Airbus refuse le système de roulage électrique des avions de Safran

Le projet d'installer un petit moteur électrique sur le train d'atterrissage principal des A320 Neo, dans le but de faire rouler les avions, moteurs éteints, sur le tarmac des aéroports, tombe à l'eau. Airbus a décidé de ne pas l'installer. Ce système aurait permis de réduire les émissions de CO2.
Fabrice Gliszczynski
Le projet est au frigo. C'était une idée géniale, a regretté Philippe Petitcolin, le directeur général de Safran.
"Le projet est au frigo. C'était une idée géniale", a regretté Philippe Petitcolin, le directeur général de Safran. (Crédits : Reuters)

"Je suis surpris et déçu". Philippe Petitcolin, le directeur général de Safran, n'a pas caché sa déception ce lundi devant la presse. Airbus a refusé son projet d'"e-taxiing" (pour roulage électrique), qui aurait permis de faire rouler les avions de l'aérogare jusqu'à la piste de décollage avec les moteurs éteints, grâce à un petit moteur électrique installé sur le train d'atterrissage principal. Ce concept aurait permis d'économiser environ 4% des émissions de CO2 sur des vols court-courriers d'une heure environ (pour les compagnies qui ne font pas déjà le roulage avec un seul moteur).

"Le projet est au frigo. C'était une idée géniale", a regretté Philippe Petitcolin, dubitatif sur les explications fournies par l'avionneur.

Une décision en apparence peu compréhensible à l'heure où le secteur est sous pression pour réduire son empreinte carbone.

Lire aussi : Le plan d'Air France pour compenser 100% de ses émissions de CO2 (pour ses vols intérieurs)

"C'est un échec qui ne va pas dans le sens de l'histoire", a déploré Philippe Petitcolin.

Un projet à l'étude depuis 2013

Après avoir travaillé sur ce concept de roulage électrique en 2013 avec Honeywell, Safran planchait en solo depuis 2016. Pour développer ce petit moteur électrique de moins de 400 kilogrammes, vendu au prix d'un million de dollars, Safran a cherché à collaborer avec l'avionneur européen pour mettre en place ce projet qui aurait pu voir le jour en 2023.

Alimenté par l'APU (Auxiliary Power Unit), qui fournit de l'énergie à bord des avions quand les moteurs sont arrêtés, ce moteur électrique aurait permis à l'avion de se déplacer sur toutes les voies de roulage d'un aéroport. De quoi générer des économies substantielles sur les aéroports encombrés où il n'est pas rare de voir des avions circuler 40 minutes sur les taxiways avant de pouvoir décoller (voire plus). Des temps de roulage qui peuvent être multipliés par... 14, les A320 effectuant jusqu'à 14 cycles par jour (décollages et atterrissages).

Selon Safran, les compagnies aériennes pouvaient tabler sur un retour sur investissement « inférieur à 3 ou 4 ans ».

Safran avait uniquement étudié ce concept avec Airbus. Boeing n'était pas intéressé. En raison d'un train d'atterrissage très condensé sur ses B737, il n'y a pas suffisamment de place pour installer un tel équipement.

Fabrice Gliszczynski

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 38
à écrit le 05/12/2019 à 18:24
Signaler
Censure de ma commentaire mise en ligne le 3.12 - pourquoi? "Le A320neo est deja bien plus efficace que la version precedente. 400 kg est l'equivalent de 4 passagers! Pour une ligne aerienne cette systeme pese bien trop - a poids maximal de decol...

à écrit le 05/12/2019 à 12:16
Signaler
Article incomplet qui ne formule les raisons du refus d'Airbus qui doivent être sans doute techniques pour un avion conçu, il y a près d'un demi siècle, non?

à écrit le 05/12/2019 à 10:07
Signaler
ben avec les tracteurs autonome qui vont pas tarder à etre opérationnel c est plus tres intéressant

à écrit le 05/12/2019 à 8:28
Signaler
400 kg de poids en sup ! par avion ou pour chaque train principal ? et pas de co2 émis pour transporter ces 400 ( ou 800 ) kg supplémentaires ? bonne décision d Airbus .

