On savait que la construction de la loi de programmation militaire (LPM) a été d'une complexité folle pour caser le maximum d'équipements militaires en dépit de la très forte hausse des crédits budgétaires (400 milliards d'euros + 13 milliards de recettes extra-budgétaires). Et chaque jour livre petits et grands secrets de son élaboration. Ainsi, si la marine nationale embarquera en principe à l'horizon 2037/2038 sur le porte-avions de nouvelle génération (PA-Ng), ce sera grâce à un effort inédit et sans précédent des industriels concernés (notamment Naval Group, les Chantiers de l'Atlantique...).
Dans une interview au quotidien Le Parisien, Sébastien Lecornu avait indiqué le 1er avril que le gouvernement allait « enclencher définitivement le début de sa réalisation fin 2025/début 2026 ». « Les sociétés Naval Group, Technicatome et les chantiers de l'Atlantique pourront démarrer sa construction », avait alors précisé le ministre, qui prévoyait que « les essais à la mer devront avoir lieu en 2036-2037 ».
Les industriels, qui participent au programme PA-Ng, vont autofinancer 1 milliard d'euros pour lancer la construction du PA-Ng dès l'horizon fin 2025/début 2026, selon des sources concordantes. « Ils n'ont pas eu le choix », explique-t-on à La Tribune. Sur la période de la LPM (2024-2030), le porte-avions doit bénéficier d'un besoin de financement de 5 milliards d'euros.
Une avance de trésorerie
Interrogé par La Tribune, le ministère des Armées précise que les industriels feront une avance de trésorerie. Si chacun d'eux devra verser sa quote-part, Technicatome ne devrait pas être concerné par cette avance. Selon le rapport annexé de la LPM, le PA-Ng sera conduit pour garantir la pérennité des compétences « propulsion nucléaire » avec « une attention particulière portée sur la conception et la fabrication des nouvelles chaufferies K22 puis assurer une transition maitrisée avec le porte-avions Charles de Gaulle ».
Ce financement du futur porte-avions de la Marine nationale a récemment été validé à l'occasion d'un conseil de défense. « Les besoins de financement pour le nouveau porte-avions dans la future LPM sont cohérents et prévus pour la bonne exécution de sa construction », souligne-t-on au ministère.
Participation des industriels au risque
Au final, le ministère versera bien 5 milliards d'euros aux industriels. « Il ne manque aucun milliard : nous avons juste décidé de les étaler différemment dans la programmation comme l'aurait sûrement demandé n'importe quel client à l'export », explique-t-on au ministère. Et de préciser que « nous considérons que cette mise en tension va également permettre de mieux rationaliser les coûts terminaux » du programme. Car « le modèle de financement ne présentait jusqu'à présent aucun risque pour les entreprises ».
Ainsi, explique le ministère, grâce à cette nouvelle façon de procéder du ministère, le PANG a pu devenir « désormais irréversible ». Et selon le ministère, il est « donc normal de demander aux entreprises de rentrer dans le risque ». Après les étalements de certains programmes (notamment Scorpion) dans le cadre de la LPM, le ministère va également demander des efforts aux industriels...
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