Dissuasion nucléaire : Hemeria s'offre Opensci une pépite très discrète

Le groupe toulousain s'offre une petite PME Opensci, qui a développé une technologie très innovante pour détecter et caractériser des lancements spatiaux et balistiques.
Michel Cabirol
Opensci fournit du renseignement stratégique au ministère des Armées en désignant le pays qui vient de procéder à un tir civil (lanceur) ou militaire (missile balistique).
Opensci fournit du renseignement stratégique au ministère des Armées en désignant le pays qui vient de procéder à un tir civil (lanceur) ou militaire (missile balistique). (Crédits : KCNA)

C'est une acquisition stratégique... qui rassure le ministère des Armées en matière de protection de la base industrielle et technologie de défense (BITD) française. Le groupe toulousain Hemeria s'offre une petite PME très, très discrète, Opensci, qui a développé une technologie très innovante pour détecter et caractériser des lancements spatiaux et balistiques.

« Cette technologie combine mesures physiques, intelligence artificielle et apprentissage automatique (machine learning) », précise Hemeria dans un communiqué publié ce jeudi.

En clair, cette PME fournit du renseignement stratégique au ministère des Armées en désignant le pays qui vient de procéder à un tir civil (fusée) ou militaire (missile balistique). Ce qui est une aide à la décision très précieuse pour les autorités politiques, notamment en période de conflits.

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Des prédateurs étrangers étaient sur les rangs pour rafler cette pépite, créée en 2017 par un jeune entrepreneur Jean-Pierre Ducourtieux, basée à Paris et soutenue par la Délégation générale de l'armement (DGA). Mais finalement le groupe Hemeria (57 millions de chiffre d'affaires entre juillet 2022 et juin 2023, dont 75% dans la défense) a su trouver les arguments pour convaincre Opensci de s'adosser à lui en dépit d'offres, semble-t-il, mieux-disantes de grands groupes. Pour Hemeria, cette opération « renforce notre offre au bénéfice des intérêts souverains étatiques, décrypte pour La Tribune le directeur général d'Hemeria, Nicolas Multan. Nous sécurisons la BITD, notamment celle liée à la dissuasion ».

Opensci devient Hemeria Sensing

Parmi les arguments convaincants, l'entreprise toulousaine offre la possibilité à Opensci, qui réalise plus de 1 million d'euros de chiffre d'affaires, de se développer au sein d'une nouvelle division « Intelligence et Data » spécialement créée à l'issue de cette opération. Jean-Pierre Ducourtieux est chargé entre autres de faire croître Opensci, qui devient Hemeria Sensing. Cet adossement à Hemeria va permettre à Opensci « de disposer de moyens accrus pour concrétiser les multiples opportunités de développement que présentent les marchés français et internationaux ». Nicolas Multan est ambitieux pour Hemeria Sensing à l'international, où il estime qu'il existe un marché dans les pays alliés de la France. Il a déjà pris contact avec le Département de la défense américain (DoD) et la NSA, qui semblent se montrer intéressées.

« L'accélération du développement du groupe Hemeria passe par l'intégration de cette pépite française mettant en œuvre des systèmes innovants pour l'anticipation, le suivi et l'analyse de l'activité suborbitale d'intérêt militaire », souligne Nicolas Multan.

Au-delà de cette opération, cette nouvelle division, qui se veut être « un complément de trajectoire » dans le modèle économique d'Hemeria, va permettre de lancer une activité de services de données pour mieux pérenniser les activités de systémier intégrateur du groupe dans la division Space and Sky (60% du chiffre d'affaires du groupe) et dans la division Land and Sea (40%). « Hemeria Sensing va intervenir dans le spatial et la défense, les deux marchés cibles du groupe », précise le directeur général d'Hemeria. Cette acquisition s'inscrit donc parfaitement dans la stratégie de développement de l'ETI toulousaine dans les services de données, un marché en croissance.

Cette activité devrait se développer rapidement au sein de la nouvelle division d'Hemeria « Intelligence et Data ». Nicolas Multan vise, grâce à une croissance externe agressive notamment, un chiffre d'affaires de 25 à 30 millions d'euros à l'horizon 2030, détaille-t-il à La Tribune.

« Nous allons très rapidement muscler notre jeu dans les services de données orientés un peu plus vers la défense. Nous avons déjà dans les tuyaux un certain nombre de cibles dans notre viseur », précise-t-il.

Notamment dans les domaines de la gestion des orbites et des débris. Un marché en devenir et qui sera crucial à l'avenir pour l'accès à l'espace.

Michel Cabirol

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