La consolidation des chantiers navals militaires allemands étaient attendue. Elle est désormais en marche. Lürssen et German Naval Yards Kiel (GNYK) ont réussi à trouver un accord historique cette semaine en vue de se rapprocher au sein d'une société commune, laissant pour le moment (?) à quai ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), qui faisait partie des négociations. Cette société sera dirigée par Lürssen, un groupe familial basé à Brême et qui construit des navires de guerre et des yachts de luxe. Il est à noter que les industriels allemands n'ont eu aucun état d'âme à se renforcer sur le plan national.
Les modalités du rapprochement entre Lürssen Group et GNYK (groupe Privinvest), propriété du milliardaire Iskandar Safa, qui possède également le chantier naval français CMN (hors du périmètre de l'opération), ne sont pas connues précisément. Mais l'objectif du rapprochement coule de source : renforcer l'efficacité des chantiers allemands à l'export et améliorer la structure des coûts afin de mieux satisfaire le client allemand. Cette opération, très fortement poussée par les autorités allemandes, reste encore soumise aux autorités de la concurrence.
Électrochoc
Le succès du chantier naval néerlandais Damen sur le projet de la marine allemande de frégates lourdes MKS-180 pourrait être un électrochoc salvateur pour l'industrie navale militaire germanique, aujourd'hui classée comme technologie clé par le gouvernement allemand dans le cadre du document de stratégie pour le renforcement de l'industrie allemande dans le domaine de la sécurité et de la défense. D'ailleurs, les négociations se sont déroulées avec l'appui et la participation de Norbert Brackmann, le coordinateur des dossiers navals pour le gouvernement allemand, qui a soutenu ce projet. Cette nouvelle entité va bénéficier d'une loi en vigueur depuis le 2 mai dernier exemptant d'appels d'offres les projets défense et sécurité jugés sensibles, dont les programmes navals.
L'Europe de l'industrie naval militaire se divise en deux. D'un côté, les chantiers navals privés se regroupent au nord de l'Europe ; de l'autre côté au sud de l'Europe, les chantiers navals étatiques se sont rapprochés (Naval Group et Fincantieri). Mais TKMS pourrait rapprocher les deux Europe. En parallèle des discussions menées avec Lürssen et GNYK, le groupe allemand négocie un rapprochement avec Fincantieri, pourtant déjà allié avec Naval Group. Les pourparlers avec le chantier naval italien portent sur l'hypothèse d'une coentreprise à 50-50 qui réaliserait un chiffre d'affaires combiné de quelque 3,4 milliards d'euros. Fincantieri apporterait ses activités de défense, qui ont généré un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros l'an dernier.
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