Aéronautique/défense : l'Etat a préservé son patrimoine en 2020 (Cour des comptes)

Lors de la crise sanitaire de 2020, l'évolution du portefeuille de participations financières de l'État dans l'aéronautique et la défense n'a baissé que de 46 millions d'euros, selon la Cour des comptes.
Michel Cabirol
Les sociétés du secteur aéronautique ont enregistré des fortes baisses de leur chiffre d'affaires et de leur résultat opérationnel.
Les sociétés du secteur aéronautique ont enregistré des fortes baisses de leur chiffre d'affaires et de leur résultat opérationnel. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)

L'impact de la crise sanitaire sur le patrimoine de l'État dans le secteur de l'aéronautique et de la défense a été finalement très limité. Ce secteur "a bien résisté à la crise en se maintenant à une valeur globale de 8,4 milliards d'euros", révèle la Cour des comptes dans un rapport consacré à la gestion des participations financières de l'État durant la crise sanitaire publié dimanche soir. L'évolution du portefeuille de participations financières de l'État dans l'aéronautique et la défense n'a baissé que de 46 millions d'euros, passant entre 2019 et 2020 de 8,466 milliards à 8,420 milliards d'euros, selon la Cour des comptes.

Dans le même temps, la valeur du portefeuille de l'État a baissé de 10,8 milliards d'euros, dont 5,6 milliards dans le secteur des transports (soit 1 milliard d'euros pour la quote-part de l'État dans le capital d'Air France et 1 milliard pour celle dans ADP) en raison des lourdes pertes enregistrées en 2020.

Lire aussi : La Cour des comptes juge "obsolète" la doctrine de l'État actionnaire

Des entreprises qui ont souffert

Pour autant, les entreprises de ce secteur ont souffert, comme le note la Cour. Les sociétés du secteur aéronautique ont enregistré des fortes baisses de leur chiffre d'affaires et de leur résultat opérationnel même si Thales (- 1,4 milliard de chiffre d'affaires entre 2019 et 2020) s'en est plutôt mieux sorti que Safran (- 8,4 milliards) et surtout Airbus (20,56 milliards). En matière de résultat net, Thales (492 millions en 2020, contre 1,1 milliard en 2019) et Safran (386 millions, contre 2,5 milliards) sont restés dans le vert tandis qu'Airbus est resté dans le rouge (1,1 milliard contre 1,3 milliard).

"Airbus a enregistré une baisse de plus de 20 milliards d'euros de son chiffre d'affaires en 2020 et un résultat net négatif. Mais la solidité de son bilan (les capitaux propres part du groupe sont en légère progression pour atteindre 6,4 milliards d'euros en 2020) et le niveau élevé de trésorerie nette (4,3 milliards d'euros) résultant notamment des prêts souscrits en 2020 ont dispensé Airbus de solliciter ses actionnaires", analyse la Cour.

Les entreprises du secteur des transports et de l'aéronautique, ont été très fortement pénalisées dans leur activité par la crise sanitaire. Ainsi, les cours de bourse d'Air France-KLM, ADP et Airbus ont reculé respectivement de 50,9 %, de 40,6 % et de 28,6 %, générant une baisse globale de la valeur du portefeuille de l'État de 7 milliards d'euros. Safran fait également partie des principales baisses de valeur boursières (- 1,1 milliard d'euros, soit une chute de 16,5 %).

Protection des intérêts stratégiques

Autre constat de la Cour des comptes, la mobilisation de l'État pendant la crise pour préserver ses intérêts stratégiques dans certaines filières critiques. "Au-delà des entreprises à participation publique, l'État semble désormais élargir son action à la sauvegarde d'entreprise stratégiques dont il n'est pas actionnaire et à la garantie d'une autonomie plus grande dans certaines filières stratégiques, dans une logique de souveraineté économique", souligne la Cour. Pour autant, elle constate que cette évolution n'a pas été "encore clairement formalisée".

L'État a su utiliser les instruments de contrôle des investissements étrangers (IEF), dont le dispositif a été élargi récemment, tant au niveau de l'Union européenne, qu'au niveau national. Ainsi, le projet de rachat de Photonis, leader mondial de la vision nocturne par l'américain Teledyne a "fait l'objet d'un avis oral négatif avant de se traduire par une décision négative formelle en décembre 2020, ce qui est exceptionnel", constatent les sages de la rue Cambon. "L'élargissement des possibilités juridiques de recours à ce dispositif, et son caractère dissuasif, ne doivent toutefois pas laisser penser qu'une banalisation de son usage serait envisageable, sauf à risquer de dissuader les investissements étrangers", avertit toutefois la Cour.

Enfin, le levier de la commande publique a été parfois actionné. C'est ce qui a été fait aux États-Unis dans le contexte de la crise sanitaire, sur le modèle de la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency). C'est également le sens du plan de relance français, qui a anticipé certaines commandes publiques, notamment militaires, pour un montant de 832 millions d'euros. Par ailleurs, l'État a également consenti une avance en compte courant d'actionnaire à Naval Group pour 76,7 millions d'euros et a souscrit des obligations convertibles pour Safran pour 114,3 millions d'euros.

Michel Cabirol

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