Aéronautique : malgré la baisse des livraisons, Airbus ne s'affole pas et maintient le cap

Si une prévision annuelle ne se modifie pas au débotté, Guillaume Faury s'est fermement engagé à tenir son objectif de 720 livraisons sur l'année. Le patron d'Airbus n'entend pas renoncer après le ralentissement rencontré ces deux derniers mois dans la production de sa famille A320 NEO, qui concentre la grande majorité de l'activité du constructeur.
A Doha, Guillaume Faury a affirmé sa confiance dans la réalisation des prévisions annuelles d'Airbus.
A Doha, Guillaume Faury a affirmé sa confiance dans la réalisation des prévisions annuelles d'Airbus. (Crédits : La Tribune)

Guillaume Faury n'a pas l'intention de baisser les bras dès le mois de juin. Alors qu'Airbus a connu un ralentissement significatif de ses livraisons en avril et mai, le président exécutif du constructeur européen reste fermement accroché à ses prévisions annuelles, à savoir environ 720 avions livrés sur l'année. Celles-ci avaient déjà été maintenues lors des résultats du premier trimestre en dépit de la dégradation de la situation financière et politique mondiale.

«Nous restons complètement concentrés sur nos prévisions parce que la demande est là, a ainsi déclaré Guillaume Faury en préambule de l'assemblée générale de l'IATA à Doha, au Qatar. Nous pensons que nous n'avons qu'un peu de retard étant donné la situation, et que c'est toujours faisable. Nous avons connu des situations pires.»

Bien qu'il reconnaisse que la situation n'est pas agréable ni pour lui, ni pour ses clients, le patron d'Airbus n'entend donc pas abandonner, rappelant que moins de la moitié de l'année était écoulée.

Une baisse de cadence inattendue

Fin mai, Airbus avait livré 237 avions, dont 202 monocouloirs, à 58 clients. À titre de comparaison, en 2021, le total était de 220 appareils livrés. La différence est relativement faible étant donné la remontée en cadence opérée par le constructeur tout au long de l'an dernier. Parti de 40 avions de la famille A320 NEO par mois, conséquence de la baisse brutale de la production en réponse à la pandémie de Covid-19 en 2020, il est remonté progressivement jusqu'à atteindre la cadence 45 en fin d'année. Au total 611 appareils, dont 533 monocouloirs, avaient ainsi été livrés en 2021.

Cette montée en cadence devait se poursuivre tout au long de 2022, avec comme objectif d'être à 50 avions de la famille A320 NEO par mois en cours d'année, puis de retrouver les niveaux d'avant la crise d'ici l'été 2023, avec 65 appareils mensuels. Après un début d'année à un rythme réduit, comme c'est traditionnellement le cas, avec 30 appareils livrés en janvier, Airbus a accéléré à 49 en février et 63 en mars. Mais un sérieux coup de frein s'est fait ressentir en avril et mai, avec respectivement 48 et 47 avions. Dès niveaux équivalents, voire inférieurs, à ceux connus un an auparavant.

Ce retard semble venir en partie de la remise en route des chaînes d'approvisionnement, prises entre la disponibilité des matériaux et le besoin de main d'œuvre qualifiée. Selon Reuters, le motoriste CFM International (coentreprise entre Safran et GE) connaît actuellement des retards de production de six à huit semaines, qui devrait n'être pleinement résorbés qu'au début du quatrième trimestre. Cela pèse donc sur les livraisons d'Airbus comme de Boeing, le LEAP de CFM équipant aussi bien l'A320 NEO (Pratt & Whitney proposant également son PW1100G) que le 737 MAX (motorisation exclusive).

Pas d'inquiétude sur le titane

En parallèle, Guillaume Faury en a profité pour rassurer sur la question du titane, balayant du revers de la main les risques de pénurie, même en cas d'arrêt des livraisons venues de Russie. Le président exécutif d'Airbus assure « être entré dans la crise avec 6 à 12 mois d'inventaire en stock sur le titane et les pièces en titane, ce qui nous donne le temps d'activer les sources secondaires ». Une situation sur laquelle travaille Airbus depuis 2014, et le choc de l'annexion de la Crimée par la Russie.

Même s'il regretterait de devoir se passer de VSMPO-Avisma, le géant du titane russe dont il a salué la qualité, Guillaume Faury estime que la combinaison de ces sources secondaires permettra de se passer du titane russe qui représente environ la moitié du titane de qualité aéronautique consommé en Europe.

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Commentaire 1
à écrit le 20/06/2022 à 15:56
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Avec un OTD moyen de sa Supply Chain en dessous des 70%, un fournisseur de moteur (SAE) à la ramasse (2 mois de retard), et surtout des problèmes de fond dans toute la chaine qui ne se résoudront pas en un jour (pénurie de main d'œuvre, de matière et...

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