Le groupe BPCE avait déjà avancé un manque à gagner en termes de produit net bancaire de 700 millions d'euros en 2022. Au premier trimestre 2023, son produit net bancaire (PNB) a accusé un recul de 5% sur un an à 5,8 milliards d'euros, avec un effet négatif de 380 millions d'euros lié aux effets de l'épargne réglementée, a indiqué le groupe mutualiste au début du mois de mai. BPCE détient, via les Caisses d'Epargne, une part de marché de près de 30% sur le Livret A.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 22/06/2023 à 8:24
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oui cest sur, tout le monde se plaind de ne plus avoir d'argent gratuit pour faire n'importe quoi avec.............;il est certainque quand ca coute on est oblige de devenir ibtelligent

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