La France a suspendu 500 licences d'exportations d'armes vers la Turquie

Selon la ministre des Armées, Florence Parly, "le flux annuel d'exportations et de livraisons vers la Turquie est de l'ordre de 50 millions d'euros par an".
Michel Cabirol
Entre 2009 et 2018, la France a reçu de la Turquie près de 600 millions d'euros de commandes de systèmes d'armes. Sur la même période, les industriels français ont livré pour 461,7 millions d'euros de matériels militaires à Ankara.
Entre 2009 et 2018, la France a reçu de la Turquie près de 600 millions d'euros de commandes de systèmes d'armes. Sur la même période, les industriels français ont livré pour 461,7 millions d'euros de matériels militaires à Ankara. (Crédits : MURAD SEZER)

À quoi correspond concrètement la décision de suspendre, le 12 octobre dernier, les exportations d'armement françaises vers la Turquie ? Le président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, Christian Cambon, qui a posé la semaine dernière cette question à la ministre des Armées, a dû être frustré par la réponse très frugale de Florence Parly. "Le flux annuel d'exportations et de livraisons vers la Turquie est de l'ordre de 50 millions d'euros par an. Nous suspendons immédiatement quelque 500 licences, qui ne représentent pas toutes des montants importants, bien sûr", a expliqué la ministre le 15 octobre lors de son audition à la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat.

Concernant la suspension des exportations de matériels de guerre vers la Turquie, "il s'agit d'une décision collective des membres de l'Union européenne. Le Conseil européen abordera naturellement ce sujet", avait souligné quelques heures avant la ministre des Armées, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian lors de son audition au Sénat.

Pour autant, les Etats membres de l'Union européenne (UE), s'ils ont condamné le 14 octobre l'intervention militaire turque dans le nord de la Syrie, se sont abstenus d'imposer un embargo à l'échelle de l'UE sur les exportations d'armes vers la Turquie, un pays membre de l'OTAN. Ils se sont simplement contentés d'une limitation des livraisons d'armements à la Turquie. Le fait que la Turquie soit membre de l'OTAN, comme la plupart des pays de l'UE, rendait impossible de facto de lui imposer un embargo, a expliqué un haut responsable européen. Et l'UE ne peut décider pour des compétences qui relèvent de la souveraineté des Etats, a-t-il précisé.

Ankara a commandé 600 millions d'armes à Paris sur 10 ans

Entre 2015 et fin 2018, la Commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG) a autorisé 460 nouvelles licences à destination de la Turquie (hors prorogation). Entre 2009 et 2018, la France a reçu de la Turquie, qui fait partie des quinze premiers exportateurs mondiaux de ventes d'armes, près de 600 millions d'euros de commandes (594,5 millions). Sur la même période, les industriels français ont livré pour 461,7 millions d'euros de matériels militaires à Ankara. Ce qui en fait un importateur d'armes tricolores modeste.

"C'est vrai, ce pays n'est pas parmi ceux avec lesquels nous commerçons le plus", a convenu Florence Parly lors de son audition au Sénat. D'où la relative facilité de la France à suspendre l'exportation des armements vers la Turquie. "Quant à la position de la France, je dois vous faire part de ma déception. L'annonce de la suspension des exportations a peu de portée, vu qu'il s'agissait d'un montant de l'ordre de 45 millions d'euros seulement. Cette séquence démontre malheureusement que la France n'est plus un acteur qui pèse dans cette région", a déploré le sénateur de l'Eure, Ladislas Poniatowski (Les Républicains).

La suspension des exportations vers la Turquie "conduit à suspendre tout projet d'exportation vers ce pays. Nous verrons ensuite comment les choses évoluent. Cet État a mené une attaque unilatérale ; son offensive est susceptible de ruiner tous les efforts de la communauté internationale, et de la France, dans la lutte contre Daech, un ennemi qui a frappé directement notre pays", a rappelé la ministre des Armées.

Michel Cabirol

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Commentaires 8
à écrit le 22/10/2019 à 16:40
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Quid des pièces produites par la Turquie sur l a400m ? Airbus a communiqué récemment avant l embargo sur des milliards d investissement dans ce pays!! Business as usual

à écrit le 22/10/2019 à 13:42
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Bonjour, cette obstination d'Erdogan vis à vis des kurdes est inquiétante car elle compromet les solutions les plus politiques et les plus pacifiques. Cela indique aussi que de plus en plus de pays estime que la meilleur manière de résoudre un diffé...

le 22/10/2019 à 15:30
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Cette "obstination" n'est pas vis à vis des KURDEs mais contre l'YPG/PKK. Quand vous l'aurez compris, vous aurez tout compris (Merci FREE)...

le 22/10/2019 à 15:30
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Cette "obstination" n'est pas vis à vis des KURDES mais contre l'YPG/PKK. Quand vous l'aurez compris, vous aurez tout compris (Merci FREE)...

le 22/10/2019 à 17:22
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Il faut remettre l'église au milieu du village. Les kurdes ont le droit de demandé un état et ils doivent se battre politiquement pour ça. S'ils prennent les armes, dans ce cas c'est du terrorisme, et la Turquie est légitime pour les éliminer. Ensu...

à écrit le 22/10/2019 à 12:07
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" cet état a mené une attaque unilatérale " Diable, un pays qui décide d'agir tout seul, en fonction de ses propres intérêts, c'est vrai qu'en France on avait perdu l'habitude. Et encore une fois, on ne leur vend et leur a jamais rien vendu, alors ...

à écrit le 22/10/2019 à 11:58
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...et toutes les Renault Clio sont fabriquées en Turquie (avec qlq autres Renault: Mégane break, etc.). Bravo Renault...

à écrit le 22/10/2019 à 11:45
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L'UE pourrait la stopper nette en la boycottant financièrement surtout, enfin en la menaçant auparavant bien entendu. Bon ok je fais comme si l'UE existait mais faut bien hein, pas le choix...

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