à écrit le 04/12/2019 à 15:16
Signaler
Un moyen de gagner du temps peut-être. Mais certainement pas de réduire son empreinte carbone : l'électricité est produite par l'APU, un petit turboréacteur embarqué, qui est bien alimenté au kérosène

à écrit le 04/12/2019 à 13:55
Signaler
Avec cette annonce, Mr petitcolin va devoir réviser ses intentions de construire une usine dans un pays à bas cout en la finançant avec l'argent des CICE CIR puisés MASSIVEMENT dans les poches des contribuables français

à écrit le 03/12/2019 à 21:22
Signaler
Pour faire des économies d'énergie, il faut commencer par ne pas la consommer. Autant d'avions ont ils une utilité ? Faire "baguenauder" chaque année quelques milliards de passagers à travers le ciel vers des destinations Improbables au nom d'un tou...

le 04/12/2019 à 4:56
Signaler
Je demeure à l'étranger la majeur partie de l'année ,et retourne en France de temps à autre ,aussi je ne me gênerai jamais d'utiliser les transports aériens et j'em... les soient disant écolos qui ne savent même pas planter une salade !! Que ces inut...

le 04/12/2019 à 13:49
Signaler
Il me semble qu'ils transportent des trucs en plus des passagers, les avions, parfois même zéro passager (hors pilotes) ! Il faudrait affiner les bilans, combien d'avions ne transportent que des bagages et zéro fret. Un avion vide est-il préférable à...

le 04/12/2019 à 14:25
Signaler
@dan521 : Ahhh l'argument magique : Moi j'en ai besoin, allez voir les autres sources de consommation de carburant. Sans doute qu'un jour vous comprendrez que la solution ne sera jamais de diminuer ou supprimer UNE source de pollution, mais de diminu...

le 05/12/2019 à 14:14
Signaler
j'ai entendu très récemment que l'intégralité des vols aériens ne représentaient QUE 2?5% des gaz à effet de serre... Bref peanuts

à écrit le 03/12/2019 à 21:20
Signaler
Ce concept est une blague, surpoids, surcoût pour les compagnies, les réacteurs doivent être mis en route un certain temps pour les check-lists avant décollage de toute façon... Il aurait fallu revoir la certification, les procédures, les formations ...

le 04/12/2019 à 11:59
Signaler
Bien vu, bien dit. Ce n'est donc pas une idée aussi géniale que le prétend son promoteur.,

le 04/12/2019 à 13:52
Signaler
Une fois atterri, vous avez besoin de garder les réacteurs chauds ? Peut-être si vous re-décollez dans les 10 minutes ? S'il faut 25 minutes d'allumage avant décollage pour les mettre à bonne température, quelle idée de chercher à leur faire moins g...

le 04/12/2019 à 14:20
Signaler
Oui, sauf que... L'A320 est une machine court courrier, il fait donc de nombreux vols et ne fait au mieux qu'une pause d'une heure, donc pas de quoi refroidir complètement le moteur... Et au pire, pas besoin de le faire tourner 20 minutes, 5 minutes ...

à écrit le 03/12/2019 à 20:23
Signaler
Est-ce qu'un système type "véhicule électriques" ou hydrogènes ne serait-il pas la solution : décarbonner véhicules tracteurs, follow me, tapis à bagages, tracteurs à bagages, bus, rampes mobiles, etc...

le 04/12/2019 à 9:36
Signaler
Ca ce développe... mais pas assez vite

à écrit le 03/12/2019 à 19:00
Signaler
Hummm M.Petitcolin peut il véritablement se déclarer surpris par le rejet d'une offre... placée à un tarif inaccessible ? Cdlt

à écrit le 03/12/2019 à 18:59
Signaler
Choix regrettable, à priori ... Mais vous n'indiquez pas les raisons qu'évoque l'avionneur. L'avez vous sollicité pour en connaître les raisons ? Cordialement

à écrit le 03/12/2019 à 18:46
Signaler
Le A320neo est deja bien plus efficace que la version precedente. 400 kg est l'equivalent de 4 passagers! Pour une ligne aerienne cette systeme pese bien trop - a poids maximal de decollage de l'avion il faudrait eliminer 4 passagers et le poids du ...

