Avril, le géant français de l'agroalimentaire investit fortement pour doper sa rentabilité

Le 5e groupe agroalimentaire français, présidé par le patron de la FNSEA, compte augmenter nettement sa rentabilité, en investissant massivement. Pourtant, le chiffre d'affaires et la rentabilité ont diminué en 2023.
Giulietta Gamberini
Le pôle industriel consacré à la grande consommation (connu pour des marques d'huiles telles que Lesieur et Puget etc.) a souffert en 2023, à cause de la détérioration du pouvoir d'achat des consommateurs.
Le pôle industriel consacré à la grande consommation (connu pour des marques d'huiles telles que Lesieur et Puget etc.) a souffert en 2023, à cause de la détérioration du pouvoir d'achat des consommateurs. (Crédits : Reuters)

1,5 milliard d'euros. C'est le montant que le géant français de l'agroalimentaire Avril, compte investir d'ici à 2030, « sans acquisitions ». Un levier qui doit permettre de booster les bénéfices du producteur français d'huiles et d'agrocarburant, lequel vise à d'atteindre à cet horizon un Ebitda (bénéfices avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement, Ndlr), de 550 millions d'euros, contre 341 millions d'euros dégagés en 2023. Comme l'a rappelé ce mercredi Jean-Philippe Puig, lors de la présentation des résultats et de la stratégie d'Avril à la presse, cet indicateur est clé «puisqu'il exprime la performance économique du groupe et permet de générer du cash pour sa stratégie de croissance.»

Pour augmenter l'Ebitda de plus de 200 millions d'ici à la fin de la décennie, Avril mise sur cinq « axes transverses ». Y figurent le développement de solutions décarbonées, d'offres à plus forte valeur ajoutée pour les clients, des protéines végétales, mais aussi un renforcement de la compétitivité et de la diversification des activités et géographies, afin d'être présent là où se trouve le marché, explique Jean-Philippe Puig.

Une baisse des prix et des volumes

Après une année 2022 exceptionnelle, en raison de l'explosion des prix de l'alimentation et de l'énergie, principaux produits du groupe, les résultats d'Avril, présidé par le président du syndicat agricole Fnsea, Arnaud Rousseau, ont reculé en 2023. Le chiffre d'affaires, qui avait atteint 9 milliards en 2022, est tombé à 7,9 milliards.

Une diminution provoquée par la baisse de la plupart des prix alimentaires, mais aussi des volumes, reconnaît son directeur administratif et financier , Aymeric Mongeaud. Deux des quatre pôles industriels du groupe ont notamment souffert : celui consacré à l'oléochimie, à cause du ralentissement économique et de la baisse de la demande des gros clients industriels, ainsi que celui consacré à la grande consommation (connu pour des marques d'huiles telles que Lesieur et Puget etc.), à cause de la détérioration du pouvoir d'achat des consommateurs.

Les fonds propres du groupe continuent de se remplir

Le chiffre d'affaires reste toutefois supérieur à celui de 2021, de 6,9 milliards d'euros. Et en 2023, les deux autres pôles industriels d'Avril ont continué de tirer leur épingle du jeu. C'est le cas de celui consacré à l'achat et à la transformation de graines, jusqu'à la valorisation énergétique, puisque la demande d'énergie décarbonée ne s'est pas tarie, explique Jean-Philippe Puig. Mais c'est le cas aussi du pôle axé sur l'élaboration de produits et solutions pour le monde agricole, qui a réalisé sa meilleure performance depuis cinq dernières années. Et ce aussi en nutrition animale, et malgré une diminution des animaux élevés, souligne le directeur général.

A ce facteur encourageant s'en ajoutent quelques autres. L'Ebitda de 2023, bien qu'en baisse par rapport non seulement à 2022 (lorsqu'il avait atteint 583 millions d'euros ), mais aussi à 2021 (356 millions d'euros), dépasse néanmoins l'objectif fixé en 2018 ( 300 millions d'euros).

Le résultat net positif de 2023, à 39 millions d'euros, certes bien inférieur à celui de 2021 (150 millions d'euros) et 2022 (218 millions d'euros) « permet en outre de continuer de remplir les fonds propres du groupe », qui ne verse pas de dividendes mais réinvestit tous ses bénéfices, note Aymeric Mongeaud.

« Une bonne marge de manœuvre pour continuer à investir »

2023 a d'ailleurs déjà été une année de forts investissements, souligne le directeur financier : Avril a investi près de 450 millions d'euros, dont 350 (un record). 80 millions d'euros ont été utilisés pour acquérir diverses sociétés. Une trentaine de millions ont aussi été dépensé par le pôle incubation du groupe, « qui développe les relais de croissance de l'avenir ».

Et avec une dette nette maîtrisée (le ratio dette nette sur Ebitda est 1,15, « Avril conserve une bonne marge de manœuvre pour continuer à investir », note Jean-Philippe Puig.

Le directeur général précise que malgré leurs résultats hétérogènes en 2023, Avril continuera d'ailleurs d'investir dans l'ensemble de ses business.

« Même dans celles les moins performantes, en effet, non seulement nous sommes parvenus à conserver nos marges, mais nous n'avons pas non plus perdu de parts de marché », analyse le directeur général, y voyant un autre « élément d'optimisme », et attendant le « redémarrage de la consommation ».

Giulietta Gamberini

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Commentaires 2
à écrit le 11/04/2024 à 9:33
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On comprends mieux la position de ce multi millionnaire lors de la dernière manifestation des agriculteurs

à écrit le 11/04/2024 à 8:24
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"Le 5e groupe agroalimentaire français, présidé par le patron de la FNSEA" Seulement le 5 ème groupe et le gars gagne déjà 180000 euros par mois ! Ah c'est bankable l'agro-industrie ! Il doit bosser comme un acharné c'est sûr ! LOL ! ^^

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