à écrit le 03/12/2019 à 18:26
Signaler
Si Safran n'arrive pas à vendre son système à Airbus c'est peut être que la solution technique choisie par Safran n'est pas la bonne ou qu'Airbus se dit que le système est trop cher! 1 millions de Dollar pour un moteur...Voilà ce qu'il en coûte à un...

à écrit le 03/12/2019 à 17:45
Signaler
Il y a plusieurs explications concernant le refus d'Airbus: - l'ajout d'un nouveau composant demande de reconfigurer le train d'atterrissage, de rajouter du câblage, de reconfigurer les ordinateurs qui vont contrôler ce moteur. Cela demande aussi ...

à écrit le 03/12/2019 à 14:24
Signaler
Cette solution n'est pas pertinante, à cause du surpoids du moteur et de la source d'énergie qui est l'APU, cela en fait un système hybride très peu efficace tant énergétiquement qu'en terme d'émissions. Du coup les réductions de CO2 annoncées de 4% ...

le 03/12/2019 à 16:41
Signaler
Non: sur des court-courriers (10 rotations par jour), un système autonome se justifie pour plusieurs raisons: 1) on gagne du temps "Turn around time" en n'ayant justement pas à atteler et dételer un chariot à chaque rotation 2) Il faudrait, sur des...

le 03/12/2019 à 17:42
Signaler
@ Pierre31 Excellent !

le 05/12/2019 à 9:49
Signaler
"pertinente", "nulles"

à écrit le 03/12/2019 à 12:51
Signaler
Je suis probablement très naïf, mais ne serait-il pas possible, tout simplement d'avoir des "navettes électriques" qui tracteraient les appareils sur tout ou partie des pistes, avec un balisage au sol pour leur retour au terminal.

le 03/12/2019 à 23:03
Signaler
Non pas déconnant du tout. Plutot que de rajouter de l'hyper technologie la où c'est pas nécessaire et source de panne. Faudra juste équiper les aeroports mais le ROI sera vite trouvé.

le 04/12/2019 à 14:28
Signaler
Cela existe déjà, allez voir du côté de la société TLD (société française en plus) qui est parmi les leader sur le marché des tracteurs d'avions et qui dispose de nombreux modèles électriques.

à écrit le 03/12/2019 à 12:41
Signaler
Quelle est la raison du rejet d'Airbus ?

à écrit le 03/12/2019 à 11:46
Signaler
Airbus n a pas Retenu Thalès de l avionique du C295 néo Retenu Safran pour le dispositif de roulage autonome de l'a320neo Est en train de mettre en grande partie Thalès dehors du projet SCAF vous trouvez cela normal car pendant ce temps Airbus ...

le 04/12/2019 à 0:26
Signaler
"Choisit son prototype d avion électrique chez les anglais en y incorporant le maximum de technologies allemandes" Il vous a sans doute échappé qu'Airbus est une entreprise privée et non une institution philanthropique...

le 05/12/2019 à 9:52
Signaler
AIRBUS n'est pas une entreprise locale en tout cas au niveau national mais européenne donc des décisions d'implantation concernent aussi d'autres pays notamment le principal partenaire, l'Allemagne. Après sont elles justifiées ou pas, comment savoir.

à écrit le 03/12/2019 à 11:32
Signaler
Ce système à priori "génial", ne l'est en réalité pas tant qu'il n'y parait. En effet le surpoids de cette motorisation au sol, génère une consommation supplémentaire en vol. De plus les réacteurs doivent être allumés suffisamment tôt pour être "ut...

à écrit le 03/12/2019 à 10:24
Signaler
Bon article, sauf qu’il manque les arguments de Airbus. Pourquoi ont ils refusé ? La Tribune peut elle développer ?

le 03/12/2019 à 11:24
Signaler
Car le système pèse son poids ! Pas sûr que l'économie de carburant au roulage soit totalement amortie sur un vol dûe a la masse ajoutée...

à écrit le 03/12/2019 à 10:09
Signaler
c'est assez incompréhensible ; on aimerait connaître les raisons ( techniques ) qui ont conduit au refus de cette technologie par Airbus ?

à écrit le 03/12/2019 à 10:01
Signaler
Il serait bien d'entendre les deux versions. Celle ci présente les décisionnaires d'airbus comme des dinosaures.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.